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La Liberté guidant le peuple taguée

9FK-1830-7-27-A2-B Delacroix, Die Freiheit fuehrt das Volk Delacroix, Eugene 1798-1863. 'Die Freiheit fuehrt das Volk', 1830. (Allegorie auf die Julirevolution 1830, mit Selbstbildnis). Oel/Lw., 260 x 325 cm. R.F. 129 Paris, Musee du Louvre. E: Delacroix / Liberty leading the People Delacroix, Eugene 1798-1863. 'Liberty leading the People', 1830. (Allegory of the July Revolution 1830, with Self-portrait.) Oil on canvas, 360 x 225cm. Photo (c) AKG London / Erich Lessing. Paris, Musee du Louvre. F: Delacroix, La liberte guidant le peuple Delacroix, Eugene 1798-1863. 'La liberte guidant le peuple', 1830. (Allegorie de la revolution de Juillet 1830 , avec un autoportrait). Huile sur toile, H. 3,60 , L. 2,25. Paris, Musee du Louvre. ORIGINAL: Le 28 Juillet, la Liberte guidant le peuple. July 28th 1830, Liberty guides the people. Oil on canvas, 260 x 325 cm. Painted 1830. R.F. 129 Louvre,Dpt.des Peintures, Paris, France
Delacroix, Eugène (1798-1863), La liberte guidant le peuple, 1830
(Allegorie de la revolution de Juillet 1830 , avec un autoportrait).
Huile sur toile,
H. 3,60 , L. 2,25.
Paris, Musee du Louvre / Lens, Louvre-Lens

Je tiens à vous prévenir, cet article est un coup de gueule et pas un article expliquant en détail ce qu’est et ce que raconte cette peinture d’Eugène Delacroix.


La Liberté guidant le peuple n’est pas, à mes yeux, n’importe quel tableau. Ceci est un des tableaux les plus emblématiques de ce qu’a pu être la France et de ce qu’elle devrait toujours chercher à être : une nation qui n’hésita pas à faire valoir ses droits et à les déclarer haut et fort. La France devint la nation des Droits de l’Homme grâce à ses révolutionnaires. Ça n’est pas rien.

Delacroix dépeint ici ni plus ni moins que la Liberté elle-même, personnifiée en cette femme portant le bonnet phrygien (symbole des révolutionnaires), guidant le peuple. J’insiste : la Liberté, donc, au même niveau que le peuple et le guidant. Vous voyez où je veux en venir ? Nos valeurs (« Liberté, égalité, fraternité ») sont mises en image dans ce tableau. Il est un symbole à lui seul de ce que notre pays dit être (même si, malheureusement, il ne l’est pas toujours…) : un pays où chacun naît libre et égaux en droit.

Ceci est loin d’être un tableau dépourvu de sens. C’est un tableau primordial que chacun devrait respecter au plus haut point et que bon nombre de gens, aujourd’hui, ne connaissent pas ou ignorent bêtement. Un tableau qui dépeint une période de notre histoire que peuvent bien critiquer les bons penseurs d’aujourd’hui et tous ces gens qui voudraient refaire le procès de nos têtes couronnées, voire les remettre au pouvoir (j’aimerais tant vous voir transportés à l’époque ! Comme je rirais de bon cœur !) : il est la preuve qu’un jour le peuple a su dire « Non » de façon ferme et franche à un pouvoir totalitariste afin que nos petites têtes blondes puissent aujourd’hui toutes se la péter avec un iPhone à la main en cour de récréation.

La Révolution ne se résume pas seulement à la guillotine et à la Terreur, comme beaucoup le croient ou essaient de le faire croire. La Révolution a surtout mis fin à un système injuste, au sein duquel seule une très petite part de la population (la Noblesse) s’octroyait tous les pouvoirs, toute la liberté au profit des autres (le Peuple).
On peut douter, aujourd’hui, au vu des disparités générées par notre système économique (des riches de plus en plus riches, des pauvres de plus en plus pauvres et, surtout, de plus en plus nombreux à être pauvres), que les choses se soient véritablement arrangées avec le temps, mais il n’empêche que c’était bien là l’idée première des Révolutionnaires.

La Liberté, bon sang ! Combien de ces têtes blondes savent encore ce qu’elle signifie vraiment ? Eux, pendus à longueur de journée sur les réseaux sociaux ou le nez collé à l’écran de leur téléviseur à regarder des conneries sur TF1… Et leurs parents avec eux ! En seriez-vous là, si la Révolution n’avait jamais eu lieu ? Auriez-vous vos congés payés pour partir à la montagne chaque hiver et à la plage chaque été, permettant ainsi à tous les JT de titrer sur les pauvres naufragés de la route pendant que d’autres meurent de faim et de froid dans la rue ? Pourriez-vous seulement critiquer librement cet état de fait si nous vivions toujours dans un état totalitaire ? Je rage quand je lis des tweets ou des statuts Facebook stupides, jurant que notre gouvernement actuel est une dictature… Imbéciles ! Le gouvernement est bien des choses mais une dictature… Ne serait-ce que par respect pour les gens qui vivent encore bel et bien, de nos jours, sous le joug de dictateurs ou de régimes totalitaires, TAISEZ-VOUS DONC. (Sachant que s’il vous arrivait effectivement de dire ça à une personnes parlant effectivement du gouvernement de Français Hollande en ces termes, on vous rétorquerait « Vous voyez ! Vous êtes les suppôts de la dictature en place ! » Parce que ces gens ne réfléchissent pas plus loin que le bout de leur nez et sont d’une extrême mauvaise fois.)

Bref.
L’éducation va mal. Elle va mal dans les écoles et elle va mal dans les familles.
Et parmi ces familles, voilà même que certaines n’hésitent plus à nous pondre des discours dégueulasses à propos du « mariage pour tous » et à mettre leurs enfants en première ligne, dans des situations qu’ils ne sont absolument pas en âge de comprendre par eux-mêmes. Tout ça contre un droit ! Une foutue Liberté !

Comment peut-on encore supporter l’inculture grandissante dans laquelle nous baignons de plus en plus ? Et, plus encore, cette désinvolture avec laquelle certains traitent le sujet : « Oh.. C’est comme ça. C’est l’époque qui veut ça. » Mais oui, restons là, les bras croisés, à compter le moindre de nos centimes, les nôtres, notre propriété, nous, individualistes, pas les autres, eux peuvent bien crever. Non, voyez-vous, le monde ne se construit pas ainsi. Ca n’a jamais été le cas. Même les hommes préhistoriques l’avaient déjà bien compris : un groupe est fort, l’homme seul meurt. Et un homme seul et stupide encore plus vite que les autres.

J’enrage…

Aujourd’hui, La Liberté guidant le peuple a été taguée. La Liberté salie. Malmenée. Oubliée. Un jour, ce sont des bêtises de cet ordre aussi qui finiront par nous la coûter véritablement. Petit à petit, comme grignotée par les obèses insatiables que nous sommes tous devenus ou en passe de devenir. Bravo !…

Ce geste me met en colère. Il me révolte. Et je suis d’autant plus triste qu’il se soit produit dans ma région.

L’Arbre d’Usinor

Pour la petite histoire, je vis dans le Nord de la France, une région particulièrement touchée par le chômage et les fermetures d’usines depuis maintenant plusieurs décennies. Le Nord-Pas-de-Calais était pourtant une puissante région ouvrière avant son déclin. Notamment dans les domaines des mines et de la sidérurgie. Mais les mines, tout comme les grandes usines, ont aujourd’hui fermé leurs portes.

La fermeture d’Usinor fut, en particulier, très marquante pour la région. Usinor était un groupe sidérurgique français fondé en 1948. Il a fusionné, en 1986, avec Sacilor et le 18 février 2002 avec l’espagnol Aceralia et le luxembourgeois Arbed pour former le groupe européen Arcelor qui, aujourd’hui, pose encore problème aux ouvriers sidérurgiques de Lorraine (je ne m’attarde pas davantage sur le sujet, l’actualité parle malheureusement d’elle-même).
La fermeture d’Usinor, à l’époque, fit entrer le secteur que j’habite dans une phase de précarité de plus en plus forte (chômage, pauvreté, fermeture des commerces qui dépendaient du bon fonctionnement de l’usine, etc). Aujourd’hui, je vis près d’une des villes les plus pauvres de France et les choses ne semblent pas prêtes de s’arranger. La désillusion est partout. Et le pire, c’est qu’elle semble se transmettre de génération en génération. Mon sentiment, c’est que tout résonne autour de moi comme un « à quoi bon ? »

Cela me rappelle les mots de l’artiste Ernest Pignon-Ernest qui, au sujet d’une de ses œuvres, réalisée pour la ville de Calais en 1975, livre ce témoignage :

guillemet« Débarquer dans une ville et, simplement, poser un regard dessus. On m’avait conseillé d’assister au pointage des chômeurs à l’ANPE dans les sous-sols de la mairie. Un conseiller municipal m’avait prévenu : « Ici, le sentiment de résignation, il est dans les chromosomes ». Les Bourgeois de Calais de Rodin, scène archétype du renoncement, reste en effet omniprésente, au point qu’il est rare qu’une image imprègne de la sorte la conscience collective d’une cité. »

(Source : Site officiel de l’artiste)

C’est pourquoi dans le cadre d’un projet nommé G.S.M.,  encadré par mon université, j’ai choisi de travailler à partir d’une sculpture nommée « L’Arbre d’Usinor », située à Valenciennes. C’est une sculpture d’acier mesurant 6m pour une largeur équivalente et un poids total de 13 tonnes et qui a été entièrement fabriqué dans les ateliers d’Usinor (1981) avant les fermetures dans toute la région.
Elle fut montrée à Dusseldorf (Allemagne) dans le cadre de l’exposition européenne de la sidérurgie dans les années 80, preuve de la maîtrise des ouvriers l’ayant conçue. Elle sera finalement offerte à la ville de Valenciennes mais cela ne modifiera pas le destin funeste de l’entreprise. Surnommée « l’arbre de l’espoir » au moment de son installation, elle semble aujourd’hui n’être plus que le souvenir d’une époque révolue. Beaucoup de gens prennent aujourd’hui cette installation pour une quelconque œuvre d’art moderne ou contemporain abstraite à laquelle ils ne comprennent rien.

Arbre d'Usinor

Pourtant, cette sculpture n’est pas non plus, à mes yeux, un simple monument commémoratif. C’est également le symbole d’une époque, d’une société qui va mal et je n’y vois pas que la fermeture de cette usine mais une région délaissée, maltraitée, image d’un monde qui tourne mal. Son oubli, son délaissement est aussi significatif que sa réalisation, que sa raison d’être initiale.

Actuellement, il n’existe aucune source d’information concernant ce monument sur internet. Or, c’est un média important dans mon travail plastique puisqu’il est à la base de tout ce que je raconte dans mes peintures, dessins et autres créations numériques. Aucune information au sujet de cet Arbre ne sont trouvables sur l’outil d’information le plus utilisé à l’heure actuelle, ce qui veut dire une totale méconnaissance de cette œuvre… voire un oubli complet de son existence et de sa raison d’être.

Elle a pourtant été réalisée par les ouvriers métallurgistes du Nord (une profession ô combien difficile, aujourd’hui globalement oubliée mais qui a été, avec celles des mineurs, l’une des principales à faire vivre la région après la Seconde Guerre Mondiale et à relever notre pays tout entier, alors à genoux face aux nombreuses destructions). Chaque jour, des dizaines, voire des centaines de voitures passent devant sans même remarquer cette sculpture. Elle est pourtant placée sur un des ronds points d’entrée de la ville de Valenciennes, et pourrait attirer l’œil. Si seulement elle n’était pas perdue au milieu des vrais arbres qui, eux, grandissent, prennent de la place et, finalement, le rendent invisibles par leur feuillage. Un arbre perdu parmi tant d’autres ? Je trouve la coïncidence significative. Le temps passe et les blessures deviennent des cicatrices. Elles ne nous font plus vraiment mal alors on les oublie, même si on les a sous le nez chaque matin dans la douche. On finit par ne plus comprendre d’où vient cette démangeaison agaçante qui pourrit nos journées. C’est elle, l’ancienne blessure qu’on pensait pouvoir oublier.

J’ai, pour le moment, réalisé deux dessins qui pourront servir de base à mon travail plastique concernant cette sculpture. J’ai essayé de trouver une façon de démontrer l’oubli et, parallèlement, j’ai cherché à rappeler la présence des métallurgistes dans ce monument. J’espère que ces croquis donneront lieu à la création de peintures, par la suite. Et surtout à un plus vaste projet.

L’Arbre d’Usinor
Aquarelle, encre, crayons de couleurs

Arbre d'Usinor

Arbre d'Usinor

Le Louvre Lens et sa galerie du temps

Léonard de Vinci, La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne 1503 - 1519, Huile sur bois, 168 x 130 cm Musée du Louvre, Paris
Léonard de Vinci, La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne
1503 – 1519, Huile sur bois, 168 x 130 cm
Musée du Louvre, Paris

Comme vous le savez peut-être, le Louvre vient de s’exporter à Lens, tout près de chez moi. Autant vous dire que je suis joie et bonheur, d’autant plus que de nombreux chefs-d’œuvre ont été transportés dans ce nouveau musée, pour l’occasion (notamment, le tableau représentant Saint-Anne, Marie et Jésus de Léonard de Vinci, qui m’a toujours fasciné, ou encore La Liberté guidant le peuple de d’Eugène Delacroix, ainsi que des œuvres datant de l’Egypte Ancienne dont je suis une grande admiratrice depuis ma plus tendre enfance).

François Boucher, Le Nid, dit aussi Le Présent du berger Huile sur toile, 110 x 158 cm, Louvre-Lens
François Boucher, Le Nid, dit aussi Le Présent du berger
Huile sur toile, 110 x 158 cm,
Louvre-Lens
Statuette, dite "l’Adorant de Larsa", représentant le roi Hammurabi de Babylone en prière devant le dieu Amurru  Origine : Larsa, Mésopotamie (Irak actuel) Vers 1760 avant J.C.
Statuette, dite « l’Adorant de Larsa », représentant le roi Hammurabi de Babylone en prière devant le dieu Amurru
Origine : Larsa, Mésopotamie (Irak actuel)
Vers 1760 avant J.C.

Mais le Louvre-Lens s’ouvre surtout sur une particularité à nul autre pareil et c’est ce qui est d’autant plus intéressant, pour moi, dans ce nouveau musée. La façon dont il a été conçu est novatrice et elle risque d’en dérouter plus d’un car les œuvres ne sont pas présentées de la même façon que dans les autres musées des Beaux Arts.
Je vous dis cela car j’ai eu l’occasion de discuter avec des visiteurs de ce musée et il est intéressant de constater que tous avaient été troublés par cette disposition et la plupart ne l’avait pas comprise ! Parmi ces visiteurs, il y avait pourtant des étudiants en Arts ou en Histoire qui avaient l’habitude de visiter des musées assez différents les uns des autres.

C’est pourquoi j’ai envie de vous présenter un peu le fonctionnement et l’intérêt de la présentation des œuvres au Louvre-Lens !

La Galerie du Temps

Le Louvre-Lens fonctionne autour d’une grande galerie principale, surnommée « La galerie du temps ». A travers elle, on chemine entre les œuvres de toutes les époques et l’on peut constater quelle a été l’évolution de l’Art et, avec elle, celle de l’Humanité à travers le temps.

Raphaël, Portrait de Dona Isabel de Requesens, vice-reine de Naples (1509-1522), dit autrefois Portrait de Jeanne d’Aragon Vers 1518, Peinture à l'huile, 95 x 120 cm Louvre-Lens
Raphaël, Portrait de Dona Isabel de Requesens, vice-reine de Naples (1509-1522), dit autrefois Portrait de Jeanne d’Aragon
Vers 1518, Peinture à l’huile, 95 x 120 cm
Louvre-Lens

Raconter notre Histoire à tous

La déesse Bastet sous sa forme de chatte Origine : Egypte Vers 650-350 avant J.C.
La déesse Bastet sous sa forme de chatte
Origine : Egypte
Vers 650-350 avant J.C.

Quel est l’intérêt de la Galerie du Temps ?
On commence le voyage avec des œuvres de l’époque sumérienne. Autant vous dire que, depuis, les conditions de vie (sociales, politiques, théologiques, philosophiques…) ont considérablement évolué ! Or, au Louvre (celui de Paris) comme dans la plupart des autres musées des Beaux Arts, les œuvres sont habituellement séparées, classées par périodes, par mouvements artistiques, voire par pays d’origine. Cela ne permet pas de constater efficacement l’évolution globale qu’a connu l’Humanité.

Elle est pourtant bien visible dans une galerie comme celle imaginée au Louvre-Lens. Cela nous permet notamment de mieux comprendre le monde dans lequel nous évoluons aujourd’hui et de constater à quel point notre histoire est commune.

Lambert Sustris, Vénus et l'Amour, Vers 1550 Huile sur toile, 132 x 184 cm Louvre-Lens
Lambert Sustris, Vénus et l’Amour, Vers 1550
Huile sur toile, 132 x 184 cm
Louvre-Lens

Bref. Voilà une très bonne idée qui, j’espère, saura toucher un large public autant que moi !

Voici quelques photographies de cette fameuse galerie :


Sources :
Site Officiel du Louvre-Lens