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Le Louvre Lens et sa galerie du temps

Léonard de Vinci, La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne 1503 - 1519, Huile sur bois, 168 x 130 cm Musée du Louvre, Paris
Léonard de Vinci, La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne
1503 – 1519, Huile sur bois, 168 x 130 cm
Musée du Louvre, Paris

Comme vous le savez peut-être, le Louvre vient de s’exporter à Lens, tout près de chez moi. Autant vous dire que je suis joie et bonheur, d’autant plus que de nombreux chefs-d’œuvre ont été transportés dans ce nouveau musée, pour l’occasion (notamment, le tableau représentant Saint-Anne, Marie et Jésus de Léonard de Vinci, qui m’a toujours fasciné, ou encore La Liberté guidant le peuple de d’Eugène Delacroix, ainsi que des œuvres datant de l’Egypte Ancienne dont je suis une grande admiratrice depuis ma plus tendre enfance).

François Boucher, Le Nid, dit aussi Le Présent du berger Huile sur toile, 110 x 158 cm, Louvre-Lens
François Boucher, Le Nid, dit aussi Le Présent du berger
Huile sur toile, 110 x 158 cm,
Louvre-Lens
Statuette, dite "l’Adorant de Larsa", représentant le roi Hammurabi de Babylone en prière devant le dieu Amurru  Origine : Larsa, Mésopotamie (Irak actuel) Vers 1760 avant J.C.
Statuette, dite « l’Adorant de Larsa », représentant le roi Hammurabi de Babylone en prière devant le dieu Amurru
Origine : Larsa, Mésopotamie (Irak actuel)
Vers 1760 avant J.C.

Mais le Louvre-Lens s’ouvre surtout sur une particularité à nul autre pareil et c’est ce qui est d’autant plus intéressant, pour moi, dans ce nouveau musée. La façon dont il a été conçu est novatrice et elle risque d’en dérouter plus d’un car les œuvres ne sont pas présentées de la même façon que dans les autres musées des Beaux Arts.
Je vous dis cela car j’ai eu l’occasion de discuter avec des visiteurs de ce musée et il est intéressant de constater que tous avaient été troublés par cette disposition et la plupart ne l’avait pas comprise ! Parmi ces visiteurs, il y avait pourtant des étudiants en Arts ou en Histoire qui avaient l’habitude de visiter des musées assez différents les uns des autres.

C’est pourquoi j’ai envie de vous présenter un peu le fonctionnement et l’intérêt de la présentation des œuvres au Louvre-Lens !

La Galerie du Temps

Le Louvre-Lens fonctionne autour d’une grande galerie principale, surnommée « La galerie du temps ». A travers elle, on chemine entre les œuvres de toutes les époques et l’on peut constater quelle a été l’évolution de l’Art et, avec elle, celle de l’Humanité à travers le temps.

Raphaël, Portrait de Dona Isabel de Requesens, vice-reine de Naples (1509-1522), dit autrefois Portrait de Jeanne d’Aragon Vers 1518, Peinture à l'huile, 95 x 120 cm Louvre-Lens
Raphaël, Portrait de Dona Isabel de Requesens, vice-reine de Naples (1509-1522), dit autrefois Portrait de Jeanne d’Aragon
Vers 1518, Peinture à l’huile, 95 x 120 cm
Louvre-Lens

Raconter notre Histoire à tous

La déesse Bastet sous sa forme de chatte Origine : Egypte Vers 650-350 avant J.C.
La déesse Bastet sous sa forme de chatte
Origine : Egypte
Vers 650-350 avant J.C.

Quel est l’intérêt de la Galerie du Temps ?
On commence le voyage avec des œuvres de l’époque sumérienne. Autant vous dire que, depuis, les conditions de vie (sociales, politiques, théologiques, philosophiques…) ont considérablement évolué ! Or, au Louvre (celui de Paris) comme dans la plupart des autres musées des Beaux Arts, les œuvres sont habituellement séparées, classées par périodes, par mouvements artistiques, voire par pays d’origine. Cela ne permet pas de constater efficacement l’évolution globale qu’a connu l’Humanité.

Elle est pourtant bien visible dans une galerie comme celle imaginée au Louvre-Lens. Cela nous permet notamment de mieux comprendre le monde dans lequel nous évoluons aujourd’hui et de constater à quel point notre histoire est commune.

Lambert Sustris, Vénus et l'Amour, Vers 1550 Huile sur toile, 132 x 184 cm Louvre-Lens
Lambert Sustris, Vénus et l’Amour, Vers 1550
Huile sur toile, 132 x 184 cm
Louvre-Lens

Bref. Voilà une très bonne idée qui, j’espère, saura toucher un large public autant que moi !

Voici quelques photographies de cette fameuse galerie :


Sources :
Site Officiel du Louvre-Lens

Jason de Caires Taylor : L’Atlantide sculptée

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler des oeuvres de Jason de Caires Taylor.

    Jason deCaires Taylor entouré de ses sculptures avant qu'elles ne soient immergées.
Jason deCaires Taylor entouré de ses sculptures avant qu’elles ne soient immergées.

Cet artiste anglais réalise des sculptures qui sont ensuite immergées  dans ce qu’il appelle parfois des parcs à sculptures sous-marines (underwater sculpture park).
Il fonde le premier de ces parcs en 2006, dans les Antilles. Un parc que National Geographic répertorie parmi les 25 merveilles du monde actuel.
Sa dernière création, surnommée MUSA (Museo de Arte Subacuatico ou, en français, Musée d’Art Sous-marin ou Subaquatique), est un musée monumental regroupant plus de 500 de ses sculptures. Il se situe au large des côtés de Cancun au Mexique et le magazine Forbes le décrit comme l’une des destinations de voyages les plus uniques au monde.

Ces créations sont d’abord conçues sur la terre ferme, bien évidemment, puis elles sont placées sous l’eau afin de devenir de véritables sanctuaires de la vie marine.

Il faut dire que Taylor est non seulement un artiste (il est diplômé de l’Insitut des Arts de Londres, spécialité sculpture) mais il a également été instructeur de plongée sous-marine. Ce second métier lui a valu d’être primé pour ses photographies sous-marines.
C’est d’ailleurs essentiellement grâce à des photos sous-marines que nous pouvons découvrir ses sculptures immergées aujourd’hui.

Comme on peut le constater sur certaines de ses photographies, le corail, notamment, se développe avec plaisir sur ces statues.
Aussi, l’image est très belle ; elle nous montre une réconciliation symbolique entre l’homme et la mer ; entre l’homme et la nature. Ca n’est plus l’homme qui exploite la mer, ici, c’est la mer qui utilise l’homme, de façon naturelle, pour continuer à exister et à se développer.

The Silent Evolution Profondeur 8m, MUSA Collection, Cancun/Isla Mujeres, Mexico.
The Silent Evolution
Profondeur 8m,
MUSA Collection, Cancun/Isla Mujeres, Mexico.

La ronde de statues me semble particulièrement parlante et forte. En effet, n’oublions pas que l’eau a été notre première mère ; c’est dans l’eau que les premières formes de vies primitives de notre planète se sont développées. Immerger des statues de cette façon, c’est un peu revenir aux sources ; cette fois, c’est la mer – ou, plus exactement, tout son écosystème – qui peut se nourrir en « s’agrippant » à ces corps sculptés et y vivre.

Le travail de cet artiste est à la fois très poétique et très efficace. Et il a le mérite de marquer les esprits. De fait, n’est-il pas étrange, voire perturbant, de voir ces corps immergés dans l’eau ? L’image est marquante, troublante. Ces corps sont tellement différents les uns des autres, qu’on pourrait croire que l’artiste a statufié de véritable humains avant de les plonger dans l’eau.

Corps pétrifiés de victimes de l'irruption du Vésuve à Pompei (79 ap. J.C.).
Corps pétrifiés de victimes de l’irruption du Vésuve à Pompei (79 ap. J.C.).

La première fois que j’ai vu les œuvres de cet artiste, j’ai aussitôt pensé au drame de Pompei et aux habitants de la ville, littéralement pétrifiés par les chutes de pierres ponces et les nuées ardentes provoquées par l’irruption du Vésuve. La ressemblance est intrigante.

Corps pétrifié d'une victime de l'irruption du Vésuve à Pompei (79 ap. J.C.).
Corps pétrifié d’une victime de l’irruption du Vésuve à Pompei (79 ap. J.C.).
Corps pétrifié d'une victime de l'irruption du Vésuve à Pompei (79 ap. J.C.), ainsi que différents objets de l'époque, également statufiés.
Corps pétrifié d’une victime de l’irruption du Vésuve à Pompei (79 ap. J.C.), ainsi que différents objets de l’époque, également statufiés.

Mais l’oeuvre de Jason deCaires Taylor n’est pas non plus sans rappeler le mythe de l’Atlantide. Ses sculptures donnent l’impression qu’une ancienne civilisation a été engloutie après avoir été statufiée. Ses restes formeraient aujourd’hui un abri pour l’écosystème aquatique.

A partir de là, il devient possible d’imaginer que ces oeuvres sont l’allégorie de l’histoire de la vie (LE CYCLE EEETERNEEEEL… hum.) : la boucle est bouclée quand les formes de vie aquatiques se mettent à envahir les corps immergés pour vivre et se développer. Théoriquement, sur le très long terme, ces formes de vie pourraient évoluer, grandir, se transformer et devenir, à leur tour, des sortes d’êtres vivants plus complexes, comme ceux que nous sommes aujourd’hui. Mourant à leur tour, elles pourraient devenir les garde-manger des futurs formes de vie primitives, et ainsi de suite.

Holy Man Profondeur 5m,  MUSA Collection, Punta Nizuc, Mexico.
Holy Man
Profondeur 5m,
MUSA Collection, Punta Nizuc, Mexico.

Une fois immergée, les sculptures sont peu à peu envahies par la vie sous-marine, qui s’y développe comme elle le souhaite. Parfois, l’artiste lui donne un petit coup de main, en creusant ses œuvres d’une certaine manière, comme avec son Holy Man.

Au final, ses œuvres se colorent de coraux verts, roses, violets. Autour d’elles, des poissons multicolores passent également. L’ensemble grouille d’une vie nouvelle qui, elle, est naturellement belle et artistique.

D’ailleurs, Jason deCaires Taylor a aussi réalisé sa version de La Cène (The Last Supper). Je le signale car j’ai réalisé un article sur les différentes représentations de la Cène ;)

Bref, je crois que c’est une œuvre qu’il faut montrer et expliquer aux enfants car c’est sûrement eux qui auront le devoir d’inverser nos terribles habitudes de vie, un jour. Une œuvre comme celle-ci pourrait bien les inspirer en ce sens.


Site web de l’artiste : http://www.underwatersculpture.com/


Virtual Smog : Premier Homme

Virtual Smog – Premier Homme
Pixel art – Dessin numérique pixel par pixel

 

Premier homme est issu de ma série de Pixels intitulée Virtual smog. Le smog est un terme utilisé pour désigner le nuage de pollution qui surplombe la plupart des grandes métropoles du monde, à l’heure actuelle. Pour réaliser les travaux de cette série, j’ai donc essayé de noyer des figures dans une sorte de brouillard numérique. Je voulais que ces fresques soient moins colorées que celles que j’ai l’habitude de réaliser, qu’elles dégagent quelque chose de plus froid mais qu’elles n’aient pas pour autant l’air fixes. En choisissant d’utiliser des formes (comme, ici, des hexagones blancs) et des courbes s’entremêlant, j’espère y être parvenue.

Cette fresque, en particulier, s’inspire du film de Ridley Scott, Prometheus. Le film évoque une sorte d’espèce ayant préexisté avant nous, humains, et nous ayant créés. Pourtant, cette espèce cherche à nous détruire. Pour quelle raison ? La réponse à cette question n’est pas clairement donnée, dans le film, mais il semblerait que les humains n’aient été que des créations, des essais scientifiques, peut-être dans un but ayant été atteint. Plus utiles, on s’en débarrasserait, comme cela peut arriver aux rats de laboratoire. Le film repose aussi sur la curieuse relation qu’entretiennent humains et robots. Ces derniers sont les créations des humains, censés les servir sans poser plus de questions, sans remettre en cause cet état de fait. Ils existent, par exemple, pour réaliser les tâches difficiles ou ingrates, que les humains seraient incapables d’accomplir seuls. On peut donc imaginer qu’une sorte de corrélation existe entre ces êtres et entre les « Créateurs » (ainsi que sont surnommés les « premiers hommes ») et les humains. Un robot « démodé » ou plus assez performant est, au mieux, amélioré, au pire, jeté puis remplacé. Peut-être que les Créateurs cherchent, alors, à détruire les humains car ils sont dépassés et qu’ils ont, depuis, créé des « choses » plus performantes. Des êtres qui ne se font pas la guerre, par exemple ? Ou des êtres n’étant pas capable de penser librement ? De multiples possibilités sont imaginables et c’est justement ce qui m’intéresse, dans ce type de films.
La base de mon travail, ici, est la représentation d’un de ces Créateurs. On peut distinguer sa silhouette qui se perd dans une sorte de brouillard digital. Il est là, il ne fait que passer… Ou peut-être pas.

Monstre-homme : J’ai aussi une couronne d’épines

J'ai aussi une couronne d'épines
J’ai aussi une couronne d’épines Dessin numérique, pixel par pixel – Pixel art | 2000 x 1500px

J’ai aussi une couronne d’épines appartient à la série de fresques que j’ai intitulée Monstre-homme. On pourrait également la surnommer l’Homme-monstre, d’ailleurs, mais je trouvais l’association inverse plus intéressante. Comment résumer cette idée ? En quelque sorte, l’homme serait un monstre comme les autres. Ou, plus certainement, Le monstre. L’unique, sans doute, puisque l’idée de monstre est apparue avec les histoires contées par les hommes face à ce qui lui paraissait effrayant : l’inconnu, la différence. La particularité du monstre n’étant pas, justement, de ne pas être conscient de sa monstruosité ? Quoi de plus monstrueux qu’un monstre inconscient de sa monstruosité ?

Évidemment, le titre que j’ai choisi pour ce travail particulier n’est pas innocent. La couronne d’épines évoque la Passion du Christ et le sacrifice de celui-ci pour ce en quoi il croyait. Mais, après tout, ça n’est qu’un symbole. Un fou n’aurait-il pas pu être coiffé de cette couronne et passé pour un sacrifié après avoir tenu des propos semblables ? Des paroles porteuses d’un certain espoir, certes, mais des paroles, juste, à une époque où les mots étaient encore puissants. Les martyrs, de nos jours, ne sont plus des messies. Quand ils ne sont pas de véritables kamikazes, ils sont discrédités par ceux qui voient la folie dans leurs actes. Ce travail évoque la dissociation fragile qui existe entre la foi et la folie. « Ce sont les martyrs qui font la foi plutôt que la foi ne fait les martyrs. » Ce qui se cache derrière les actes d’un homme ne fait pas nécessairement ce qu’il est. Et, sans vouloir tomber dans la niaiserie mais, rappelons-le tout de même : l’habit ne fait pas le moine.