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Citrouilles chantantes et mapping vidéo : Magie de la lumière

Joyeux Halloween !… Oui, bon, d’accord, je suis en retard d’un jour. Mais c’est l’intention qui compte, non ? :D (Qui a dit non ?)

Aujourd’hui, arrêtons-nous sur ces citrouilles chantantes qui, j’espère, vous feront marrer autant que moi (déjà, ce serait pas mal).

Elles ont été réalisées grâce à un procédé appelé le mapping video. On parle aussi parfois de « fresque lumineuse » ou de « projection illusionniste« . En effet, c’est une forme de création artistique qui utilise la projection (pensez au cinéma ou, plus simplement, au rétroprojecteur que vous avez en classe ou au bureau). On projette des images sur une surface (en l’occurrence, ici, une citrouille) de manière à laisser croire que la surface bouge vraiment (ici, que les citrouilles chantent).
La différence avec une projection classique est simple : la surface sur laquelle on projette n’est pas plane. Par conséquent, il faut tenir compte de ses aspérités pour réaliser l’illusion souhaitée. Un mapping vidéo est donc généralement conçu pour une surface en particulier. Sinon, elle ne fonctionnera pas correctement.
Cela peut sembler complexe mais aujourd’hui il existe des logiciels facile à prendre en main pour s’essayer au mapping vidéo. Le tout étant finalement de disposer d’un projecteur et d’un objet à « mapper ». Et, surtout, d’une bonne dose d’imagination !

Si, dans le cas de nos citrouilles chantantes, la surface utilisée est assez restreinte, cette technique a aussi pu être utilisée sur des monuments entiers. En France, c’est la Fête des Lumières de Lyon qui est l’évènement le plus connu à utiliser cette technologie créative. Je ne résiste pas à l’idée de vous proposer quelques photographies de cet évènement qui a lieu chaque année aux alentours du 8 décembre :

On retrouve aussi le mapping vidéo dans certaines attractions de Disneyland Paris, du Futuroscope ou du Puy du Fou. Il faut dire que les possibilités sont multiples !

Le parc d’attraction Disneyland d’Orlando, en Floride, est d’ailleurs considéré comme le pionnier du mapping vidéo. En effet, en 1969, le parc inaugure l’attraction Haunted Mansion (la maison hantée) qui regorge de procédés illusionnistes pour effrayer ses visiteurs. Le mapping vidéo en fait partie et sert notamment à faire chanter cinq bustes appelés les Grim Grinning Ghosts (littéralement, les « sinistres fantômes grimaçants »).
A Disneyland Paris, l’attraction s’appelle le Phantom Manor (le manoir fantôme) mais elle est légèrement différente de l’attraction du parc d’Orlando. Et ne l’ayant essayée qu’une fois, j’avoue que je ne me souviens plus si ces bustes existent dans la version française du parc ou non. Si vous le savez, n’hésitez pas à me le dire en commentaire !

Les Grim Grinning Ghosts de Disneyland, Orlando, Floride.
Les Grim Grinning Ghosts de Disneyland, Orlando, Floride.

Récemment, la marque d’eau minérale Contrex a également eu recours au mapping vidéo dans une de ses publicités. Vous pouviez y voir des jeunes femmes censées faire du stepper pour sauver de beaux et jeunes hommes musclés des flammes qui consumaient un bâtiment. Ces flammes étaient réalisées grâce au mapping vidéo.

A la base, l'évènement filmé pour les besoins de la pub Contrex a eu lieu à Paris en 2012.
A la base, l’évènement filmé pour les besoins de la pub Contrex a eu lieu à Paris en 2012.

En 2014, c’est l’œuvre de l’artiste japonais Nobumichi Asai qui secoue le web. La vidéo de son mapping, réalisé sur le visage en mouvement d’une femme, fait le tour de la toile. Une vraie prouesse de synchronisation qui, en plus, s’avère être de toute beauté. Le développement de cette technologie pourrait, à terme, servir le cinéma ou l’industrie du jeu vidéo.

Autrement dit, vous avez sûrement déjà dû voir du mapping video même sans savoir de quoi il s’agissait exactement. Et, de toute évidence, ce procédé artistique, développé initialement dans les années 60, a de longs et beaux jours devant lui. De quoi nous émerveiller encore longtemps avec son côté un peu magique.


Cet article vous a plu ? (ou pas ?) N’hésitez pas à laisser un commentaire pour me le faire savoir !


Sources :
Fête des Lumières de Lyon
Galerie Flickr de la Fête des Lumières

Alerte enlèvement : la pointe de l’obélisque de Buenos Aires a disparu !

Les extraterrestres ont-ils débarqué en Argentine ?

C’est ce qu’ont pu penser les habitants de Buenos Aires, ce matin, à leur réveil, quand ils ont découvert avec stupeur la disparition… de la pointe de l’obélisque de la ville. Situé sur l’Avenue du 9 Juillet (équivalent des Champs Élysées de Buenos Aires), l’obélisque célèbre l’indépendance de l’Argentine et marque symboliquement le centre de la ville.

L'obélisque de Buenos Aires a perdu sa pointe !
L’obélisque de Buenos Aires a perdu sa pointe !
Où est passée la pointe de l'obélisque de Buenos Aire ?
Où est passée la pointe de l’obélisque de Buenos Aire ?
L'obélisque de Buenos Aires a perdu sa pointe !
Même de loin, on voit bien qu’il lui manque quelque chose…
Aurait-on volé la pointe de l'obélisque de Buenos Aires ?
Aurait-on volé la pointe de l’obélisque de Buenos Aires ?

Qui a bien pu voler cette pointe ? D’autant plus qu’elle se trouvait en haut d’un monument de 67 mètres. Des êtres venus d’ailleurs ? A moins qu’un géant ne soit passé par là ? Peut-être Superman voulait-il redécorer son appart’ ? Elle n’a quand même pas pu se volatiliser !

Et pourtant…

La pointe a été retrouvée, quelques heures plus tard… sur le parvis du Malba, le musée d’art latino-américain.

La pointe de l'obélisque sur le parvis du Malba.
La pointe de l’obélisque sur le parvis du Malba.
Leandro Erlich
Leandro Erlich

Et tout ceci n’était point l’œuvre d’une quelconque entité dotée de pouvoirs supérieurs, de petits hommes verts, ni d’aucun super-héros qui se serait soudain pris pour Valérie Damidot mais bien celle d’un artiste, Leandro Erlich. Un artiste argentin, justement, célèbre dans le monde entier.

Mais comment s’y est-il pris ?

La pointe n’a jamais bougé de son emplacement initial. C’est une copie qui a été placée devant le Malba. La disparition, elle, est le résultat de l’utilisation complexe de miroirs. Tout ceci n’était qu’une illusion, un trompe l’œil.

Installation du matériel nécessaire au trompe l’œil imaginé par Leandro Erlich.
Installation du matériel nécessaire au trompe l’œil imaginé par Leandro Erlich.

Le but de tout ceci était de célébrer l’anniversaire du Malba qui fête cette année ses 14 ans d’existence.

Nous sommes là face à ce que j’appellerais une installation-happening. D’un part, parce que l’artiste a transformé son environnement (en l’occurrence grâce à une illusion). Puis, ce qui avait été « perdu » (la pointe de l’obélisque) a été « retrouvé » sur le parvis du Malba : cette vraie-fausse pointe de l’obélisque constitue l’installation, tout autant que le reste de l’œuvre. Car s’il n’y a pas l’happening (c’est-à-dire la disparition et, avant elle, la mise en place des miroirs et du dispositif permettant de rendre la pointe de l’obélisque invisible) il n’y a pas l’installation sur le parvis du musée, vous me suivez ? C’est pourquoi je parle d’installation-happening.

 Pause précision
Installation : 1. Disposition de matériaux et d’éléments divers dans un espace. 2. Œuvre ainsi obtenue. 3. Mode d’expression artistique apparue au troisième tiers du XX° siècle.

Happening : Manifestation artistique des années 1960, héritière des interventions futuristes, constructivistes ou dadaïstes. Ces évènements publics organisés, plutôt théâtraux, utilisent toutes sortes de techniques (musique, danse, peinture, etc.), souvent le corps, et peuvent transformer l’environnement.

(Source)

Leandro Erlich n’en est pas à son coup d’essai.

Les illusions, il connaît. Il avait, par exemple, permis à des spectateurs d’entrer dans une piscine pleine sans se mouiller. A d’autres, il avait donné l’occasion de grimper sur la façade d’une maison sans le moindre risque et à tout âge. Il avait suspendu une maison dans les airs et le morceau d’une autre au bout d’une échelle. Incroyable ? Je vous laisse en juger par vous-mêmes, grâce aux photos ci-dessous.

Les œuvres se Leandro Erlich mettent souvent en scène des miroirs, des surfaces translucides, dans lesquelles on se reflète ou à travers lesquelles on peut voir de façon plus ou moins nette. Et quand ses œuvres n’utilisent pas directement des surfaces de ce genre, elles y font référence. C’est le cas dans Port of Reflection (voir ci-dessus) : il n’y a pas de miroir, il n’y a pas d’eau, tout n’est qu’une sculpture dans un grand trou noir, donnant l’illusion que des bateaux se reflètent dans une surface liquide. Dans une oeuvre comme le Monte-Meubles (voir ci-dessus), Leandro Erlich nous met face à un autre miroir : un miroir invisible, quelque part entre nos yeux et notre cerveau, qui ne serait autre que la porte d’un monde imaginaire. Comme Alice au Pays des Merveilles, nous traversons le miroir pour entrer dans un monde étrange, aussi poétique qu’inquiétant. Peut-être sommes-nous passés par la Shattering Door (voir ci-dessus) sans nous en rendre compte ?

Je ne peux que vous encourager à foncer si vous avez l’occasion de voir passer une œuvre de cet artiste près de chez vous car, comme vous l’aurez remarqué sur les photos, il entraine souvent le spectateur à faire des expériences par le biais du jeu : les spectateurs sont invitées à expérimenter l’œuvre en déambulant à l’intérieur, en jouant avec les surfaces réfléchissantes, en se couchant au sol, etc. Et ce sont bien souvent leurs photographies, au final, qui sont intéressantes et font ressortir l’essence de l’œuvre, son but, son intérêt. Si, en plus, c’est ludique et amusant, pourquoi se priver ? ;)

Sachez, notamment, que vous pourrez voir l’une de ses œuvres à Paris le 3 octobre. Il y participera à la Nuit blanche avec une œuvre intitulée Maison fond, et qui prendra la forme d’un immeuble installé devant la gare du Nord que l’on verra fondre à vue d’œil, sous l’effet du réchauffement climatique.


Sources :
Site Officiel de l’artiste
Infobae : Qué pasó con la punta del Obelisco
Libération : L’obélisque de Buenos Aires a perdu la tête