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Hans Zatzka : Les femmes mignonnes

Il est difficile pour moi de ne choisir qu’une seule oeuvre de Hans Zatzka car j’aimerais toutes les partager avec vous (d’autant plus que j’ai l’impression qu’il est assez méconnu du grand public). Je suis littéralement amoureuse de son style pictural ; la façon dont il utilise les couleurs, dont il réalise les drapés, les décors dans lesquels ils placent ses personnages… Bref, je suis sous le charme. C’est doux, léger, poétique. Ici, il s’agit de la Symphonie des Nymphes de l’eau. Je vous laisse admirer la façon dont l’artiste a réalisé, à la fois, la transparence de l’eau et celle des drapés, mais aussi les détails des chevelures et, dans le décors, des plantes, le moindre feuillage. J’espère que vous aimerez autant que moi.

Symphony of the water nymphs
Symphony of the water nymphs
Oil on canvas
79 x 64 cm
(31.1 x 25.2 in.)

Hans Zatzka (1859-1949) était un peintre autrichien spécialisé dans les sujets religieux ou mythologique mais surtout reconnu pour la façon dont il représentait les figures féminines.

Des figures qui ont presque l’air de poupées de porcelaine, toutes plus mignonnes les unes que les autres. Il faut dire que l’artiste représente beaucoup de nymphes. On peine à imaginer qu’elles pourraient être laides ! Toutefois, il peint également des « humaines » qui ne sont pas moins jolies.

Mais ce qui me plaît le plus, je crois, c’est que je n’ai pas trouvé de représentations ultra-sexualisée du corps de la femme dans les peintures de Zatzka. Ses figures sont charmantes mais pas nécessairement aguicheuses. Même dans une peinture comme Anticipation, où une femme en sous-vêtements attend, de toute évidence et de façon très amusée, que son amant surgisse dans sa chambre. (D’ailleurs, le déshabillé que porte la femme représentée dans cette peinture me plaît beaucoup, j’en veux bien un pareil. A bon entendeur.) Zatzka peindra plusieurs toiles du même genre, mettant en scène ce même « jeu » d’amoureux.

Date (Rendez-vous) ou Anticipation Oil on canvas - Huile sur toile 70 x 40 cm  (27.6 x 15.7 in.)
Date (Rendez-vous) ou Anticipation
Oil on canvas – Huile sur toile
70 x 40 cm
(27.6 x 15.7 in.)

Cela n’empêche pas Zatzka de réaliser toute une série de portraits en « trous de serrure ». Littéralement : on peut y voir des femmes en déshabillés comme si nous regardions à travers un trou de serrure. Pourtant, même ces réalisations ont quelque chose de mignon. On est loin de la pornographie hard, vous voyez ? Disons que c’est coquin. (j’adore ce mot, mais allez placer ça quelque part de nos jours… Wait. Je crois que cette phrase est tendancieuse)

Femme nue en déshabillé, vue par le trou de la serrure Oil on panel - Huile sur panneau 47 x 32 cm  (18.5 x 12.6 in.)
Femme nue en déshabillé, vue par le trou de la serrure
Oil on panel – Huile sur panneau
47 x 32 cm
(18.5 x 12.6 in.)

D’aucuns trouvent que ses tableaux sont mièvres, niais et sans grand intérêt mais je les trouve très beaux (et puis, d’aucuns pensent ça aussi des tableaux d’Antoine Watteau, par exemple, ce qui ne l’empêche pas d’être connu comme un des plus célèbres peintres français). Ils sont, pour moi, un peu de douceur et de fraicheur dans un monde de brutes. Quant à la maîtrise technique de l’artiste, elle est indéniable. Mais là encore, certains diront que l’art n’a pas pour vocation de faire du beau… Et il est vrai. Ce qui ne veut pas non plus dire qu’il n’a pas à en produire du tout !

Hans Zatzka
Arabian Nights
Oil on canvas
75.2 x 63.1 cm
(29.61″ x 24.84″)
Private collection

Cette danseuse orientale est une autre de ses toiles que j’admire particulièrement. En grande partie pour le choix des couleurs employées. Elle est une parfaite représentation de l’ambiance des Milles et unes Nuits. On pourrait presque entendre la musique et voir danser la jeune femme.

Voici quelques autres de ses toiles dans lesquelles je vous invite à admirer les détails et les couleurs, les jeux de lumière et la composition car tout est absolument admirable :

Hans Zatzka
Skittles
Oil on panel
31.3 x 47 cm
(12.32″ x 18½ »)
Private collection

Hans Zatzka - Sleeping Beauty

Hans Zatzka

Hans Zatzka

Portrait d’une Nelumbaë

Nelumbaë – La naissance

50cm/61cm
Peinture acrylique sur toile

 

Le nom de cette toile s’inspire du nom scientifique d’une variété de Lotus. Je l’ai transformée afin de lui insuffler un peu de la magie des noms elfiques à la JRR Tolkien. Nelumbaë peut donc être considéré comme le nom de la petite cyclope à la peau rosée qui est représentée dans cette peinture.

Nelumbaë nait, en effet, d’un Lotus. Il faut savoir que le Lotus se nourrit de la boue pour s’épanouir. C’est une très jolie fleur qui peut surgir des eaux les plus saumâtres. C’est cette caractéristique, porteuse d’une symbolique forte, qui m’intéressait. C’est pour cette raison que je l’ai choisie comme « incubateur » de mes personnages.

Laissez-moi vous les présenter :

Ces derniers sont des cyclopes. Ils apparaissent dans d’autres de mes peintures et ils sont intimement liés à mes Faceless Girls (mais c’est une autre histoire, qu’il faudra que je vous raconte une autre fois ;)). Les Nelumbaë naissent, donc, dans des fleurs de Lotus et sont pourvues soit d’un oeil unique, soit d’une bouche aux lèvres rouge sang. Ce ne sont ni des femmes, ni des hommes. Ils ont un corps assez féminin mais aucune réelle caractéristique sexuelle précise. Ici, Nelumbaë n’a qu’un oeil. Si deux yeux pour l’humanité correspondent à l’état normal, trois à une clairvoyance surhumaine, un seul révèle un état assez primitif et sommaire des capacités à comprendre. Cela est probablement lié à la mythologie grecques dans laquelle les Cyclopes furent tués par Apollon, Dieu de la sagesse. L’oeil unique trahit donc une récession de l’intelligence, ou son commencement, ou la perte du sens de certaines dimensions et de certains rapports. Dans la tradition chrétienne, on représente également souvent les démons de la même manière, pourvus d’un seul oeil. J’imagine les Nelumbaë comme un peuple naissant. Ils évoluent dans un monde étrange, une réalité différente de la notre mais créée par elle ; ils sont le peuple que j’imagine se cacher derrière chaque information que nous laissons sur l’Internet. Ils sont la personnification de toutes ces données que nous injectons dans nos machines et qui, une fois lâchées sur la toile, ne dorment plus jamais.

Dans cette peinture, j’ai aussi choisi de représenter une sorte de rossignol, dont le chant est à la fois symbole d’amour et de mort. Ici, son chant produit des papillons qui, pour moi, sont une bonne façon de personnifier les pensées, les idées. Comme elles, les papillons sont volatiles, fragiles, ils peuvent s’envoler en un battement d’aile. Un papillon met du temps à naître, à avoir de belles ailes colorées. Il doit se développer, de petite chenille, en passant par une certaine période où, enfermé dans sa chrysalide, il deviendra majestueux. Puis, sa vie est relativement courte. S’il n’est pas observé au bon moment, il meurt sans que personne ne s’en soucie car il existe des milliers d’autres êtres comme lui et des millions d’autres moins discrets aussi. Les pensées, les idées sont comme eux. Combien disparaissent sans avoir jamais été ne serait-ce qu’admirées comme il se devait ?

Pour résumer, cette peinture est une sorte de portrait de présentation d’une Nelumbaë. Elle vient de naître et, à travers d’autres travaux, j’espère parvenir à vous raconter également la suite de son histoire :)