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Les Autarkëia

Aujourd’hui, laissez-moi vous présenter les Autarkëia.

Leur nom provient du mot « autarcie » car ces humanoïdes possèdent des caractéristiques physiques qui leur permettent de vivre sans aucune aide particulière du monde extérieur. Ils réutilisent leurs ressources de base en continu ; air, besoins nutritionnels… Ce qui a été introduit un jour dans leur système le reste à jamais tant que la boucle qui sert de circuit de transport à ces éléments vitaux ne se brise pas. Ils ne sont ni homme, ni femme, bien que leur corps puisse être plus ou moins féminin ou masculin, selon leur naissance. Leur reproduction est donc un mystère mais certains disent qu’ils naissent au loin, d’abord dans le sous-sol des forêts reculées puis à l’air libre, dans celles-ci. Leur masque, semble-t-il, ne leur est donné que plus tard mais, du fait de la méconnaissance qui entoure le lieu de leur création, personne ne sait quel visage (ou non-visage) peut bien se cacher dessous.

Les Autarkëia évoluent dans le même univers virtuel que les Faceless Girls. Ils leur ressemblent, par certains aspects. Nul ne sait si les Faceless Girls étaient là avant les Autarkëia ou l’inverse. Ainsi, impossible de savoir qui a bien pu créer ces personnages à l’allure pour le moins robotique (bien que certains d’entre eux possèdent plus de caractéristiques robotiques que d’autres, d’ailleurs, qui peuvent paraître beaucoup plus humains). Quoi qu’il en soit, il semble que les Autarkëia n’aient pas de volonté propre. Ils effectuent inlassablement les mêmes tâches. Ils sont très à cheval sur les règles, quand bien même celles-ci seraient pour le moins étranges ou farfelues. Ainsi, si un Autarkëia pense qu’il doit se mettre tout-à-coup à danser des heures durant, il le fera sans jamais se poser de questions.

Au sein du monde qu’ils partagent avec les Faceless Girls, les Autarkëia ont un rôle obscur mais il semble bien qu’ils soient des sortes de gardiens, immuables, sources et gardiens de bien des souvenirs et des secrets. Les Autarkëia veillent au bon déroulement des choses, à ce que les règles soient respectées pour que l’équilibre ne soit pas dérangé. Si une Faceless Girl ou un autre personnage de ce monde se mettait, soudain, à ne pas tourner rond, ils seraient les premiers à s’en apercevoir et feraient en sorte que les choses rentrent dans l’ordre. Les Autarkëia, les rares fois où ils parlent, ont d’ailleurs pour habitude de dire « Nous ne nous appartenons pas. Nous sommes ce que nous devons être. »
An Autarkëia
50cm/61cm
Peinture acrylique sur toile

An Autarkëia
Dessin, encre et aquarelle sur papier canson

Présentation de mon installation : Triptyque des Faceless Girls

Triptyque des Faceless Girls
Triptyque des Faceless Girls Peinture acrylique, craies grasses, encre sur toile et plexiglas laqué de paillettes – L’ensemble : environ 300 cm x 150 cm

Cet ensemble de peintures a été réalisé afin d’être présenté dans le cadre d’un atelier pour ma licence en Arts Plastiques. Lors de leur exposition, ces peintures se trouvaient sous des plaques de plexiglas sur lesquelles était peint un réseau en forme de rosace. Le tout était surplombé d’une sphère piquante multicolore, représentant le noyau central du travail.

Je n’ai, malheureusement, que des photo de piètre qualité de l’installation (réalisée avec les moyens du bord, aussi bien que possible, au sein de mon UFR, avec l’aide précieuse de deux compères que je remercie encore une fois).

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Les réseaux que je dessine me permettent de symboliser l’idée de hiérarchisation, de déploiement, d’expansion. Ils sont la représentation du « village global » qu’est internet : ils forment une sorte de toile (« web » en anglais).
Leur forme peut également évoqué le tracé d’un atome. Un tracé volontairement complexifié, exagéré : la matière se désintégrant pour devenir virtuelle.

Mes personnages sans visage, eux, sont un peu la personnification de mon mal être face à ce réseau grandissant. Le fait d’être anonyme, inconnu et, finalement, identique à tout autre me déplaît et, en même temps, j’en use, comme n’importe quel internaute, pour pouvoir exister sur le web sans m’y noyer. Mais au final, je me sens parfois perdue dans un flot incontrôlable d’évènements, d’obligations, de prétendus droits, d’informations, de connaissances, de personnes…
Le visage de mon personnage, qui apparaît en fond de ma première toile, se mue en une espèce de déferlante colorée dans la dernière peinture. Le calme devient agitation. L’endroit devient l’envers, la chute.

Dans l’univers que j’ai créé, les Faceless Girls sont des êtres virtuels, elles appartiennent à l’internet, sont nées à l’intérieur de lui. Elles sont également mes avatars ; elles représentent mon « identité virtuelle ».

La façon dont j’ai choisi de présenter ces toiles n’est pas non plus anodine. Toute mon installation a été pensée pour donner du sens à l’ensemble du travail. Tout est lié.
Ainsi, le triptyque évoque la religion catholique (trois parties : le Père, le Fils, le Saint-Esprit). Je ne suis pas croyante mais cette religion a donné les bases de la société dans laquelle j’évolue chaque jour. Elle a des répercutions sur ce que je suis parce qu’elle a marqué l’histoire de mon pays, de ma famille. Consciemment ou non, mon éducation est ce qu’elle est grâce ou à cause de l’héritage laissé sur mon environnement par la religion chrétienne.
Mon propos n’est cependant pas religieux. J’ai choisi cette organisation tripartite parce que je voulais montrer qu’une nouvelle sorte de pouvoir était en train de naître avec le développement d’internet et des nouvelles technologies.
« Dieu est mort » disait Nietzsche, mais nombre de faits, depuis, tendent à montrer que nous l’avons sans doute remplacé par de nouvelles « croyances », de nouveaux « dogmes », de nouvelles « divinités ». Par exemple, quand je vois avec quelle ferveur est accueilli chaque nouveau produit Apple et comment était quasiment vénéré Steve Jobs, je ne peux qu’établir un parallèle : les nouveaux « dieux » sont là, d’une certaine façon.

J’avais également évoqué cette idée à travers un de mes dessins, intitulé « Nouvelle Eve ». La référence à Apple y est beaucoup plus évidente, je dois bien l’avouer. Encore que la pomme soit tenue par une androïde (« android » en anglais, en référence au système d’exploitation de Google).

Nouvelle Eve, Crayon de bois et acrylique sur papier Canson
Nouvelle Eve,
Crayon de bois et acrylique sur papier Canson

Cependant, ce travail n’est pas un plaidoyer anti-réseaux, anti-internet, anti-nouvelles technologies. Loin de là. Je suis même passionnée par tout ça. J’aurais beaucoup de mal à être contre et plus encore à m’en passer. Cette installation est seulement l’expression d’une certaine forme de crainte et de la difficulté à me créer une place dans un tel système.