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Dans la forêt, suivez la belette (ou pas)

Voilà longtemps que je ne vous avais pas emmenés faire un tour du côté du Pays du Soleil Levant. J’ai trouvé l’occasion idéale car je voulais absolument vous faire découvrir cette œuvre de l’artiste japonais Katayama Bokuyo. Elle date de 1928 et s’intitule simplement « Mori » (Forêt en japonais). Suivons donc la belette qui semble vouloir nous entrainer entre les arbres !

Katayama Bokuyo, Mori (Forêt), Encre sur soie, 1928, 189,23 x 237,49 cm, Minneapolis Institute of Art (Etats-Unis).
Katayama Bokuyo, Mori (Forêt), Encre sur soie, 1928, 189,23 x 237,49 cm, Minneapolis Institute of Art (Etats-Unis).

Présentation de l’œuvre

Il s’agit d’un paravent composé de deux panneaux réalisés avec de l’encre et différents pigments sur soie.

Au premier regard, cette sombre forêt est à la fois intrigante et un peu inquiétante. Mais si vous vous approchez, apparaît une adorable belette dans la végétation.

On ne peut qu’admirer la délicatesse avec laquelle cette peinture a été réalisée, dans le style traditionnel japonais (Nihonga, 日本画). Les plantes qui dissimulent la belette sont peintes avec un grand souci du détail. Elle est presque invisible dans le camaïeu de vert que forme l’ensemble, constellé de points blancs qui s’avèrent être des fleurs. Le rouge de quelques fraises des bois vient ponctuer la scène.

Katayama Bokuyo, Mori (Forêt), Encre sur soie, 1928, 189,23 x 237,49 cm, Minneapolis Institute of Art (Etats-Unis).
Katayama Bokuyo, Mori (Forêt), Encre sur soie, 1928, 189,23 x 237,49 cm, Minneapolis Institute of Art (Etats-Unis).
Mais la belette ne nous défierait-elle pas d’oser la suivre dans la forêt ?

Au Japon, les croyances animistes et la religion Shintoïste n’ont pas encore totalement disparu. On croit encore aux esprits, fantômes et autres créatures étranges qui prennent le nom de Yokai. Ces êtres surnaturels sont parfois les gardiens d’un lieu : une montagne, un lac, un temple ou encore une forêt. Ils ne font pas que hanter un lieu, ils en sont parfois la personnification ; ils forment l’âme de l’endroit où ils vivent.

Un couple de Rokurokubi représenté sur une estampe réalisée par le célèbre artiste japonais Hokusai (1760-1849).
Un couple de Rokurokubi représenté sur une estampe réalisée par le célèbre artiste japonais Hokusai (1760-1849).

D’autres Yokai sont plus « ambulants ». Ils peuvent surgir à tout moment ou en des circonstances particulières. Par exemple, au crépuscule ou parce que vous avez oublié de couvrir votre nombril pendant la nuit.

Si certains Yokai peuvent avoir une apparence relativement « normale » (comme le Tengu qui ressemble à un corbeau) d’autres sont beaucoup plus étranges (comme Kasa-obake qui est une sorte d’ombrelle avec des dents), voire effrayants (comme Rokurokubi qui, le jour, ressemble à une personne tout-à-fait normale et qui, la nuit, se voit doter d’un cou immensément long destinée à effrayer ses victimes).

Cette belette qui nous fixe est-elle un Yokai ?

Selon les croyances animistes, ce serait possible. Selon elles, toute chose a une âme : de la moindre chose inanimée, comme une pierre, aux êtres vivants, humains comme animaux. C’est en partie pour cette raison que le Japon ne partage pas la même crainte que les Occidentaux à propos des robots, par exemple.

Les Yokai sont parfois des êtres facétieux. Ils peuvent jouer des tours mais aussi flanquer de sacrées frousses aux personnes qui ont le malheur de croiser leur chemin. De nombreuses traditions et rites japonais expliquent d’ailleurs comment purifier sa maison afin d’éviter que des Yokai malfaisants n’y élisent domicile. Ils sont un peu l’équivalent des démons, voire des diablotins que l’on trouve dans d’autres croyances.

Alors, est-ce un piège que nous tend cette belette ?

La beauté de la scène nous fait douter de la nature de cet animal. Peut-être est-ce une simple belette ? Peut-être a-t-elle seulement peur de nous ?

Ce serait sans compter sur l’importance des forêts dans la culture japonaise. Intimement liée à la vie des hommes depuis toujours (parce qu’elle abrite, notamment, de la nourriture et que son bois permet de construire des habitations ou de se chauffer) et occupant un vaste territoire (encore aujourd’hui, malgré la forte industrialisation du pays), la forêt est souvent considérée comme un lieu sacré. Les croyances japonaises disent qu’elle est le lieu de vie de certaines divinités et d’autres créatures surnaturelles. Cela participe de la relative préservation des forêts au Japon.

Cette belette est-elle l’une de ces créatures surnaturelles ?

En réalité, nous aurions bien du mal à suivre cette belette qui, finalement, nous tend peut-être bien un piège en nous regardant ainsi. En effet, elle se trouve en plein milieu de Dokudami : une plante aussi appelée Poivre de Chine ou Herbe à poivre qui aurait une odeur très désagréable.

Dokudami
Dokudami

Il faut dire que la belette japonaise (Mustela itatsi) est aussi surnommée… putois du Japon. Décidément, tout est ici une question d’odeur ! De quoi nous dissuader de suivre l’animal et même d’aller cueillir les jolies fraises des bois qui apparaissent çà et là dans la scène.

Alors, voudriez-vous suivre la belette, qui vous emmène peut-être de l’Autre Côté, dans le monde des Yokai ? Il semble en tout cas que cette œuvre, à la beauté indéniable avec sa forêt hypnotique, soit assez farceuse, comme les créatures du folklore nippon.


Sources :

Présentation de l’oeuvre sur le site du MiA (Minneapolis Institute of Art)
Présentation de la belette du Japon par Manimalworld
Les Yokai d’après « Le Site du Japon »

A Christmas Carol : Un conte de Noël toujours d’actualité !

Il y a un conte de Noël qui m’a toujours fascinée. Je l’ai lu étant enfant, j’ai vu des adaptations aussi et il n’a jamais cessé de me plaire. Il s’agit de A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens. C’est pourquoi j’ai décidé de lui dédier pour article de Noël, cette année.

Que raconte A Christmas Carol ?

Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.

Pour faire court, étant donné que nous y reviendrons et que, pour les personnes qui ne connaissent pas encore par cœur cette histoire, il existe un très bon résumé sur Wikipédia, A Christmas Carol se déroule une veille de Noël. On ne sait pas exactement en quelle année se déroule le conte (c’est souvent le cas des contes, me direz-vous), mais il est paru en 1843 donc nous sommes au début du XIXème siècle, à Londres. Nous savons juste que l’histoire se déroule tout juste sept ans après la mort de Jacob Marley, qui était l’associé du personnage principal. Le conte commence d’ailleurs par un long discours précisant bien que Jacob Marley est mort. « Mort comme un clou de porte », d’ailleurs, comme le précise longuement Dickens qui s’adresse au lecteur à la première personne du singulier. C’est donc lui qui raconte l’histoire.

Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
L’histoire raconte la nuit mouvementée du 24 décembre que va vivre le vieux Ebenezer Scrooge.

Comme une chanson, puisque le conte s’intitule A Christmas Carol (Un Chant de Noël), le texte est découpé en cinq couplets et non en chapitres.

Scrooge est décrit comme un homme glacial. Il est si froid qu’il semble rendre l’été plus froid et son cœur ne se réchauffe pas même pour Noël – fête qu’il déteste. Il semble que tout le monde le craigne, voire le déteste cordialement. On ne lui adresse pas la parole et même les chiens d’aveugles le fuient pour éviter à leur maître de croiser sa route. Bref, c’est un être pour le moins détestable.

Illustration de Ronald Searle pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Ronald Searle pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.

Comme chaque année, il daigne quand même accorder sa journée à son employé, Bob Cratchit. Scrooge traite ce dernier comme il traite tout le monde : avec froideur, méchanceté et sans une once d’humanité. Par exemple, il ne lui donne qu’un petit morceau de charbon pour chauffer son bureau glacial, en cette veille de Noël ; le reste des morceaux de charbons se trouve bien à l’abri dans la chambre de Scrooge, dévoré par une avarice profonde. Il se permet d’ailleurs de traiter Cratchit de voleur : en effet, il ne viendra pas travailler le lendemain mais sera tout de même payé car, dit Scrooge, sinon ce serait lui qu’on traiterait de voleur. Il trouve cela anormal mais c’est la norme sociale en vigueur, il s’y plie donc bon gré, mal gré.

Une fois son employé parti, commence vraiment l’aventure de Ebenezer Scrooge.

A son retour chez lui, après un repas en solitaire dans une triste taverne, Scrooge a d’abord la surprise de voir apparaître… Jacob Marley ! Mais si, vous savez : son associé aussi mort qu’un clou de porte !

Illustration de Carter Goodrich pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Carter Goodrich pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Ronald Searle pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Ronald Searle pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
 Illustration de Trina Schart Hyman pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.

Illustration de Trina Schart Hyman pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de P.J. Lynch pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de P.J. Lynch pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.

Marley porte de lourdes et longues chaines. Entre deux cris déchirants, il explique à Scrooge que celui-ci subira le même sort que lui s’il continue à vivre sa vie de manière si solitaire : il sera condamné à errer pour réparer toutes ses fautes et cela lui prendra au moins autant de temps que n’aura duré sa vie humaine.

Sa dernière chance, pour éviter ce funeste dessein ? Trois esprits qui vont lui rendre visite, à tour de rôle, au cours des trois nuits à venir.

A Christmas Carol : Un conte politique toujours d’actualité

Comme la plupart des contes, A Christmas Carol est en réalité bien plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord.

Enfant, on se réjouit que Scrooge (re)devienne petit à petit un homme bon, généreux et aimant Noël. Car l’on apprend, au fil du récit, qu’il n’est pas devenu un être exécrable du jour au lendemain : c’est finalement la vie qui l’a rendu ainsi, d’évènement en évènement, comme le révèle notamment le Fantôme des Noëls Passés.

Illustration de Libico Maraja pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Libico Maraja pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.

Adulte, on se rend compte que le vrai problème de Scrooge n’était pas tant de ne pas aimer Noël que d’être d’un égoïsme assez maladif. Un égoïsme qui le conduit à penser, par exemple, que si, lui a réussi dans sa vie professionnelle, ceux qui n’y parviennent pas ne sont que des couards, des pleutres ou des paresseux.

Par exemple, à ceux qui viennent lui demander de faire un don pour les gens dans le besoin, Scrooge répond :

« N’y a-t-il pas de prisons ? (…) Et les maisons de refuge (…) ne sont-elles plus en activité ? (…) Le moulin de discipline et la loi des pauvres sont toujours en pleine vigueur, alors ? (…) Je désire qu’on me laisse en repos. Puisque vous me demandez ce que je désire, messieurs, voilà ma réponse. Je ne me réjouis pas moi-même à Noël, et je ne puis fournir aux paresseux les moyens de se réjouir. J’aide à soutenir les établissements dont je vous parlais tout à l’heure ; ils coûtent assez cher ; ceux qui ne se trouvent pas bien ailleurs n’ont qu’à y aller. (…) S’ils aiment mieux mourir, reprit Scrooge, ils feraient très bien de suivre cette idée et de diminuer l’excédent de la population. »

Hum ? Drôlement d’actualité, vous ne trouvez pas ?

Oh je sens que ton œil tilte, toi, français derrière ton écran, à la lecture de cette description de Scrooge. Vous rappellerait-il quelqu’un ? Ou peut-être avez-vous déjà, simplement, lu ce genre de propos sur les réseaux sociaux ? Un simple détour dans l’espace commentaire des journaux, sur Facebook par exemple, et vous voilà plongé dans l’antre du plus abominable des Scrooge.

Il faut dire que si le personnage de Scrooge est un vrai personnage de conte il est aussi, dans le même temps, un être tellement terre-à-terre, qu’il est étrangement très humain. Sa description physique mais aussi certaines choses qu’il semble provoquer autour de lui (le froid par exemple), en font un personnage fantastique. Mais tout fantastique qu’il est, il est pris d’une terreur bien humaine face aux esprits qui viennent tout-à-coup hanter ses nuits. Il n’est jamais plus humain que lorsqu’il déambule avec les différents fantômes de Noël. Car avant et après eux, il est un être fantastique : d’abord pour sa détestabilité légendaire puis, tout au contraire, pour son altruisme sans faille, faisant presque de lui un Saint. Quand il se promène dans le temps, par contre, il s’émeut tant et tellement que son émotion transparaît dans les mots de Dickens.

Illustration de P.J. Lynch pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de P.J. Lynch pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Pourtant, au début du récit, pour Scrooge, l’Humain passe après, biennnn après le profit.

Un profit qui est exclusivement financier, car il ne tire aucun profit sur le plan personnel : il est très riche mais aussi très seul. Il n’est pas marié (même s’il a failli l’être) et n’a pas d’enfant. Sa seule famille semble être son neveu. D’ailleurs, cet échange avec ce personnage qui est presque son antithèse en dit long sur la personnalité de Scrooge :

« Noël, une sottise, mon oncle ! dit le neveu de Scrooge ; ce n’est pas là ce que vous voulez dire sans doute ?
– Si fait, répondit Scrooge. Un gai Noël ! Quel droit avez-vous d’être gai ? Quelle raison auriez-vous de vous livrer à des gaietés ruineuses ? Vous êtes déjà bien assez pauvre !
– Allons, allons ! reprit gaiement le neveu, quel droit avez-vous dêtre triste ? Quelle raison avez-vous de vous livrer à vos chiffres moroses ? Vous êtes déjà bien assez riche ! »

Pour Scrooge, la richesse est synonyme d’argent. Et cet argent, on ne l’obtient qu’en travaillant encore et encore, en économisant, en faisant uniquement de bons placements, en ne dépassant que le strict nécessaire pour réinvestir le reste de manière à faire encore plus d’argent. Scrooge a tout de la personnification du Capitalisme. Comme un robot, dépourvu d’esprit d’initiative, d’imagination, de créativité mais aussi d’envies, de rêves, de désirs, Scrooge tourne en boucle dans son monde où, parce qu’il est riche et fait tous ces efforts pour l’être, il est forcément au-dessus des petites gens qu’il juge, au mieux, comme frivoles.

« Voilà un autre fou, murmura Scrooge, qui l’entendit de sa place : mon commis, avec quinze schellings par semaine, une femme et des enfants, parlant d’un gai Noël. Il y a de quoi se retirer aux petites maisons. »

Illustration de P.J. Lynch pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de P.J. Lynch pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Scrooge est incapable de comprendre Noël car il perçoit cette fête comme quelque chose de coûteux qui ne rapporte rien en retour.

Or, ce « retour sur investissement », Scrooge ne l’entend que d’une façon : pécuniairement parlant.

Scrooge ne peut pas admettre, au début du récit, qu’il puisse exister d’autres formes de richesses. Des richesses qui ne sont pas pécuniaires, voire ne sont même pas palpables. C’est là, en particulier, que son neveu s’inscrit vraiment comme son opposé : ce qu’il retient de Noël est une richesse bien plus grande que celle, bassement matérielle, de l’argent. Sa richesse à lui est intérieure. Ce sont les joies simples de Noël (puisqu’il s’agit d’un conte de Noël, mais cela s’applique bien sûr au quotidien) : le fait d’être en famille, entre amis, entre personnes qui s’apprécient ; c’est le partage, la générosité que chacun porte en lui, à sa façon ; c’est la bonne humeur communicative, des gens qui se souhaitent le bonjour dans la rue ou s’échangent un sourire sans rien attendre en retour.

« Il y a quantité de choses, je l’avoue, dont j’aurais pu retirer quelque bien, sans en avoir profité néanmoins, répondit le neveu ; Noël entre autres. Mais au moins ai-je toujours regardé le jour de Noël quand il est revenu (…), comme un beau, un jour de bienveillance, de pardon, de charité, de plaisir, le seul, dans le long calendrier de l’année, où je sache que tous, hommes et femmes, semblent, par un consentement unanime, ouvrir librement les secrets de leurs coeurs et voir dans les gens au-dessous d’eux de vrais compagnons de voyage sur le chemin du tombeau, et non pas une autre race de oréatures marchant vers un autre but. C’est pourquoi, mon oncle, quoiqu’il n’ait jamais mis dans ma poche la moindre pièce d’or ou d’argent, je crois que Noël m’a fait vraiment du bien et qu’il m’en fera encore ; aussi je répète : Vive Noël ! »

Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Pour Scrooge, cela n’a aucune valeur marchande donc cela n’a aucune valeur du tout.

C’est en cela que A Christmas Carol est un conte politique et qu’il est toujours follement d’actualité. Il y est question de remettre au centre de l’attention des choses qui ne s’achètent et ne se vendent pas, dans notre société, et qui peuvent pourtant valoir tout l’or du monde aux yeux d’une personne, d’une famille, d’une communauté, etc.

« L’histoire rend également compte de la misère et des fortes inégalités, exacerbées dans cette Angleterre de la Révolution industrielle, que l’auteur dépeint également dans Oliver Twist. En situant son histoire à Noël, Charles Dickens souhaite marquer les esprits et ouvrir les yeux de chacun sur les problèmes sociaux de son pays. Le succès est au rendez-vous, l’ouvrage, épuisé encore et encore, étant alors édité sept fois en moins de six mois. La réussite est telle que le terme Scrooge est devenu dans la langue de Shakespeare un nom commun pour qualifier les personnes avare et misanthrope. »

Source : Chronique Disney – Ebenezer Scrooge

Les adaptations de A Christmas Carol : ma sélection

Comme ce conte est toujours d’actualité, il ne cesse de se réinventer. Les adaptations de A Christmas Carol sont très nombreuses ! Tellement que je ne vais pas toutes les citer, évidemment. Nous allons voir, en tout cas, que A Christmas Carol traverse le temps et ne prend pas une ride. A croire que nous sommes encore nombreux à avoir besoin d’en tirer un enseignement !

It's a Wonderful Life, film de Frank Capra, 1946
It’s a Wonderful Life, film de Frank Capra, 1946
Au cinéma, on peut commencer par citer un classique : It’s a Wonderful Life.

Le film prend le parti de mettre en lumière, non pas un être détestable comme Scrooge mais, au contraire, un honnête homme, plein de bonté, George Bailey, auquel il n’arrive pourtant que de mauvaises choses. Alors qu’il pense à se suicider, persuadé que le monde se porterait mieux sans lui, un ange apparaît pour lui montrer ce que serait vraiment le monde sans lui.

J’aime placer It’s a Wonderful Life dans les adaptations de A Christmas Carol parce que je trouve qu’il forme un joli contre-pied au conte de Dickens.  Un peu comme A Family Man, film plus récent avec Nicolas Cage, où un homme, cette fois plutôt de la trempe de Scrooge, se retrouve à vivre la vie qu’il aurait pu avoir s’il avait fait d’autres choix dans son passé.

Les deux films présentent, à leur façon, des personnages qui sont poussés à se questionner sur leur existence passée et donc future. La morale est plus ou moins la même : prêtons davantage attention aux gens que l’on aime et aux gens, aux êtres en général, parce que le vrai bonheur et le futur sont là.

Les séries ne sont bien sûr pas en reste quand il s’agit d’adapter A Christmas Carol.

Là encore, il y aurait des tas de choses à dire mais je suis une fangirl et en bonne fangirl j’ai choisi de m’arrêter sur l’une de mes séries favorites : Doctor Who. La sixième saison de la série (la nouvelle série, pas l’ancienne, enfin, vous voyez, celle de 2005, non mais, histoire de ne fâcher aucun puriste) s’ouvre sur un épisode de Noël (comme toujours) intitulé Le Fantôme des Noëls passés en français et… A Christmas Carol en anglais.

Cette fois, c’est le Docteur qui joue le rôle du fantôme et fait voyager le « méchant » de l’intrigue, Kazran, dans son passé et son futur pour le faire devenir meilleur. Kazran est une sorte de Scrooge vivant sur une autre planète. Et ce qui fait encore une fois le charme de cette adaptation, ce sont les nombreuses manières originales dont elle modifie le conte de Dickens pour le faire parfaitement coller à l’univers de Doctor Who. Requin volant, chants de Noël et cryogénisation autour d’une belle histoire d’amour : un épisode vraiment plein de magie et de péripéties. Un de mes épisodes préférés de Doctor Who (non, je ne dis pas ça de 90% des épisodes de Doctor Who), idéal pour les Fêtes.

Enfin, on ne peut évidemment pas parler des adaptations de A Christmas Carol sans parler du Drôle de Noël de Scrooge.

Ca n’est pas la première fois que Disney adapte le conte puisque ce bon vieil oncle Picsou avait déjà endossé le rôle de Scrooge dans le court métrage du studio, Le Noël de Mickey, en 1983.

Mais cette fois, Disney fait le choix d’une adaptation très fidèle au conte originel. Tellement fidèle que je me suis un peu émerveillée, je l’avoue, en voyant prendre vie des choses que j’avais imaginées en lisant l’histoire de Dickens. J’ai apprécié, notamment, qu’on retrouve l’apparence effroyable de certains fantômes. En effet, sur ce point, A Christmas Carol fait froid dans le dos quand on est enfant. Pourtant, on perd parfois un peu cet aspect dans les adaptations, je trouve. J’ai pourtant un souvenir très net de l’arrivée du fantôme de Marley, l’ancien associé de Scrooge, qui me faisait très peur avec ses chaines et ses cris déchirants.

Précisons que nous devons cette grande ressemblance entre le film et le conte, aux illustrations de John Leech. Celui-ci fut le premier à mettre en images A Christmas Carol lors de sa sortie en 1843. Ce sont bien souvent ses illustrations que nous avons en tête, à l’évocation du conte de Charles Dickens, car elles sont entrées depuis longtemps dans notre inconscient collectif. Je vous laisse en juger au travers de ces quelques exemples, ci-dessous. Vous pouvez vous amuser à les comparer avec les travaux des autres illustrateurs, du XXème et du XXIème siècle, qui ponctuent l’article.

Bref, réalisé entièrement en 3D (en motion capture, pour être exacte : c’est-à-dire que les acteurs ont été filmés sur fond vert puis les décors, les costumes, etc, ont été créés par ordinateur), Le Drôle de Noël de Scrooge met en scène Jim Carrey sous les traits de Scrooge. A mon sens, si vous cherchez un film fidèle au livre, je pense que vous pouvez vous tourner sans trop de crainte vers celui-là.

Peut-on vraiment pardonner Scrooge ?

Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.

Pour conclure, il me semble légitime que nous nous posions quand même la question : peut-on vraiment pardonner Scrooge à la fin de A Christmas Carol ? Après tout, il a quand même été un être détestable pendant de très nombreuses années.

Scrooge est devenu méchant à causes des affres de la vie : sa solitude sur les bancs de l’école, la mort de sa sœur, sa rupture brutale avec Belle, sa carrière envahissante… En cela, le personnage de Scrooge s’inscrit dans la veine d’autres méchants réduits à cela par la vie. (…) Le personnage est donc complexe. Sa méchanceté pourrait même s’expliquer, voire se justifier.

Source : Chronique Disney – Ebenezer Scrooge

N’est-ce pas un peu facile de simplement le pardonner, parce qu’il prend finalement conscience de son comportement ? Peut-on d’ailleurs justifier sa méchanceté par son enfance malheureuse ? Ce serait injuste envers les gens qui, malgré ça, sont restés bons dans leur vie, non ?

Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.

Ma foi, il est légitime de se poser ces questions, oui. L’on pourrait d’ailleurs disserter des heures sur la morale chrétienne que cherche également à transmettre Dickens, à travers ses écrits (et celui-ci en particulier). C’est sans doute cette morale qui pousse le croyant à pardonner un être comme Scrooge. Pourtant, je suis athée et je pardonnerais Scrooge également, s’il existait. Car si l’on ne pardonne pas durant la période de Noël, le fera-t-on jamais ? Il me semble que, comme Scrooge, au fil de l’histoire, la morale qui nous est transmise est bien celle-ci : soyez humains, ayez du cœur et partagez-le tant que possible pour faire des émules.

Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Roberto Innocenti pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.

La morale de A Christmas Carol n’est pas, pour moi, uniquement chrétienne ou liée à Noël : elle est universelle et j’espère vous l’avoir transmise un peu, à travers cet article.

Joyeux Noël ! Joyeuses Fêtes !

Illustration de Harold Copping pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Illustration de Harold Copping pour A Christmas Carol (Un Chant de Noël) de Charles Dickens.
Sources

Scan de A Christmas Carol sur Google Books
Un chant de Noël – Wikipédia
Ebenezer Scrooge – Chronique Disney
A Gallery of John Leech’s Illustrations for Dickens’s A Christmas Carol

Inktober 2018 – Mes dessins

Pour la deuxième année consécutive, j’ai décidé de participer à l’Inktober ! Pour ceux qui ne sauraient pas de quoi il s’agit, je vous avais fait un petit topo sur le sujet dans l’article qui présentait mes dessins, l’année dernière.

Comment s’est passé l’Inktober cette année ?

Cette année, j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et de passer du noir et blanc à la couleur. J’ai enfin ressorti mes aquarelles et mes pinceaux, ça m’a fait beaucoup de bien. Mais, évidemment, j’ai eu beaucoup plus de mal à tenir le rythme d’un dessin par jour pendant trente et un jours.

Au final, il me manque deux dessins et certains ne sont pas colorés (c’est voulu pour le 19ème mais pas pour les autres). Mais, bon, je suis quand même très fière de moi parce que ça représente un sacré progrès par rapport à l’année dernière déjà. Et par rapport à mon état de santé et à ma confiance en moi et en mes capacités, surtout.

Je vous laisse découvrir mes dessins ci-dessous. Quant à ceux qui voudraient en savoir encore plus à leur sujet, sachez que j’ai détaillé mon travail au jour le jour sur Instagram. Vous y trouverez aussi des photographies de ces dessins en cours de réalisation, des anecdotes, leur petite histoire à chacun.

Mon Inktober 2018 :

Thèmes de l'Inktober 2018
Thèmes de l’Inktober 2018

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Nick Cave : Des costumes qui dansent, chantent et font de la musique

Nick Cave ou Nick Cave ?

L'artiste Nick Cave posant avec l'un de ses Soundsuits.
L’artiste Nick Cave posant avec l’un de ses Soundsuits.

Nicholas Edward Cave, dit Nick Cave, est un artiste australien, chanteur du groupe Nick Cave and the Bad Seeds… FAUX ! Ca n’est pas de ce Nick Cave là dont nous allons parler mais de son homonyme, Nick Cave, artiste américain, à la fois plasticien, danseur et directeur de la section mode de la School of art Institute de Chicago. Plus particulièrement, nous allons nous intéresser à ses Soundsuits (costumes sonores). Et oui, c’est Mardi Gras, l’occasion idéale pour parler costumes et déguisements !

Les Soundsuits de Nick Cave : Présentation

Les Soundsuits sont des déguisements, des costumes que crée Nick Cave. Ils sont fabriqués à partir d’éléments hétéroclites qui, par leur association, transforment plus ou moins les formes du corps de celui qui porte le costume, lui donnant une allure étrange de créature venue d’ailleurs.

Mais ce qui fait vraiment la particularité de ces déguisements, comme l’indique leur nom, c’est qu’ils produisent du son. En bougeant, en remuant, le porteur du costume crée du bruit grâce à la friction ou au mouvement des différents éléments qui composent son Soundsuit.

Chaque Soundsuit est différent et produit plus ou moins de son. Cela dépend du mouvement du danseur qui le porte ou de ce dont il est fait.

Pour réaliser ces œuvres fantasmagoriques, Nick Cave utilise essentiellement des matériaux et des objets de récupération.

Généralement, les Soundsuits sont présentés comme des sculptures dans les différentes expositions (les costumes sont portés par des mannequins comme dans une boutique de prêt-à-porter), accompagnées de vidéos mettant en scène les costumes. Plus rarement, il est possible de les voir « en live ». Ce fut le cas en France lors de la parade d’ouverture de Lille 3000 en 2012.

Les Soundsuits de Nick Cave : Inspirations

Mais à quoi peuvent bien servir ces costumes bruyants et loufoques ? On ne va quand même pas porter ça ? Sinon, en quoi c’est de l’art ? C’est généralement les premières questions qui viennent à l’esprit du spectateur qui découvre les Soundsuits. Est-ce que c’est juste pour le fun ?

Des costumes de carnaval ?

On peut en effet penser aux costumes bariolés et amusants des carnavals en voyant les Soundsuits. Les gens s’amusent ainsi avec des accoutrements plus ou moins étranges depuis des siècles. Revêtir un costume, c’est devenir quelqu’un d’autre, c’est devenir qui l’on veut ou n’importe qui. Cela est particulièrement libérateur et c’est pourquoi le déguisement est souvent synonyme de fête, de plus ou moins de débauche, mais aussi de bien des mystères (mais qui se cache sous ce masque ? Hum…).

Albert Lynch, Le Bal Masqué, Peinture à l'huile sur bois, 61 x 49,5 cm, 1851-1912
Albert Lynch, Le Bal Masqué, Peinture à l’huile sur bois, 61 x 49,5 cm, 1851-1912

A priori, le carnaval de Rio n’a rien à voir avec celui de Venise, tout comme aucun d’eux n’a à voir avec celui de Dunkerque, en terme de costumes. Pourtant, reste la même idée de se travestir, de se dissimuler sous un masque, un maquillage ou un costume et de faire la fête. C’était déjà le cas dans les bals masqués d’antan, où l’on s’amusait volontiers à faire semblant d’être une déesse de la mythologie gréco-romaine alors qu’on était en réalité une femme de la Cour – ou au XIXème siècle, quand un simple masque suffisait à tromper son épouse en toute liberté sans pourtant duper quiconque, en réalité. Le port du costume est l’occasion de devenir quelqu’un d’autre et donc de pouvoir faire des choses que l’on ne s’autoriserait pas habituellement.

Si le costume est donc souvent synonyme de fête, d’amusement, de « fun », il n’en possède pas moins un intérêt plus profond, qui dit beaucoup sur la nature de l’Homme. Étrangement, dissimuler notre corps ou notre visage nous permet de montrer des choses de nous-mêmes que nous ne montrerions pas sous notre véritable apparence. Et, en effet, « il y a certaines choses que l’on cache pour les montrer », comme le disait Montaigne.

Des costumes rituels ?

Créer des costumes, c’est forcément s’ancrer dans la longue histoire des déguisements en tout genre. C’est aussi tisser des liens avec tous les costumes sacrés, rituels, traditionnels… qui ont accompagné l’histoire de notre civilisation et existé chez tous les peuples du monde jusqu’à nos jours. Nick Cave n’échappe pas à cette règle.

Les costumes de Nick Cave transforment ceux qui les portent en créatures étranges, au visage le plus souvent masqué qui les rendent anonymes. Les porteurs deviennent dès lors plus humanoïdes qu’humains et suscitent alors le sentiment d’une inquiétante-étrangeté : leurs couleurs vives, pop, lumineuses, sont attirantes, attrayantes, tandis que la forme globale des costumes brouille les formes du corps, le rendant étrange, inhabituel, difforme parfois. Nous sommes dans un entre-deux qui n’est pas sans rappeler celui des rêves, de l’imaginaire, du fantastique où tout est à la fois possible et un peu bizarre.

Le bruit produit par les costumes n’a pas un but mélodique : c’est seulement du bruit, une cacophonie plus ou moins forte en fonction des costumes. Ce sont des bruits qu’un corps humain est incapable de produire de lui-même, sans accessoire. Les costumes demandent d’être portés en bougeant, en remuant, en dansant… Cela a quelque chose de festif (comme dans le cas de Lille 3000 où les costumes de Nick Cave furent d’abord présentés pour l’ouverture des expositions, sous la forme d’un défilé qui évoquait à la fois le monde de la mode mais aussi les carnavals dont la région est friande) mais évoque aussi certaines danses rituelles aux rythmes entêtants qui, à nos yeux d’occidentaux, peuvent paraître presque inquiétantes. Est-on face à une sorte de rituel vaudou ? Quelle puissance supérieure ces danseurs sont-ils en train d’invoquer ? A moins qu’ils ne soient, eux-mêmes, les créatures d’un mythe inconnu dans nos contrées ? On peut se poser la question devant certains costumes faits de branchages et qui peuvent faire penser à des monstres de la culture populaire comme le Bigfoot ou le Yeti. Quand d’autres costumes, eux, ont tout du Cousin Machin multicolore à la silhouette déformée. Les Soundsuits semblent appartenir à plusieurs époques et cultures, et ne s’attacher véritablement à aucune au final en les réunissant toutes à la fois.

L'artiste Nick Cave posant avec ses Soundsuits.
L’artiste Nick Cave posant avec ses Soundsuits.

Heureusement, les couleurs pimpantes des costumes font surtout naître un sentiment de joie chez les spectateurs. Et elles s’entremêlent gaiement au rythme des danses qu’interprètent leurs porteurs. Nous sommes en présence de monstres-gentils, comme sortis d’un cartoon qui aurait trop forcé sur le LSD. On assiste à un spectacle aux tendances psychédéliques qui peut évoquer la période Hippie et ses danses destructurées, bercées par une musique devenue parfois étrange pour nos oreilles contemporaines. Les couleurs utilisées et les motifs des costumes ne sont pas non plus sans rappeler la période fantasque des seventies où toutes les folies semblaient possibles. Les Soundsuits fonctionnent alors comme un exutoire, probablement autant pour l’artiste, le porteur du costume et le spectateur.

Peace and love, alors, les costumes de Nick Cave ?

Des costumes pour dénoncer ?

Pas tout-à-fait. Car dans les années 1990, Nick Cave crée son premier « Soundsuit » en réponse au passage à tabac par des policiers que subit Rodney King en 1991 et qui est suivi d’un épisode de violentes émeutes aux États-Unis. Rodney King est afro-américain et les violences que lui infligent les policiers sont aussitôt considérées comme une attaque raciste tandis que la vidéo de son arrestation musclée fait le tour des télévisions américaines. Cela fait écho à des histoires bien plus récentes que celle-ci. Le problème ne date donc pas d’hier et n’est toujours pas prêt d’être réglé…

Nick Cave est particulièrement marqué par cette histoire. D’autant plus qu’il est lui aussi afro-américain.

Or, l’artiste décrit ses Soundsuits comme une « seconde peau ou une armure » qui invoque le pouvoir transformateur et libérateur de la musique et de la danse. Les Soundsuits recouvrent complètement le corps et le déforment. Les matières, les matériaux, les objets qu’utilise Nick Cave pour les fabriquer, transforment presque le danseur en forme abstraite lorsqu’il bouge. Il suffit de faire un arrêt sur image d’une vidéo mettant en scène ses costumes pour en avoir le cœur net (je vous mets deux de ces vidéos ci-dessous). Peu importe finalement le danseur : il est tout le monde et n’importe qui ; il n’a plus d’origine, de statut social, d’âge, de sexe… Il devient autre chose. Une créature dansante. Une masse de couleurs, de bruits, de matières qui bougent. Une sculpture mouvante. Une performance mêlant différents arts visuels, différentes cultures, évoquant le passé, l’imaginaire, la fête… Il devient œuvre. Il devient art.

Plus que des costumes pour dénoncer, ce sont donc davantage des costumes pour rassembler et libérer ; pour montrer le monstre que nous avons tous en nous et qui, finalement, ne demande qu’à être libéré de temps en temps dans la joie et la bonne humeur.


Sources :
Lille 3000, le Nord en version FAntAstic avec le plasticien Nick Cave
Soundsuit, Nick Cave | Mia
Les soundsuits de Nick Cave – Le Beau Bug
Nick Cave – Collectif Textile

Petite histoire de fantômes : La Famille Invisible

La Marquise du Deffand disait : « Je ne crois pas aux fantômes mais j’en ai peur. » Étrange contradiction qui peut paraître difficile à décrypter, à première vue. La Marquise semble nous dire que si elle ne croit pas aux fantômes, cela ne l’empêche pas d’en avoir peur. Il existe en effet un monde entre ce à quoi l’on croit (ou non) et ce qui existe véritablement (ou non). Dans le doute, même si l’on ne croit pas aux fantômes, on peut les craindre, car l’on a ni prouvé leur existence, ni prouvé leur non-existence. C’est un peu le même paradoxe qui existe aujourd’hui avec nos chers extraterrestres, ceux-là même qui n’ont toujours pas montré le bout de leur nez (s’ils en ont un) ; à la fois si attendus et si craints, alors même qu’on ignore tout d’eux et qu’on ne sait même pas s’ils existent.

Mais qu’est-ce qu’un fantôme ? S’agit-il seulement de ces entités inquiétantes, perdues dans l’au-delà, ces êtres qui nous ont quittés et qui sont censés revenir nous hanter ? Dans ce cas, je ne crois pas aux fantômes. De quels fantômes peut alors avoir peur la Marquise si elle ne croit pas en eux ? Si l’on considère qu’elle entend par « fantômes » certains éléments de sa vie passée, alors je peux comprendre qu’elle en ait peur. On parle parfois des « fantômes du passé » ; quand quelque chose ressurgit dans notre vie et vient potentiellement la bouleverser. C’est l’effet boule de neige. Ou le karma, dans d’autres cultures. Comme si tous nos actes portaient tôt ou tard à conséquence. Comment savoir si cela est vrai ou non ? Comment savoir si les fantômes de notre passé nous rattraperont un jour ou non ? Comment reconnaître ces fantômes ? citrouille-halloween

Une longue introduction pour vous souhaiter un joyeux Halloween ! Après les clowns ou les citrouilles chantantes, c’est au tour des fantômes de faire leur entrée chez Studinano !

Aujourd’hui, nous allons nous arrêter sur une œuvre que j’ai découvert il y a quelques années à Lille, au Tri Postal : celle de Théo Mercier, La Famille Invisible.

La Famille Invisible, Théo Mercier, Sculpture, 140x80x200 cm.
La Famille Invisible, Théo Mercier, Sculpture, 140x80x200 cm.

Cette œuvre a tout de suite retenu mon attention car elle est incroyablement polysémique. J’y ai vu plusieurs façons de l’appréhender. Mais mettons-nous tout de suite d’accord : ces interprétations sont tout-à-fait personnelles. Vous en verrez peut-être d’autres qui m’ont échappé et je vous invite à me les faire connaître dans les commentaires si c’est le cas !


Sommaire de l’article :

Une histoire de famille
Le Cousin Machin : star de l’Art ?
Fantômes ou Burka : identité(s) cachée(s)
Un problème plus profond : un secret de famille


Une histoire de famille

D’abord, bien sûr, il s’agit d’une famille. Un père, une mère, deux enfants, semble-t-il. Une famille de fantômes, certes, mais une famille quand même. L’artiste nous met là face à un thème qui pose question dans notre société actuelle : qu’est-ce qu’une famille, au XXIème siècle ? On a vu, ces dernières années, comme cette question pouvait créer des débats plus ou moins fondés, en particulier en France. Quand le Mariage pour Tous a été voté, nombre d’imbéciles de gens sont descendus dans les rues pour essayer de priver les autres de leur droit à fonder à leur tour une famille. Alors même qu’ils n’étaient en rien concernés. Les prétendus arguments portaient souvent sur leur représentation de la famille idéale : un papa, une maman, des enfants. Dans leur esprit, voilà la seule famille possible.

Cette famille type est celle que représente ici Théo Mercier. Mais c’est une famille de fantômes. Est-ce là une façon de dire que ce modèle est dépassé ? Qu’il n’est plus le seul existant ? A l’heure des familles monoparentales, homoparentales, recomposées, décomposées, inexistantes, surexistantes… Tout est désormais possible. Le modèle unique qui a longtemps été prôné par l’Eglise n’existe plus. Ou, en tout cas, il n’est plus le seul existant.

Mais en dehors des excités du pavé que sont les Manif pour Tous, il existe d’autres paranoïaques de la famille idéale. Dans le camp complètement inverse, j’ai entendu des gens s’exprimer contre l’idée même de famille : pour eux, la famille idéale est celle qui n’existe pas. Au XXIème siècle, pour eux, il serait temps de passer à autre chose. Vivre seul et avec tout le monde en même temps. S’autoriser la possibilité d’être avec une personne un jour, et une autre le lendemain. Bref, briser le couple car le couple est démodé. Soit… Ces extrêmes sont quand même un peu flippants à mon goût, mais soit.

On voit bien à travers ces différentes conceptions que la famille, le couple, l’amour posent de grandes questions de nos jours. Mais cela a toujours été le cas et nous nous posons tous des questions, même si elles sont souvent moins extrêmes que celles que j’ai pu exposer plus avant. Nous avons surtout la chance que beaucoup de tabous soient tombés au fil du temps, nous permettant d’exposer au grand jour des questions qui, autrefois, étaient gardées secrètes ou qu’on osait pas même se poser.

Dans l’œuvre de Théo Mercier, c’est une famille morte qui nous est montrée. Une famille fantomatique. On peut y voir à la fois la mort de la famille. Ou une famille qui reste elle-même par-delà la mort. Comment savoir ? Nous sommes dans un entre-deux. En pleine période de changements, d’interrogations, l’œuvre de Théo Mercier semble faire le pont entre différentes conceptions de ce qu’est la famille (si elle existe encore). Il ne nous donne pas de réponse : il nous pousse au questionnement.

Le Cousin Machin : star de l’Art ?

Face à une œuvre comme celle-ci, la Famille Addams n’a qu’à bien se tenir ! Ceci dit, on sent quand même que Théo Mercier a pu y trouver son inspiration : les lunettes noires de ses personnages me font penser à celle du Cousin Machin. Il est d’ailleurs assez étonnant de voir à quel point ce personnage a pu inspirer nombre d’artistes (d’ailleurs, je m’en inspire aussi). Il faut dire que c’est un personnage qui a de quoi séduire : on ignore ce qu’il est sous son épaisse chevelure, il semble aussi humain que monstrueux, il est à la fois étrangement mignon et bizarrement effrayant. Bref, c’est un personnage qui porte en lui les caractéristiques de l’Inquiétante Etrangeté décrite par Freud et utilisée par de nombreux artistes.

L'un des premiers Cousin Machin de la Famille Addams. On retrouve les lunettes de soleil qui indiquent l'emplacement des yeux et donne une allure anthropomorphique au personnage, le rendant plus humain et... plus effrayant en même temps.
L’un des premiers Cousin Machin de la Famille Addams. On retrouve les lunettes de soleil qui indiquent l’emplacement des yeux et donne une allure anthropomorphique au personnage, le rendant plus humain et… plus effrayant en même temps.
Dans cette oeuvre, Javier Perez donne sa version du Cousin Machin. Comme dans beaucoup de ses oeuvres, on est dérangé par cette forme étrangement humaine, pendue au plafond. L'artiste fait en sorte de provoquer un certain malaise chez le spectateur.
Dans cette oeuvre, Javier Perez donne sa version du Cousin Machin. Comme dans beaucoup de ses oeuvres, on est dérangé par cette forme étrangement humaine, pendue au plafond. L’artiste fait en sorte de provoquer un certain malaise chez le spectateur.
Javier Perez semble apprécier le monstre ambigu qu'est le Cousin Machin. Ici, on aperçoit l'homme sous la fourrure... Ou peut-être pas.
Javier Perez semble apprécier le monstre ambigu qu’est le Cousin Machin. Ici, on aperçoit l’homme sous la fourrure… Ou peut-être pas.
Nick Cave est un artiste qui réalise des costumes fantaisistes et surréalistes. Nombre d'entre eux ont de faux-airs de Cousins Machins, plus ou moins multicolores. Comme Théo Mercier, ses oeuvres étaient présentées lors de l'exposition Phantasia de Lille, au Tri Postal.
Nick Cave est un artiste qui réalise des costumes fantaisistes et surréalistes. Nombre d’entre eux ont de faux-airs de Cousins Machins, plus ou moins multicolores. Comme Théo Mercier, ses oeuvres étaient présentées lors de l’exposition Phantasia de Lille, au Tri Postal.
On peut aussi retrouver le Cousin Machin dans la pub. Le photographe Hugh Kretschmer nous le prouve avec cette image qui a tout d'une oeuvre surréaliste. On retrouve la cigarette perturbante, comme chez Théo Mercier. Bizarre, vous avez dit bizarre ?
On peut aussi retrouver le Cousin Machin dans la pub. Le photographe Hugh Kretschmer nous le prouve avec cette image qui a tout d’une oeuvre surréaliste. On retrouve la cigarette perturbante, comme chez Théo Mercier. Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Faceless Girl au manteau
Cette Faceless Girl au manteau est ma version du Cousin Machin.
(Encre sur papier Canson | Ink on Canson paper)

Fantômes ou Burka : identité(s) cachée(s)

Un questionnement qui peut aller plus loin encore. Ces fantômes, dont les corps sont recouverts de longs draps blancs, peuvent aussi évoquer les nombreuses questions du voile, de la burka, du burkini même. Ici, ça n’est pas seulement la femme qui est dissimulée sous le tissu mais tous les membres de la famille. Vous me direz, quoi de plus normal, ce sont des fantômes et c’est ainsi que nous représentons les fantômes, dans la culture pop ! Mais c’est aussi là que l’on s’aperçoit qu’il y a quelque chose d’étrange et d’inquiétant à ne pas voir le visages de ces personnages. Que cachent-ils sous ces draps ? Cachent-ils seulement quelque chose ? Tous les doutes sont permis. Et, de nos jours, ces doutes sont justement ceux qui nous poussent à craindre tout le monde et n’importe qui, à stigmatiser autant qu’à nous radicaliser, quel que soit le camp choisi au final.

Ces draps que portent les fantômes sont considérés comme des déguisements. Il n’est pas rare d’en croiser dans les rues au moment d’Halloween. On se cache pour faire peur, pour surprendre, pour jouer à être un autre.

Le thème du déguisement qui dissimule pour mieux inquiéter, intriguer, attirer l’attention tout en cachant qui l’on est vraiment, est très présent dans l’Art et dans l’Histoire. Le masque est le premier pas vers le déguisement. Les bals masqués existent depuis très longtemps, partout dans le monde. Le carnaval de Venise est célèbre pour ses déguisements qui dissimulent complètement les personnes qui les portent. Sous le Second Empire, on sait que les bals masqués étaient le lieu de tous les possibles ; on y venait autant pour tromper son conjoint que pour prendre des décisions politiques majeures ; on s’y montrait, on devait y être vus mais, en même temps, on mettait un grand soin à ne pas être reconnu trop facilement, à se dissimuler derrière un masque et tout un déguisement plus ou moins élaboré.

Qui est le monstre inquiétant, alors ? Celui qui se montre ou celui qui se cache ?

Henri Gervex (1852-1929)Le bal de l'Opéra, Paris1886Huile sur toileH. 85 ; L. 63 cmCourtoisie Galerie Jean-François Heim, Bâle© Photo courtesy of Galerie Jean-François Heim, Basel / cliché Julien Pépy
Henri Gervex (1852-1929)Le bal de l’Opéra, Paris1886Huile sur toileH. 85 ; L. 63 cmCourtoisie Galerie Jean-François Heim, Bâle© Photo courtesy of Galerie Jean-François Heim, Basel / cliché Julien Pépy

Dans l’œuvre de Théo Mercier, on constate que le fantôme qui semble être le père tient une cigarette à la main ; n’est-il pourtant pas mort ? J’ai la même impression face à ce fantôme à la cigarette que lorsque je croise des femmes couvertes de la tête aux pieds à Disneyland Paris. Comme si deux visions du monde se rencontraient, se croisaient tout du moins, en créant sur leur passage une impression d’étrangeté. Comme quand quelque chose cloche mais qu’on est incapable de dire exactement pourquoi. La cigarette du fantôme est une bizarrerie qui nous interpelle. La femme voilée au milieu d’un des temples du consumérisme à l’américaine également. De la même manière, je ne cesse de trouver des plus étranges de voir des touristes en tong et chaussettes se balader dans les couloirs du Louvre, au milieu des département des Antiquités, là où sont exposées des œuvres dont les cousines sont explosées, actuellement en Syrie et ailleurs, dans l’indifférence la plus complète.

Quelque chose cloche dans notre société. Et, à mes yeux, cette œuvre pointe du doigt ce paradoxe, ce problème, ce truc coincé dans l’engrenage et qui l’empêche de tourner correctement. Le déguisement, le costume qui cache, permet ici de pointer du doigt et d’attirer l’attention sur un problème plus profond.

"Cette sculpture représente la Vierge enceinte de Jésus, debout les bras ouverts, figure de l’iconographie chrétienne rarement traitée. La Vierge est vêtue d’une tunique qui, tel un drapé mouillé, colle au corps, révélant avec impudeur sa nudité. Un voile, fabriqué à partir de boyaux de porc séchés, la recouvre de la tête aux pieds. La Vierge, paradigme d’une maternité sans tâche, devient ici une figure fantasmagorique, inquiétante, dans laquelle s’opposent, comme souvent dans les œuvres de Javier Pérez, les notions antagonistes du charnel et du spirituel, du laid et du beau, de l’impur et du sacré." (Source)  Javier Pérez Virgo Mater, 2012, Résine et boyaux de porc séchés
« Cette sculpture représente la Vierge enceinte de Jésus, debout les bras ouverts, figure de l’iconographie chrétienne rarement traitée. La Vierge est vêtue d’une tunique qui, tel un drapé mouillé, colle au corps, révélant avec impudeur sa nudité. Un voile, fabriqué à partir de boyaux de porc séchés, la recouvre de la tête aux pieds. La Vierge, paradigme d’une maternité sans tâche, devient ici une figure fantasmagorique, inquiétante, dans laquelle s’opposent, comme souvent dans les œuvres de Javier Pérez, les notions antagonistes du charnel et du spirituel, du laid et du beau, de l’impur et du sacré. » (Source)Javier Pérez
Virgo Mater, 2012,
Résine et boyaux de porc séchés 

 

Un problème plus profond : un secret de famille

D’ailleurs, Théo Mercier n’a pas seulement réalisé son étrange famille fantomatique. Il a remis ça avec cette autre œuvre, intitulée Le Grand Public. Tout aussi mystérieuse que la précédente, cette œuvre nous montre cette fois des personnages très différents les uns des autres. Du fou (qu’on reconnaît à l’entonnoir retourné sur sa tête) à l’enfant, du vieillard au parfait inconnu, en passant, justement, par le personnage coiffé d’oreille de Mickey.

Théo Mercier, Le Grand public, 2012 Courtesy de l’artiste et galerie Gabrielle Maubrie, Paris
Théo Mercier, Le Grand public, 2012 Courtesy de l’artiste et galerie Gabrielle Maubrie, Paris

Le truc coincé dans l’engrenage apparaît bien plus clairement dans cette œuvre. Ces fantômes sont tout le monde et personne à la fois. Ils nous évoquent des êtres que nous avons pu croiser, ils nous rappellent des choses que nous avons vues, ils nous aident à mettre le doigt sur ce sentiment d’incompréhension qui nous envahit parfois. Et c’est ainsi que les fantômes de Théo Mercier deviennent un peu nos fantômes ; ceux de notre passé commun, ceux sur lesquels nous avons basé notre monde et son système de fonctionnement, ceux qui nous rattraperont tôt ou tard.

Ces fantômes, je les vois comme des personnifications d’un secret de famille. Or, le « secret de famille » est typiquement le genre de « fantôme » qui peut ressurgir tout-à-coup et faire très mal. On en a fait des livres et des films sur le sujet ! Plutôt des drames que des comédies légères. Le secret de famille est le fantôme qu’on a enfermé un beau jour au fond d’un placard, qu’on a presque oublié et qui parvient à s’échapper pour tout envoyer valser sur son passage quand on s’y attend le moins. Et cette famille, c’est celle que nous formons tous, c’est l’Humanité toute entière, qui n’hésite pas à tout planquer sous le tapis plutôt que de faire le ménage nécessaire. Il n’y aura bientôt plus de place sous le tapis. D’ailleurs, on ne sait plus très bien ce que cache le dit tapis. Un peu comme on ne sait pas très bien ce qui se cache sous les draps des fantômes de Théo Mercier. Quand quelqu’un viendra le secouer un beau jour, nous aurons sans doute de sacrées surprises… et pas que des bonnes.

L'Enfance du Mal, Théo Mercier.
L’Enfance du Mal, Théo Mercier. (Source photo)

Si vous souhaitez voir d’autres créations que j’ai pu réaliser pour Halloween, ces dernières années, vous pouvez visiter cette page sur laquelle je les regroupe.

Jack-o'-Lantern
Quitte à vous souhaiter un joyeux Halloween et à vous parler de fantômes… revoici mes Jack-o’-Lantern !
(Aquarelle et encre sur papier Canson)

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