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Présentation de mon installation : Triptyque des Faceless Girls

Triptyque des Faceless Girls
Triptyque des Faceless Girls Peinture acrylique, craies grasses, encre sur toile et plexiglas laqué de paillettes – L’ensemble : environ 300 cm x 150 cm

Cet ensemble de peintures a été réalisé afin d’être présenté dans le cadre d’un atelier pour ma licence en Arts Plastiques. Lors de leur exposition, ces peintures se trouvaient sous des plaques de plexiglas sur lesquelles était peint un réseau en forme de rosace. Le tout était surplombé d’une sphère piquante multicolore, représentant le noyau central du travail.

Je n’ai, malheureusement, que des photo de piètre qualité de l’installation (réalisée avec les moyens du bord, aussi bien que possible, au sein de mon UFR, avec l’aide précieuse de deux compères que je remercie encore une fois).

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Les réseaux que je dessine me permettent de symboliser l’idée de hiérarchisation, de déploiement, d’expansion. Ils sont la représentation du « village global » qu’est internet : ils forment une sorte de toile (« web » en anglais).
Leur forme peut également évoqué le tracé d’un atome. Un tracé volontairement complexifié, exagéré : la matière se désintégrant pour devenir virtuelle.

Mes personnages sans visage, eux, sont un peu la personnification de mon mal être face à ce réseau grandissant. Le fait d’être anonyme, inconnu et, finalement, identique à tout autre me déplaît et, en même temps, j’en use, comme n’importe quel internaute, pour pouvoir exister sur le web sans m’y noyer. Mais au final, je me sens parfois perdue dans un flot incontrôlable d’évènements, d’obligations, de prétendus droits, d’informations, de connaissances, de personnes…
Le visage de mon personnage, qui apparaît en fond de ma première toile, se mue en une espèce de déferlante colorée dans la dernière peinture. Le calme devient agitation. L’endroit devient l’envers, la chute.

Dans l’univers que j’ai créé, les Faceless Girls sont des êtres virtuels, elles appartiennent à l’internet, sont nées à l’intérieur de lui. Elles sont également mes avatars ; elles représentent mon « identité virtuelle ».

La façon dont j’ai choisi de présenter ces toiles n’est pas non plus anodine. Toute mon installation a été pensée pour donner du sens à l’ensemble du travail. Tout est lié.
Ainsi, le triptyque évoque la religion catholique (trois parties : le Père, le Fils, le Saint-Esprit). Je ne suis pas croyante mais cette religion a donné les bases de la société dans laquelle j’évolue chaque jour. Elle a des répercutions sur ce que je suis parce qu’elle a marqué l’histoire de mon pays, de ma famille. Consciemment ou non, mon éducation est ce qu’elle est grâce ou à cause de l’héritage laissé sur mon environnement par la religion chrétienne.
Mon propos n’est cependant pas religieux. J’ai choisi cette organisation tripartite parce que je voulais montrer qu’une nouvelle sorte de pouvoir était en train de naître avec le développement d’internet et des nouvelles technologies.
« Dieu est mort » disait Nietzsche, mais nombre de faits, depuis, tendent à montrer que nous l’avons sans doute remplacé par de nouvelles « croyances », de nouveaux « dogmes », de nouvelles « divinités ». Par exemple, quand je vois avec quelle ferveur est accueilli chaque nouveau produit Apple et comment était quasiment vénéré Steve Jobs, je ne peux qu’établir un parallèle : les nouveaux « dieux » sont là, d’une certaine façon.

J’avais également évoqué cette idée à travers un de mes dessins, intitulé « Nouvelle Eve ». La référence à Apple y est beaucoup plus évidente, je dois bien l’avouer. Encore que la pomme soit tenue par une androïde (« android » en anglais, en référence au système d’exploitation de Google).

Nouvelle Eve, Crayon de bois et acrylique sur papier Canson
Nouvelle Eve,
Crayon de bois et acrylique sur papier Canson

Cependant, ce travail n’est pas un plaidoyer anti-réseaux, anti-internet, anti-nouvelles technologies. Loin de là. Je suis même passionnée par tout ça. J’aurais beaucoup de mal à être contre et plus encore à m’en passer. Cette installation est seulement l’expression d’une certaine forme de crainte et de la difficulté à me créer une place dans un tel système.

Présentation de peinture : World War Web inspirée de Géricault

Bonjour, bonjour !

Ceci est la première mise à jour du blog de Studinano ! Il faut bien commencer d’une façon ou d’une autre. Aussi, j’ai décidé de vous présenter un aperçu du travail qui m’occupe en ce moment :

World War Web
World War Web
Acrylique sur toile
50 x 100 cm

Évidemment, je n’ai pas pu passer à côté de l’actualité. La fermeture de Megaupload par le FBI et les réactions d’Anonymous. Bref, tout cela m’a inspiré une petite mise en scène.

Gericault-Horseman
Théodore Géricault – Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant
Huile sur toile, 1812
349 × 266 cm
Musée du Louvre, Paris

J’ai décidé de réaliser un clin d’oeil à une oeuvre de Théodore Géricault, l’Officier de chasseur à cheval (1812, Louvre, Paris).

A cette époque, l’échelle des genres, régulée et mise en place par l’Académie de Peinture et de Sculpture, sert à classer rigoureusement les œuvres les unes par rapport aux autres, ainsi que les artistes qui les réalisent.  Ainsi, quand Géricault produit une peinture d’histoire, mettant en scène un anonyme plutôt qu’une figure (« héroïque ») connue, un problème se pose. D’autant plus que la scène raconte un évènement récent au sein d’un contexte pour le moins complexe. En effet, lorsqu’est dévoilée la peinture de Géricault, Napoléon Ier est tombé et la France va retrouver la monarchie. Autant dire que mettre en scène la fougue d’un soldat napoléonien, à cette période, est pour le moins osé.

Géricault joue ici avec la hiérarchie des genres. Il choisit délibérément de mettre en scène un soldat napoléonien anonyme au sein d’une composition historique. D’ordinaire, les peintures d’histoire mettent en scène des héros et des personnages célèbres. Ça n’est pas le cas ici car cet homme pourrait être n’importe lequel des soldats de Napoléon. Pour l’époque, la scène peut sembler être une peinture d’actualité ou, autrement dit, une scène de genre. Or, la scène de genre est moins noble que la peinture d’histoire. Avec cette peinture, Géricault rend floue la distinction entre les genres ; doit-on dire qu’il s’agit d’une peinture d’histoire ou d’une peinture de genre ?

Qu’est-ce que la hiérarchie (ou l’échelle) des genres en peinture ?

Jusqu’au XIXe siècle, tous les sujets ne se valent pas. Une peinture d’histoire, par exemple, est plus prestigieuse qu’une scène de genre. Elle est également plus prestigieuse qu’un portrait mais un portrait est plus admirable qu’un paysage. Et ainsi de suite.
Au sein d’un même genre, certains sujets sont également plus illustres que d’autres. Le portrait du Roi vaut, bien sûr, plus que le portrait d’un Duc ou d’un notable quelconque.

Voici comment étaient classés les sujets (les genres) :

1- La peinture d’histoire (aussi appelée « le grand genre »).
Comprenait les peintures aux sujets historiques, mythologiques et religieux.
Les peintures d’histoire étaient généralement de grand, voire de très grand format.
2- Le portrait
Les portraitistes avaient pour rôle de représenter les grandes figures de leur temps et du passé.
3- Les scènes de genre
Ces peintures étaient généralement de petite taille et avaient pour sujet des scènes de la vie quotidienne et des personnes ordinaires.
4- Le paysage
Au sein de ce genre, les marines sont plus remarquables car elles nécessitent des connaissances techniques supérieures.
5- La nature morte
Genre qui consiste en la représentation d’objets naturels (par exemple, souvent des fruits) ou manufacturés qui sont le principal (ou le seul) sujet d’un tableau.

Bien sûr, je suis loin de me placer dans la lignée de Théodore Géricault qui, plusieurs fois, se montrera admirablement critique sur son temps. Simplement, la référence me plaisait et me semblait correspondre à ce que je souhaitais transmettre à travers cette peinture.