Archives par mot-clé : romance

Le jardin des morts et ses adorables squelettes

Après n’avoir pas pu poster ici depuis très longtemps, j’ai décidé de faire mon retour avec de l’insolite (on ne se refait pas). Je suis un peu en retard sur Halloween mais vous me pardonnerez… n’est-ce pas ? En tout cas, aujourd’hui, je vous emmène en excursion dans… le jardin des Morts !

Hugo Simberg, Le Jardin de la mort (en finnois : Kuoleman puutarha), gouache, 15,8 x 17,5 cm, 1896, Musée d'art Ateneum, Helsinki, Finlande.
Hugo Simberg, Le Jardin de la mort (en finnois : Kuoleman puutarha), gouache, 15,8 x 17,5 cm, 1896, Musée d’art Ateneum, Helsinki, Finlande.
Excursion dans le jardin des Morts
Hugo Simberg et sa soeur, photo prise par lui-même en 1896. Finnish National Gallery, Helsinki.
Hugo Simberg et sa soeur, photo prise par lui-même en 1896. Finnish National Gallery, Helsinki.

Hugo Simberg est un artiste Finlandais de la fin du XIXème/début du XXème siècle (1873-1917). Déjà, ça sort de l’ordinaire ! Je ne vous parle pas souvent d’artiste Finlandais. Ensuite, parce que si vous avez jeté un coup d’œil à l’œuvre dont j’ai décidé de vous parler (voir ci-dessus), Le jardin de la mort (1896), vous vous êtes peut-être fait la même remarque que moi : « Mais, ça date de la fin du XIXème, ça ?! » (j’espère que vous avez prononcé cette question à voix haute en prenant l’expression du Cri de Munch… qui était Norvégien, pas Finlandais, ça n’a donc aucun rapport).

Ce squelette n'est-il pas adorable ?
Ce squelette n’est-il pas adorable ?

En effet, si j’ai choisi de vous parler de cette peinture, c’est parce qu’elle m’a sauté aux yeux quand je l’ai découverte. Premièrement parce qu’il n’est pas commun de voir la mort représentée de cette manière : des sympathiques squelettes semblant sourire et s’adonner au jardinage. Deuxièmement, parce que cette peinture m’a semblé très moderne (j’ai cru qu’elle était beaucoup plus récente que ça) et, dans le même temps, m’a rappelé des enluminures du Moyen-Age. Avec ses couleurs et son apparente naïveté, sa simplicité, elle semble sorti d’un autre temps. Et j’adore les œuvres aussi anachroniques !

« Hugo Simberg, symboliste obsédé par la mort et le fantastique, n’a pas laissé une oeuvre abondante, mais ses aquarelles, où des démons étranges personnifient les forces de la nature, sont fascinantes. »

[Source : Georges Desneiges, Finlande, Paris, Seuil, 1960, n.p.]

Des squelettes anachroniques ?

Mon étonnement ne s’est cependant pas arrêté là. Cette œuvre m’a surtout surprise parce qu’elle m’en a rappelé une autre, bien plus récente et bien différente : elle m’a immédiatement fait penser à (tenez-vous bien) un manga que je lis depuis un petit moment : Colette décide de mourir (« Colette decides to die« , en anglais, car il n’est pas encore sorti en France, ou « Colette wa Shinu Koto ni Shita » pour ceux qui voudraient le titre japonais). C’est un peu fou, non ? Personnellement, j’ai trouvé ça un peu fou. Et encore plus anachronique (j’adore les oeuvres anachroniques et le mot « anachronique » qui, d’ailleurs, est un « chrononyme », voilà, c’était une info supplémentaire, comme ça, c’est pour moi, c’est cadeau).

Colette Decides to Die (コレットは死ぬことにした) de Yukimura Alto, publié depuis 2013, Japon.
Colette Decides to Die (コレットは死ぬことにした) de Yukimura Alto, publié depuis 2013, Japon.

Ce manga de Yukimura Alto, dont la publication a commencé en 2013 au Japon, raconte l’histoire (tenez-vous bien, encore) de Colette qui décide de mourir (je vous avais prévenus). Pour ce faire, elle décide de se jeter dans un puits. Puits qui s’avère être un passage vers les Enfers.

C’est là qu’elle va faire la rencontre du dieu Hadès (et oui, la mythologie grecque, d’un coup, BAM, vous ne l’aviez pas vue venir celle-ci, hein ?) et de son équipe de gestion du monde des Morts : des squelettes absolument A-DO-RA-BLES. Je vous laisse en juger par vous-mêmes (je ne posterai pas beaucoup d’images car je ne voudrais pas trop vous spoiler) :

En plus de ces squelettes, qui se vouent corps et âme (façon de parler, ahah) à Hadès, le manga met en scène à peu près tous les personnages qui entourent ce dieu dans sa mythologie d’origine : Cerbère (adorable lui aussi !), Charon, le passeur des Enfers, ainsi que d’autres divinités grecs. Se mêlent aussi à cette joyeuse bande des personnages typiquement japonais. Dont Colette, dont on ignore finalement beaucoup de choses, hormis le fait qu’elle est médecin et souhaite, dans un premier temps, mourir.

Squelettes adorables et jardinage dans le monde des Morts

Colette Decides to Die (コレットは死ぬことにした) de Yukimura Alto, publié depuis 2013, Japon.
Colette Decides to Die (コレットは死ぬことにした) de Yukimura Alto, publié depuis 2013, Japon.

Outre la curieuse ressemblance entre les squelettes de ce manga et ceux de la peinture de Simberg, c’est aussi le thème du jardin qui a retenu mon attention. En effet, sans trop vous en dévoiler, tout un arc narratif du manga parle du fait qu’il est impossible de faire pousser quelque chose dans le monde des Morts. Une façon de dire qu’il est impossible de vivre dans cet endroit. Ce que le personnage de Colette va s’évertuer à combattre tant elle va s’attacher à celles et ceux qui font bel et bien vivre les Enfers.

On peut voir en cela toute une symbolique sur l’importance du souvenir mais aussi sur la résilience face à la perte. Il s’agit de maintenir le cycle de la vie, par-delà la mort : conserver la mémoire de ceux qui ne sont plus là mais continuer à avancer car ils l’auraient souhaité ou que d’autres le souhaiteront un jour. Celles et ceux qui ont vu le film d’animation Coco verront sans doute de quoi je veux parler car on y trouve une façon de percevoir la mort assez similaire, par moments. Ces œuvres nous encouragent à penser la mort non pas comme une fin en soi mais une autre forme d’existence, possible grâce à notre faculté à nous rappeler nos défunts et à entretenir leur souvenir.

Le squelette de Frida Kahlo dans le film d'animation Coco (2017)
Le squelette de Frida Kahlo dans le film d’animation Coco (2017)

Il semble en tout cas que le thème du Jardin des Morts était cher à Hugo Simberg car il en a réalisé plusieurs versions, avec différentes techniques. Vous pourrez en trouver quelques unes dans la galerie, à la fin de cet article.

Bref, Colette decides to die est un de mes mangas préférés depuis un petit moment. Je l’ai justement découvert peu de temps après avoir perdu ma maman et, contrairement à ce qu’on pourrait croire, je ne le regrette pas. Il est très positif contrairement à ce que son propos pourrait laisser croire de prime abord. Je trouve qu’il a une façon originale de « dédramatiser » des sujets très durs (la mort, le suicide, l’abandon, la perte, la maladie… tellement de choses). Et puis, on y suit une jolie histoire d’amour (impossible ? On ne sait pas encore, le manga n’est pas encore terminé mais je crois en une happy ending parce que je suis une indécrottable romantique).

Hadès et deux de ses squelettes serviteurs du manga Colette Decides to Die (コレットは死ぬことにした) de Yukimura Alto, publié depuis 2013, Japon.
Hadès et deux de ses squelettes serviteurs du manga Colette Decides to Die (コレットは死ぬことにした) de Yukimura Alto, publié depuis 2013, Japon.

Je ne peux que vous en conseiller la lecture (bon, il faudra lire l’anglais ou le japonais) si vous avez l’occasion de vous le procurer.

Galerie d’œuvres d’Hugo Simberg

Quant à notre artiste Finlandais, Hugo Simberg, je vous propose de découvrir quelques unes de ces autres œuvres ci-dessous. Je pense que, comme moi, vous en conclurez qu’il mérite d’être plus connu !

J’espère que vous ne le trouverez pas trop macabre. En ce qui me concerne, je trouve ses œuvres vraiment surprenantes. C’est pour cette raison que j’ai choisi de vous les faire découvrir. Il faut savoir qu’Hugo Simberg a notamment illustré des contes et a été un artiste Symboliste toute sa carrière (même quand ce mouvement n’était plus trop « à la mode »). Ceux qui suivent un peu les articles de ce blog savent à quel point j’adore ce genre de profil ! On peut donc s’amuser à trouver les histoires derrière ses œuvres et essayer d’y déceler tous les niveaux de lecture possibles. Mais comme le disait l’artiste lui-même :

« Il incitait les gens à faire leurs propres interprétations et il espérait que ses peintures touchent au plus profond et fassent pleurer les gens en leur for intérieur. A son avis on ne devait pas réfléchir à ce que le peintre avait pensé quand il a fait son œuvre ou ce qui se passe dans la peinture : le plus important, c’est la sensation du spectateur. »

[Source]

N’hésitez pas à me dire en commentaire laquelle de ses œuvres est votre préférée ! Et dites-moi si elles vous ont touché, comme l’espérait l’artiste.


Sources :

Wikipédia, Hugo Simberg
Google Arts and Culture – The Garden of Death

Sintra, la suite : La ville aux palais merveilleux

Dans le précédent article, je vous ai emmenés à la découverte de Sintra et d’un de ses palais, mon coup de cœur de la journée, la Quinta da Regaleira. Vous pouvez retrouver cet article en cliquant ici. J’ai décidé de découper notre escapade en deux parties pour qu’elle soit plus lisible pour vous. Cette fois, je vous emmène à la découverte de deux autres palais qu’abrite Sintra : le Palais National de Sintra et le Palais de Pena (Palacio da Pena).

Sommaire de l’article :

  1. Le Palais de Pena : si Walt Disney avait créé son palais idéal à Sintra
    1. Origines : le palais multiculturel du Roi Artiste
    2. Un palais tout aussi dingue à l’intérieur...
    3. … qu’à l’extérieur !
  2. Le Palais national de Sintra : le symbole de la ville
    1. Le Palais National de Sintra et ses milles vies
    2. Les trésors cachés du Palais National de Sintra
  3. Conclusion

Le Palais de Pena : si Walt Disney avait créé son palais idéal à Sintra

En premier lieu, il faut savoir que nous avons pu accéder au Palais de Pena en tuk-tuk, les voiturettes à trois roues que vous trouverez partout lors d’un séjour à Lisbonne et alentours. Et ça valait sacrément le coup de monter à toute allure les routes sinueuses de Sintra, sous cette épaisse brume ! La preuve en image :

"<yoastmark

L’Amazonie n’avait qu’à bien se tenir, ce jour-là, car Sintra jouait à merveille les imitatrices.

Si vous êtes plutôt du genre aventurier de l’extrême (marcheur/sportif, c’est plutôt aventurier de l’extrême pour moi), vous pouvez aussi accéder au palais à pieds.

Bref, arrivé en haut grâce à vos petites jambes ou à un tuk-tuk, il vous restera encore une belle montée et un escalier pentus à gravir pour enfin arriver jusqu’au palais (à ce moment de la visite, personnellement, je me suis échouée sur un banc, comme une baleine sur une plage). Heureusement, les efforts en valent la peine ! Car à votre arrivée sur place, voici ce que vous verrez enfin se dessiner sous vos yeux ébahis :

L'un des murs extérieurs du palais, recouvert d'azulejos.
L’un des murs extérieurs du palais, recouvert d’azulejos.

Jaune, rouge, orange ou recouvert d’azulejos (= carreaux de faïence décorés qu’on trouve beaucoup au Portugal et en Espagne), le Palais de Pena vous en met immédiatement plein les yeux. Un instant, nous voilà transportés à Disneyland, quelque part entre Fantasy land et le royaume d’Aladdin.  Et, ma foi, nous ne sommes pas si loin de la vérité quand on apprend à quelles cultures le palais emprunte ses origines.

Origines : le palais multiculturel du Roi Artiste

On doit le Palacio da Pena au prince Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha, roi consort du Portugal de 1837 à 1853, et connu là-bas comme « le Roi Artiste ».

Il confie l’édification de son palais d’été au baron Ludwig von Eschwege qui, sur les ruines d’un monastère hiéronymite du XVème siècle, va édifier le palais que nous connaissons aujourd’hui. Un palais qui mêlera les styles architecturaux les plus divers : mauresque, baroque, gothique, Renaissance ou encore manuélin.
(Dans le précédent article sur Sintra, je vous expliquais ce qu’était le style manuélin, si vous ne le saviez pas.)

Toutefois, le Roi n’aura guère le temps de voir son palais terminé car il meurt en 1885, année de son achèvement. Reste son exubérante demeure aux couleurs vives, perchée sur les hauteurs de Sintra.

Coup de cœur pour ce Triton néo-manuélin, une des attractions de la façade du palais.
Coup de cœur pour ce Triton néo-manuélin, une des attractions de la façade du palais.

Un palais tout aussi dingue à l’intérieur…

L’intérieur du palais est tout aussi richement décoré que ses extérieurs. J’avoue que je me suis prise d’une passion pour ses fauteuils, qui avaient l’air tous plus confortables les uns que les autres ! Surtout, certains tissus étaient vraiment superbes, ce que n’a pas pu retranscrire l’appareil photo de mon téléphone, malheureusement (comprenez-moi : porter un reflex quand on a déjà du mal à se porter soi-même, c’est dur).

Encore une fois, les éléments de décoration faisaient la part belle à une multitude de cultures différentes. Parfois jusqu’au kitsch le plus complet, pour nos yeux de visiteurs contemporains. Il est indéniable, toutefois, que la demeure était des plus luxueuses. Et il n’était pas désagréable de découvrir, pour une fois, un intérieur vraiment différent de ceux que l’on peut voir dans les châteaux français, par exemple.

… qu’à l’extérieur !

Au final, nous n’avons encore une fois pas pu visiter tout le domaine entourant le palais car le parc qui l’entoure est véritablement immense ! Un coup d’œil sur la carte vous donnera un petit aperçu de la chose :

Carte du Palais de Pena et du parc du même nom.
Carte du Palais de Pena et du parc du même nom.

Encore une fois, comme c’était aussi le cas pour le Palais de la Regaleira, on voit vite que la nature occupe une place très importante à Sintra. Les palais sont somptueux mais ce qui les entoure l’est tout autant. D’autant plus que tout est un mariage très réussi entre les constructions humaines et la nature. Je n’ai pas eu l’impression que l’un prenait le pas sur l’autre, au contraire. Au final, la seule chose regrettable (et, nous en faisions partie) était le trop (mais vraiment trop !) grand nombre de touristes. Difficile de découvrir tranquillement le lieu dans ces conditions, c’est dommage. Mais comme la Pena est vraiment emblématique du pays, il est compréhensible que le lieu attire tant de monde. C’est la rançon de la gloire !

Comment voulez-vous que je n'aime pas un palais où les rampes sont des tentacules de pieuvre ?
Comment voulez-vous que je n’aime pas un palais où les rampes sont des tentacules de pieuvre ?

Le Palais national de Sintra : le symbole de la ville

Le Palais national de Sintra, aussi surnommé Palácio da Vila (Palais du Bourg) est le premier des trois palais que nous avons visités lors de notre escale à Sintra.

Sa particularité ? Il possède deux cheminées de 33 mètres de haut qui sont le symbole de la ville. Ces cheminées sont celles des cuisines du palais et elles sont effectivement impressionnantes !

Je vous ai même préparé une petite vidéo pour vous donner une meilleure idée de la grandeur de ces cheminées car on ne s’en rend pas bien compte sur les photographies :

Le Palais National de Sintra et ses milles vies

Le palais est très ancien puisqu’il est fondé au Xème siècle, alors que le Portugal se trouve sous domination arabe. Il servira d’abord de résidence au gouvernement maure puis sera habité par les rois portugais durant près de huit siècles. Cela explique les différents styles architecturaux et décoratifs qu’on peut y admirer. Décidément, voilà une des caractéristiques des palais de Sintra : le mélange des genres, tout-à-fait réussi à chaque fois, par ailleurs.

Contrairement à ce que vous pouviez voir sur les premières photos que j’ai postées du lieu, quand nous sommes allés à Sintra, le temps était beaucoup (BEAUCOUP !) plus brumeux et particulièrement humide. Mon panorama, ci-dessus, suffit à vous en donner un petit aperçu. C’était comme si cette atmosphère pénétrait jusqu’entre les murs du palais. Comme si le brouillard était si épais que les murs ne pouvaient l’empêcher de passer, qu’il se faufilait partout. Du coup, la plupart de mes photos sont bizarrement floues à ce moment-là de la journée : pas parce que je bougeais en les prenant mais parce que je n’arrivais simplement pas à faire mieux. C’était assez perturbant.

 

Les trésors cachés du Palais National de Sintra

On pourrait croire que le Palais National de Sintra est moins majestueux que ses voisins. En réalité, c’est seulement qu’il cache bien son jeu !

En effet, au cours de la visite, deux pièces se détachent vraiment du lot. La première est la salle des blasons. Une salle immense que l’on ne s’attend pas à découvrir après avoir traversé plusieurs salles de tailles plus modestes. Son plafond à caissons, couvert de blasons, est superbe. Mais c’est surtout le contraste avec les azulejos bleus, qui ornent les murs, qui fait toute la splendeur de cette salle. Elle fut difficile à photographier alors certaines des photographies que je vous propose de découvrir ne sont pas de moi. En revanche, j’ai tâché de la filmer pour vous donner une idée de sa taille.

La seconde « pièce » est un peu particulière. Il s’agit, en fait, d’une salle d’eau. Elle a tout de la salle de thalasso moderne puisque des jets d’eau sortaient des murs pour « masser » ses utilisateurs. Mais elle est bien plus belle avec ses magnifiques faïences bleues dont les scènes font très françaises avec leur style rococo.

Conclusion

Vous l’aurez compris, visiter Sintra, c’est d’abord s’armer d’une bonne paire de chaussures et ne pas espérer pouvoir tout voir en un jour. J’espère sincèrement que j’aurai la chance, un jour, d’y retourner pour voir tout ce que nous avons pu manquer. Les jardins, les autres palais et les secrets que doit encore abriter cette ville, en dehors de ses sentiers touristiques. J’aurais adoré voir le Palais de Monserrate, par exemple, et ses jardins qu’on dit magnifiques. Ou alors jusqu’à la mer pour voir les falaises qui bordent Sintra.

J’espère surtout que cette escale bloguesque vous aura plu. N’hésitez pas à me le faire savoir en commentaire ! Et si vous avez raté l’article précédent, je vous remets le lien juste ici, là, vous pouvez cliquez, bim, bam, boum.

Enfin, si vous voulez découvrir encore plus de choses sur Lisbonne et notre séjour là-bas, vous pouvez vous rendre sur mon compte Instagram où j’essaye de résumer ces quelques jours magiques en sélectionnant mes photos préférées.


Sources :

Visite de Sintra : attractions et choses à voir
Palais national de Sintra — Wikipédia
Palais national de Pena — Wikipédia
Sintra : Romantisme au Palais de Pena
Nos Racines sur 4 Continents « Le Palais national de Sintra, un château médiéval emblématique »
Miles and Love « A la découverte des palais de Sintra »

Sintra : Un autre monde en plein Portugal

Je rentre d’un séjour au Portugal avec mon amoureux durant lequel nous avons fait de très jolies découvertes.
Parmi elles, la magnifique ville de Sintra et, surtout, ses superbes palais. Je vous invite donc à découvrir cette ville portugaise, exceptionnellement en deux articles. C’est parti pour la visite guidée !

Sommaire de l’article :

  1. Sintra, c’est où, c’est quoi ?
  2. Que voir à Sintra ?
  3. Quinta da Regaleira : mon coup de coeur de Sintra
    1. Histoire de la Quinta da Regaleira
    2. Les Folies de la Quinta da Regaleira et son style Manuélin
  4. A suivre !

Suite de l’article : Direction le Palais de Pena et le Palais National de Sintra !

Sintra, c’est où, c’est quoi ?

Sintra est une ville portugaise située non loin de Lisbonne. Elle est classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco. On y accède facilement en train depuis la Capitale. Elle regroupe un certain nombre de palais que nous n’avons pas tous pu visiter et qui furent construits par la noblesse de Sintra, sur les collines de la ville. Des collines qu’il vaut mieux ne pas avoir peur de gravir à moins d’avoir prévu un peu de sous pour les tuk-tuk, bus et autres taxis. Car ça monte ! Ca monte beaucoup ! Et sur un certain nombre de kilomètres.

Le jour où nous nous y sommes rendus, le temps était peu clément et c’est pourtant ce qui a fait tout le charme de notre visite ! En partant de Lisbonne, ce matin-là, c’était grosse chaleur et grand soleil ; à notre arrivée sur place, brouillard très épais, température avoisinant les 20 degrés et une humidité tellement forte que la brume perlait en gouttes de pluie sur nos bras. A priori, pas l’idéal pour un séjour au Portugal, et pourtant ! Ce brouillard nous a donné l’occasion de découvrir Sintra sous de faux airs d’Amazonie. Les palais et l’épaisse faune environnante semblaient flotter dans les nuages, comme dans un autre pays, un autre espace-temps.

N’hésitez pas à cliquer sur les images pour les agrandir.

Que voir à Sintra ?

Soyons clairs : une journée, c’est beaucoup trop peu pour une ville comme Sintra. C’est malgré tout faisable, à condition de faire des choix. En ce qui nous concerne, nous avons pu visiter trois palais au cours de notre escale (en prenant notre temps parce que je suis passionnée d’art mais pas de marche sportive) : le Palais National de Sintra, le Palais de Pena (Palacio da Pena) et le Palais de la Regaleira (Quinta da Regaleira).

Mais Sintra abrite aussi le Château des Maures (Castelo dos Mouros) ou le Palais de Monserrate. Ainsi que des parcs magnifiques et ce jusqu’à la mer, donnant sur un cap d’immenses falaises.

Autant vous dire que pour tout voir, il faut plus d’une journée. Et plus encore pour tout bien voir.

Cet article sera consacré essentiellement au palais que j’ai préféré durant cette visite : la Quinta da Regaleira. L’article suivant sera consacré aux deux autres palais que nous avons visités et qui sont tout aussi magnifiques !

Quinta da Regaleira : mon coup de cœur de Sintra

Le Palais de la Regaleira est de loin celui que j’ai préféré, lors de cette escapade. Il n’était pas aussi grand que les autres (il paraît même bien petit par rapport aux 4 hectares de terrain qui l’entourent !) mais il était d’un romantisme fou ! La Quinta da Regaleira est de loin le palais de Sintra à l’allure la plus mystérieuse et fascinante. Et avec l’ambiance brumeuse que nous avions ce jour-là, nous avons pu en prendre toute la mesure.

Le palais est entouré d’un jardin gigantesque que nous avons passé un long moment à arpenter. On y trouve des grottes, des fontaines et des fleurs et arbres magnifiques, toutes sortes de Folies (= éléments d’architecture construits dans le but de s’intégrer à un jardin) qui, dans le cas présent, portent bien leur nom. Tout ou presque est recouvert d’une mousse épaisse qui donne l’impression de se trouver dans un palais laissé à l’abandon (ce qui est loin d’être le cas) et ajoute à l’aura du lieu. Cette mousse omniprésente, recouvrant les pierres, l’eau des fontaines, les sentiers et la présence du brouillard ce jour-là, donnent l’impression d’un décor de cinéma fantastique ou d’horreur, hanté par quelque entité mystérieuse.

La carte permet de se rendre compte de la grandeur des jardins par rapport au Palais seul :

Carte de la Quinta da Regaleira.
Carte de la Quinta da Regaleira.
Le portail des Gardiens, dans le jardin du Palais, est l'une des Folies du domaine. Elle donne sur l'entrée d'une grotte conduisant au Puits Initiatique.
Le portail des Gardiens, dans le jardin du Palais, est l’une des Folies du domaine. Elle donne sur l’entrée d’une grotte conduisant au Puits Initiatique.
Le portail des Gardiens, dans le jardin du Palais, est l'une des Folies du domaine. Elle donne sur l'entrée d'une grotte conduisant au Puit Initiatique.
Le portail des Gardiens, dans le jardin du Palais, est l’une des Folies du domaine. Elle donne sur l’entrée d’une grotte conduisant au Puit Initiatique.

Histoire de la Quinta da Regaleira

Pourtant, le palais tel qu’on le connaît aujourd’hui n’est pas si ancien qu’il en a l’air. Si l’on trouve des traces d’une demeure construite à cet emplacement dès le XVIIème siècle (vers 1697), il faut attendre 1840 et le rachat par la Baronne de la Regaleira pour que la propriété devienne une élégante maison de vacances, composée d’une maison et d’une chapelle. C’est également à ce moment que le domaine acquiert son nom actuel.

Chapelle actuelle qui se trouve non loin du Palais, dans les jardins.
Chapelle actuelle qui se trouve non loin du Palais, dans les jardins.

Au XIXème siècle, Quinta da Regaleira voit se succéder d’autres propriétaires. C’est Carvalho Monteiro, aussi connu comme « Monteiro le Millionnaire » (Monteiro dos Milhões) qui reste le plus célèbre d’entre eux. L’homme, né à Rio de Janeiro et héritier d’une immense fortune qu’il va faire fructifier toute sa vie, va transformer sa demeure de Sintra avec l’aide du célèbre architecte portugais, Luigi Manini.

Les Folies de la Quinta da Regaleira et son style Manuélin

Au cœur des jardins se trouve la principale « attraction » du lieu : le puits initiatique (poço iniciático). Il s’agit d’une tour souterraine de 27 mètres de profondeur, composée d’un escalier en spirale. L’escalier est composé de neuf paliers qui, pense-t-on, sont une évocation des neuf cercles de l’Enfer, du Paradis et du Purgatoire, issus de la Divine Comédie de Dante. Cette Folie monumentale est en effet pleines d’associations ésotériques et alchimiques qui rendent le lieu encore plus intrigant qu’il ne l’est déjà de prime abord. Au fond du puits se trouve encastrée une rose des vents de marbre à huit pointes, disposée sur une croix des Templiers. Quant à la tour elle-même et son escalier, ils sont censés mener symboliquement de la terre, lieu de naissance et de mort, au Paradis.

Je peux vous assurer, en tout cas, que c’est très impressionnant !

On doit cette iconographie mystérieuse, qui ponctue l’ensemble du domaine de la Regaleira, à Carvalho Monteiro qui était un bibliophile et un collectionneur passionné. C’est sans doute aussi pour cette raison que les différents bâtiments qui composent l’ensemble, empruntent tant au style Manuélin. Un style architectural et artistique que ne pouvait ignorer un esthète tel que Monteiro et qui était représentatif du règne de Manuel 1er du Portugal, au XVème siècle. A l’époque, le pays était une immense puissance mondiale et son ouverture sur le monde donna lieu à un mélange des cultures tout-à-fait merveilleux.  Le style Manuélin emprunte au gothique flamboyant autant qu’à l’art mauresque, multipliant les motifs décoratifs liés aux grandes découvertes maritimes du pays (coquillages, coraux, vagues, poissons, ancres, instruments de navigations…). Ce style est particulièrement bien représenté à Belém, autre ville proche de Lisbonne que nous avons pu visiter : la tour de Belém mais également le Monastère des Hiéronymites sont des exemples d’époque du style Manuélin.

Petit détour par la Tour de Belém pour vous montrer à quoi peut ressembler le style Manuélin.
Petit détour par la Tour de Belém pour vous montrer à quoi peut ressembler le style Manuélin.
Partie du Monastère des Hiéronymites qui abrite le Musée de la Marine, que nous avons pu visiter et qui est une vraie petite merveille !
Partie du Monastère des Hiéronymites qui abrite le Musée de la Marine, que nous avons pu visiter et qui est une vraie petite merveille !

A suivre !

Pfiou ! Il me reste deux palais à vous faire découvrir dans la magnifique ville de Sintra alors on va faire une pause ici et se retrouver dans un second article. Je ne voudrais pas que vous vous essouffliez en cours de route !

Vous vous sentez prêts ? Le second article est ici et n’attend que vous ! Je vous emmène cette fois au palais de Pena et au palais de Sintra. Deux autres lieux ô combien magnifiques et, surtout, de vrais symboles de la ville. Et, sans vouloir vous spoiler : ils sont complètement différents de la Regaleira.

Vous pouvez aussi retrouver nos aventures lisboètes (nom des habitants de Lisbonne) sur mon compte Instagram. J’essaye de sélectionner mes photos préférées histoire de vous résumer un peu notre séjour. J’espère que mes prises de vues vous plairont. En tout cas, si vous aimez les fleurs et le street art, vous serez sans doute ravis ! Sinon… Sinon vous pouvez toujours laisser un commentaire sous cet article pour me faire plaisir !


Sources :

Fundação Cultursintra FP Quinta da Regaleira
Un sac sur e dos « L’énigme de Sintra : Quinta da Regaleira (attention spoilers !) »
Os Viajantes « Meet the Quinta da Regaleira, Sintra, Portugal »
Bonjour Lisbonne « Quinta da Regaleira à Sintra: le guide complet »
Jardins Merveilleux « Quinta da Regaleira – Sintra »
Wikipédia : Palais de la Regaleira
Wikipédia : Puits initiatique du palais de la Regaleira

Si tu tends l’oreille, peut-être rencontreras-tu le Baron

baron-the-cat-returns-le-royaume-des-chats
Andrew Michel Golden – The Baron in Real Life
Photomontage
2012

Voici ce à quoi ressemblerait le Baron Humbert von Gikkingen, célèbre personnage des studios d’animation Ghibli, dans la « vraie » vie. L’artiste Andrew Michael Golden s’est amusé à transposer les personnages du studio japonais (dont fait notamment partie Hayao Miyazaki) dans des vraies-fausses photographies « vintages ».

Mais ça n’est pas l’œuvre de Andrew Michael Golden qui va nous intéresser ici. En fait, j’ai choisi de vous parler du Baron parce que l’histoire de ce chat fictif est une de celles qui me tient le plus à cœur. Et elle fait l’objet de deux films d’animation à la fois différents et complémentaires : Si tu tends l’oreille et Le Royaume des chats.

Si tu tends l'oreille, 1995Si tu tends l’oreille
Auteur : Aoi Hīragi
Réalisateur : Yoshifumi Kondo
Scénariste : Hayao Miyazaki
1990Passionnée de lecture, Shizuku Tsukishima fréquente assidûment la bibliothèque municipale, où travaille son père, ainsi que celle de son collège.
Mais à force d’emprunter des livres, elle remarque grâce aux fiches de suivi que tous les livres qu’elle a emprunté l’ont déjà précédemment été par un certain Seiji Amazawa…
Le Royaume des Chats (2002)Le Royaume des Chats
Auteur : Aoi Hīragi
Réalisateur : Hiruyoki Morita
2002Un beau jour, Haru, lycéenne de dix-sept ans, sauve de justesse un chat qui allait être écrasé par un autobus. Mais l’animal s’avère être le fils du roi du Royaume des chats. Pour la remercier, le roi décide de l’inviter dans son pays et de lui donner son fils en mariage…
Shizuku, l'héroïne du film, découvre le Baron. (Si tu tends l'oreille, 1990)
Shizuku, l’héroïne du film, découvre le Baron.
(Si tu tends l’oreille, 1990)

Le Baron Humbert von Gikkingen apparaît d’abord dans le très touchant Si tu tends l’oreille en 1990. Dans ce film d’animation, il n’est qu’une statuette qu’un vieil homme garde précieusement en souvenir de l’amour de sa vie, perdu de vue durant la guerre.

Les yeux de la statuette du Baron semblent étrangement vivants...
Les yeux de la statuette du Baron semblent étrangement vivants… Je vous assure ! Regardez attentivement.
(Si tu tends l’oreille, 1990)
Les statuettes du Baron et sa de compagne, avant leur séparation. (Si tu tends l'oreille, 1990)
Les statuettes du Baron et de sa compagne, avant leur séparation. (Si tu tends l’oreille, 1990)

On apprend que la statuette du Baron formait en réalité un duo avec une autre figurine (représentant sa compagne). Cette dernière a été emportée par la femme perdue de vue par le grand-père.
Les retrouvailles de ces deux chats sculptés auraient symboliquement scellé celles de quatre amoureux mais elles n’auront jamais lieu.
A la place, la jeune héroïne du film, Shizuku, décide de s’inspirer de l’histoire du Baron et se met à écrire un roman dans lequel tout est bien qui finit bien. Elle trouve ainsi sa voie : l’écriture.

La statuette du Baron chez le vieil homme. (Si tu tends l'oreille, 1990)
La statuette du Baron chez le vieil homme.
(Si tu tends l’oreille, 1990)

L’histoire qu’invente Shizuku dans ce roman est très proche de celle que raconte Le Royaume des Chats (2002), l’autre film d’animation dans lequel le Baron apparaît. Cette fois, il est l’un des personnages principaux.
Il n’est pas dit clairement que Le Royaume des Chats est l’histoire inventée par l’héroïne de Si tu tends l’oreille mais cela tiendrait la route.

Toutefois, les deux films ont beau se compléter, ils sont aussi très différents : Si tu tends l’oreille se voulait réaliste, racontant une période de la vie d’une jeune fille en quête de ses rêves d’avenir, Le Royaume des Chats est, lui, totalement fantastique.
En effet, l’héroïne, nommé Haru, se retrouve propulsée dans un monde parallèle uniquement habité par des chats (évidemment !).

A mes yeux, Le Royaume des Chats est une sorte d’Alice au pays des Merveilles revisité. Nous en avons tous les ingrédients : des animaux qui parlent, des tunnels menant d’un monde à l’autre, des personnages qui grandissent ou rapetissent, des souverains fous dangereux et une aventure qui joue souvent le loufoque de façon pas toujours très sympathique, voire un peu inquiétante.

Haru, l'héroïque du film, découvre avec stupeur la maison du Baron. Et elle y est un peu à l'étroit. (Le Royaume des chats, 2002)
Haru, l’héroïque du film, découvre avec stupeur la maison du Baron. Et elle y est un peu à l’étroit.
(Le Royaume des chats, 2002)
Haru est invité à prendre le thé par le Baron. Elle rencontre aussi Mouta, l'un de ses fidèles amis.
Haru est invité à prendre le thé par le Baron. Elle rencontre aussi Mouta, l’un de ses fidèles amis.
Le Baron est, semble-t-il, bien le même que dans Si tu tends l'oreille (1995) : on peut voir, derrière lui, le portrait de sa compagne perdue.
Le Baron est, semble-t-il, bien le même que dans Si tu tends l’oreille (1995) : on peut voir, derrière lui, le portrait de sa compagne perdue.
Haru est emportée, hors de la maison du Baron, par une horde de chats. Direction, le Royaume des chats !
Haru est emportée, hors de la maison du Baron, par une horde de chats. Direction, le Royaume des chats !
La horde de chats passe par des tunnels magiques pour rejoindre le Royaume des Chats.
La horde de chats passe par des tunnels magiques pour rejoindre le Royaume des Chats.

Et puis, je ne sais pas vous, mais pour moi, la tenue bleue et blanche de l’héroïne, rappelle quand même sacrément celle de la Alice de Disney. Non ?
Sans compter que, comme par hasard, le style du Baron et celui de sa maison, notamment, rappellent vraiment la mode du XIXe siècle (époque où Alice au pays des Merveilles a été écrit par Lewis Carroll, puisque le roman date de 1865).

De plus, dans les deux œuvres, il est difficile de savoir si l’héroïne n’est pas seulement en train de rêver. Alice et Haru sont, en tout cas, propulsées dans une aventure rocambolesque qui les amènera à grandir.

Au milieu de tout ça, le Baron est un Chapelier pas si fou, qui tente, tant bien que mal, de sauver Haru. Dans Si tu tends l’oreille, il sauve également Shizuku, d’une certaine façon, en devenant sa source d’inspiration : elle découvre ainsi qu’elle rêve de devenir écrivain.

Le Baron prenant vie dans le roman de l'héroïne de Si tu tends l'oreille (1990).
Le Baron prenant vie dans le roman de l’héroïne de Si tu tends l’oreille (1990).

L’autre personnage qui fait le lien entre Le Royaume des chats et Si tu tends l’oreille, est le gros chat blanc à l’oreille sombre nommé Mouta (ou Muta). Dans Si tu tends l’oreille, c’est lui qui guide, sans le faire exprès (ou peut-être pas tout à fait, allez savoir !) la jeune Shizuku jusqu’à la demeure du vieil homme possédant la statuette du Baron.
Étrange coïncidence (ou peut-être pas, une fois encore) : la maison du grand-père est étrangement semblable à celle du Baron dans Le Royaume des chats. N’est-il pas un peu le Lapin Blanc de l’histoire ? A la différence qu’il se distingue plutôt par son flegme de grincheux paresseux, là où le Lapin, lui, est sans cesse en mouvement et plein d’énergie puisqu’il est en retard.

On peut se demander si Shizuku écrit donc bel et bien son roman ou si elle n’est pas inconsciemment guidée par une magie qui lui échappe (celle des chats, ndlr). La question reste en suspend, bien sûr, après visionnage des deux films. Et c’est là que l’imagination prend le relais.

En haut : Muta aux côtés de Shizuku dans Si tu tends l'oreille (1990) En bas : Muta tournant le dos à Haru dans Le Royaume des chats (2002)
En haut : Muta aux côtés de Shizuku dans Si tu tends l’oreille (1990)
En bas : Muta tournant le dos à Haru dans Le Royaume des chats (2002)
En haut : devanture de la maison du Baron. (Le Royaume des chats, 2002) En bas : devanture de la maison du grand-père. (Si tu tends l'oreille, 1990)
En haut : devanture de la maison du Baron. (Le Royaume des chats, 2002)
En bas : devanture de la maison du grand-père. (Si tu tends l’oreille, 1990)

Enfin, des chats qui se mettent à marcher sur deux pattes, à parler et se conduire comme des hommes, c’est une chose, mais j’ai surtout retenu que, dans Le Royaume des chats, cela se passait la nuit : ainsi, quand Haru arrive devant la maison du Baron, il fait encore jour et, en regardant par la petite fenêtre, la jeune fille ne voit qu’une statuette de chat inanimée. Le soleil se couche, ensuite, et la figurine prend vie.

Il fait encore jour quand Haru arrive devant la maison du Baron : il n'est donc encore qu'une statuette.
Il fait encore jour quand Haru arrive devant la maison du Baron : il n’est donc encore qu’une statuette.

Curieusement, je trouve que la peinture de Théophile-Alexandre Steinlen, intitulée L’Apothéose des chats à Montmartre, montre quelque chose d’assez semblable, à sa façon.

Théophile-Alexandre Steinlen, Tournée du Chat noir, 1896
Théophile-Alexandre Steinlen, Tournée du Chat noir, 1896,
135,9 × 95,9 cm,
The Jane Voorhees Zimmerli Art Museum, université Rutgers, Etats-Unis

Pause précision :
Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923) fut peintre, graveur, illustrateur, affichiste et sculpteur (rien que ça !). Habitué du cabaret parisien Le Chat Noir, on lui doit notamment la plus célèbre affiche (ci-contre) de ce lieu qui fut emblématique de la butte Montmartre à la fin du XIXe siècle.
L’artiste se passionne pour la rue et il la représente sans cesse avec, pour principaux sujets, les plus déshérités qui l’habitent ou l’arpentent et tous les petits métiers qui la font vivre et s’animer sans nécessairement payer de mine. Mais Steinlen est aussi (et surtout) connu comme le spécialiste des chats, qu’il peint, dessine et sculpte même (voir ci-dessous).

Steinlen dans son atelier,  Photographie de l'agence de presse Meurisse (1913),  Bibliothèque nationale de France.
Steinlen dans son atelier,
Photographie de l’agence de presse Meurisse (1913),
Bibliothèque nationale de France.

En effet, tous les chats de la fameuse butte parisienne semblent s’être réunis afin d’élire leur chef suprême. Il faut savoir que le mot « apothéose » marquait l’admission d’un mortel parmi les dieux en Grèce et en Rome antiques. Or, en sauvant un chat au début du film (et pas n’importe lequel), la jeune Haru a droit, elle aussi, à son apothéose : c’est ainsi que, la nuit venue, une procession de chats (avec, parmi eux, leur roi) vient chez elle pour la remercier et la couvrir de cadeaux. Malheureusement, tout cela va lui apporter plus d’ennuis qu’autre chose !

L'Apothéose des Chats à Montmartre Théophile-Alexandre Steinlen - 1905 Musée de Montmartre (Cette toile monumentale se trouvait initialement au Chat Noir, ancien célèbre cabaret parisien.)
L’Apothéose des Chats à Montmartre
Théophile-Alexandre Steinlen – 1885
Huile sur toile, 164,5 x 300 cm
Musée de Montmartre
(Cette toile monumentale se trouvait initialement au Chat Noir, ancien célèbre cabaret parisien.)
La procession des chats déambule dans la ville jusqu'à la maison de la jeune Haru.
La procession des chats déambule dans la ville jusqu’à la maison de la jeune Haru.
La procession des chats déambule dans la ville jusqu'à la maison de la jeune Haru.
La procession des chats déambule dans la ville jusqu’à la maison de la jeune Haru.

Soyons clairs, toutefois : Le Royaume des chats peut sembler moins ambitieux que la plupart des films d’animation du studio Ghibli. Certains diront qu’il est même raté. Je ne suis pas d’accord. Je le vois davantage comme un Disney : divertissant avant tout, bien que non dénué de sens (ni de scènes violentes, que le réalisateur a choisi de faire passer grâce à l’humour omniprésent dans le film). Il est également moins fouillé visuellement que les autres films du studio. Mais le budget qui lui fut alloué, durant sa réalisation, était aussi plus maigre : Le Royaume des chats devait, à l’origine, être un court métrage destiné uniquement au format DVD. Les mauvaises langues diront qu’il aurait dû le rester. Mais, en ce qui me concerne, j’ai apprécié ce bol d’air frais au milieu du sérieux parfois un peu trop pesant et prôné par les films Ghibli (que j’apprécie aussi, là n’est pas la question, mais j’aime aussi regarder des films d’animation japonais sans finir en larmes ou subir une dépression de sept jours après visionnage). Faire simple, ça n’est pas forcément faire mal. De même que divertissant ne rime pas toujours avec dépourvu de sens ou d’intérêt (la preuve, ça ne rime pas en fait !…).

En écrivant son roman, Shizuku s'imagine en train de vivre toutes sortes d'aventures aux côtés du Baron dans un monde onirique. (Si tu tends l'oreille, 1990)
En écrivant son roman, Shizuku s’imagine en train de vivre toutes sortes d’aventures aux côtés du Baron dans un monde onirique. (Si tu tends l’oreille, 1990)

Si tu tends l’oreille, lui, est un petit bijou mais le public qu’il vise n’est pas nécessairement le même : plus contemplatif, il plaira davantage à un public capable de comprendre toutes ses subtilités. Pourtant, je trouve que les deux films se complètent bien, à leur façon. En ce qui me concerne, je les ai aimés tous les deux pour différentes raisons.

Pause précision : Si tu tends l’oreille fut réalisé par Yoshifumi Kondo qui, à l’époque, était pressenti pour succéder au maître incontesté des Studios Ghibli : Hayao Miyazaki. Malheureusement, Si tu tends l’oreille fut son unique film car il mourut trois ans plus tard d’une rupture d’anévrisme. La même année, Hayao Miyazaki décida même de prendre sa retraite… Mais il revint finalement pour réaliser Le Voyage de Chihiro (2001).
Toutefois, lors de la réalisation du Royaume des Chats, il semble qu’Hayao Miyazaki demanda lui-même à ce que les personnages de Baron et de Muta soient réutilisés. Preuve que ces personnages lui tenaient à cœur et, probablement, constituaient un hommage au travail de son défunt collègue. C’est pourquoi il s’adressa au même auteur : Aoi Hīragi (déjà créateur du manga qui inspira Si tu tends l’oreille).
A la base, le film ne devait pas durer plus de vingt minutes car il s’agissait alors d’une commande passée par un parc de loisirs. Faute d’argent, le projet fut abandonné par le dit parc et le Studio Ghibli décida de transformer le film en moyen-métrage, de quarante-cinq minutes environ, qui ne sortirait qu’en DVD. Toutefois, en voyant la qualité du travail du réalisateur Hiroyuki Morita (qui, d’ailleurs, réalisait là son tout premier film et le dernier à ce jour), les producteurs décidèrent que le film (d’une durée d’une heure et quart, finalement) sortirait au cinéma.

Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Si_tu_tends_l%27oreille
http://www.kanpai.fr/culture-japonaise/royaume-chats-analyse

Aperçu des décors fouillés et travaillés de Si tu tends l'oreilles (1990).
Aperçu des décors fouillés et travaillés de Si tu tends l’oreilles (1990).
Aperçu des décors fouillés et travaillés de Si tu tends l'oreilles (1990).
Aperçu des décors fouillés et travaillés de Si tu tends l’oreilles (1990).

Ces deux films racontent en tout cas de très touchantes histoires d’amour et bénéficient, en plus, de dessins magnifiques qui sauront, j’en suis sûre, vous transporter. Pour ma part, le Baron est depuis longtemps l’un de mes personnages de fiction favoris et ce sont ses histoires, quand j’ai un coup de mou ou une baisse de moral, qui me donnent envie de me remettre à créer. Ce qui tombe plutôt bien puisque Si tu tends l’oreille raconte finalement l’histoire de deux jeunes gens qui se démènent pour réaliser leurs rêves et leurs arts. Et avec Le Royaume des Chats, il forme un duo de films célébrant joliment les bienfaits de l’imagination et de l’imaginaire pour qui les nourrit avec passion.

baron-the-cat-returns-le-royaume-des-chats
Le Baron sortant de sa maison pour se présenter à Haru. (Le Royaume des Chats, 2002)

* Site web de Andrew Michael Golden : http://andrewmichaelgolden.com/
* Article dédié aux chats noirs dans la peinture : http://echos-de-mon-grenier.blogspot.fr/2013/10/lapotheose-des-chats-noirs.html
* Analyse de Si tu tends l’oreille : http://www.kanpai.fr/culture-japonaise/si-tu-tends-loreille-analyse


N’oubliez pas de laisser un petit commentaire avant de partir ;) (que l’article vous ait plu ou pas !)
C’est par ici !

La montre Poétique Midnight Planétarium de Van Cleef & Arpels

La montre Poétique Midnight Planétarium de Van Cleef & Arpels  Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH), Genève, 2014
La montre Poétique Midnight Planétarium de Van Cleef & Arpels
Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH), Genève, 2014

 

Je plaide coupable : j’ai tendance à être un peu geek sur les bords… Okay, c’est grave incrusté en fait, bien en profondeur. Alors, quand j’ai vu cette montre, j’ai évidemment craqué. Que dis-je ! Je suis tombée follement amoureuse ! (bah oui, les mécanismes, les machines, tout ça, ça me fascine) Même si, il faut bien que je me l’avoue, je n’aurai jamais les $245,000 qu’elle coûte pour me l’offrir (oui, je me montre lucide, parfois).

Il n’empêche que voilà une petite merveille. Présentée au Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH) à Genève, cette montre n’est ni plus ni moins qu’une création de Van Cleef & Arpel, l’entreprise de joaillerie franco-suisse. Et vous allez voir qu’elle mérite bien un petit descriptif, car c’est un objet plutôt magique.

 

Montre Van Cleef & Arpel
La montre Poétique Midnight Planétarium de Van Cleef & Arpels
Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH), Genève, 2014

 

Montre Van Cleef & Arpel
La montre Poétique Midnight Planétarium de Van Cleef & Arpels
Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH), Genève, 2014

 

Montre Van Cleef & Arpel
La montre Poétique Midnight Planétarium de Van Cleef & Arpels
Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH), Genève, 2014

 

En effet, en plus de lire l’heure au moyen d’une étoile filante qui tourne le long de son cadran, la montre affiche la rotation précise de la Terre et des cinq autres planètes de notre système solaire. Ainsi, Mercure effectue sa rotation autour du Soleil en 88 jours, Vénus en 224, la Terre en un an, Mars en 687 jours, Jupiter en 12 ans et, enfin, Saturne en 29 ans !

Cette montre n’est donc pas seulement très belle, elle renferme aussi un dispositif d’horlogerie très complexe.
Rappelons que l’horlogerie s’est souvent inspirée des cieux et a longtemps été fascinée par le mouvement des planètes. Ainsi, certaines horloges astronomiques sont de vraies merveilles d’ingéniosité (par exemple, celle de Strasbourg, dont je vous ai déjà parlé). Cette montre en est la digne héritière. Elle est peut-être d’autant plus fascinante qu’elle tient au poignet alors que ses descendantes prennent généralement une place énorme (celle de Strasbourg se situe dans la Cathédrale de la ville !).
Autre détail technique qui s’inscrit dans l’ambition poétique des créations Van Cleef & Arpels depuis quelques années, l’idée d’intégrer un système de « jour de chance » à cette montre. Il est défini par le propriétaire de l’objet et, quand arrive ce jour, la Terre vient se placer sous la petite étoile du cadran.

Enfin, notons pour le détail de la chose que chaque planète est représentée par une pierre précieuse. De fait, il s’agit tout de même de la création d’une joaillerie ! Une version plus extravagante encore est même sertie de diamants… Quant au bracelet, il s’agit de cuir d’alligator noir (rien que ça !).

Montre Van Cleef & Arpel
La montre Poétique Midnight Planétarium de Van Cleef & Arpels
Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH), Genève, 2014

 

guillemet« Après avoir mis l’accent sur les constellations, Van Cleef & Arpels place sa collection Midnight in Paris en orbite et fait danser le système solaire sur le cadran de sa nouvelle montre Poétique Midnight Planétarium. Aventurine, turquoise, jaspe rouge, agate bleue, serpentine… Symbolisés par ces pierres fines, ces astres évoluent à leur propre rythme et dissimulent un mouvement mécanique à remontage automatique, équipé d’un module Christiaan van der Klaauw spécialement développé pour la maison Van Cleef & Arpels. Une complication aussi spectaculaire qu’envoûtante, qui a su attirer tous les regards du dernier SIHH. »

[Source]

Cette montre n’étant pas la première ni la seule magnifique création de la joaillerie en matière de montre, je vous propose de découvrir ci-dessous quelques-uns de mes coups de coeur. Je m’intéresse en particulier à la série s’inspirant des romans de Jules Verne car je travaille actuellement sur le Steampunk, alors vous vous doutez sûrement à quel point ça peut me plaire. Ces montres témoignent non seulement d’un savoir-faire mais mettent aussi en scène une esthétique romantique bien française (bien que surtout parisienne). Quelque chose qui tient de la Belle Epoque qui fait encore rêver le monde entier aujourd’hui. Voici les merveilles :

 

Cinq semaines en ballon, Van Cleef & Arpels
Cinq semaines en ballon, Van Cleef & Arpels
Inspiré du roman de Jules Verne
2011

 

Vingt-milles lieues sous les mers, Van Cleef & Arpels
Vingt-milles lieues sous les mers, Van Cleef & Arpels
Inspiré du roman de Jules Verne
2011
Boîtier en or blanc. Email paillonné translucide. Mouvement 800P automatique. Bracelet en alligator avec boucle déployante. Edition limitée à 22 exemplaires.

 

De la Terre à la Lune, Van Cleef & Arpels
De la Terre à la Lune, Van Cleef & Arpels
Inspiré du roman de Jules Verne
2011
Boîtier en or blanc. Email paillonné translucide. Mouvement 800P automatique. Bracelet en alligator avec boucle déployante. Edition limitée à 22 exemplaires.

 

Montre Midnight in Paris, Van Cleef & Arpels Or blanc "La montre Midnight in Paris de Van Cleef & Arpels permet aux passionnés d’horlogerie, où qu’ils soient dans le monde, de voir la position exacte des étoiles dans le ciel de Paris. Ainsi, celui qui porte cette montre possède non seulement une fenêtre sur la voûte céleste mais aussi un peu de la magie de la ville lumière. Les étoiles scintillent sur un cadran en verre aventurine bleu nuit. Le mouvement assure leur rotation quasi-imperceptible sur un cycle de 365 jours, dévoilant ainsi leur position exacte dans le ciel de Paris. Le calendrier situé sur le fond du boîtier en or blanc est serti de véritable météorite. Diamètre : 41mm. Mouvement : Mécanique suisse adapté d’un mouvement Jaeger LeCoultre 849." [Source]
Montre Midnight in Paris, Van Cleef & Arpels
Or blanc
« La montre Midnight in Paris de Van Cleef & Arpels permet aux passionnés d’horlogerie, où qu’ils soient dans le monde, de voir la position exacte des étoiles dans le ciel de Paris. Ainsi, celui qui porte cette montre possède non seulement une fenêtre sur la voûte céleste mais aussi un peu de la magie de la ville lumière. Les étoiles scintillent sur un cadran en verre aventurine bleu nuit. Le mouvement assure leur rotation quasi-imperceptible sur un cycle de 365 jours, dévoilant ainsi leur position exacte dans le ciel de Paris. Le calendrier situé sur le fond du boîtier en or blanc est serti de véritable météorite. » [Source]
Montre Pont des Amoureux, Van Cleef & Arpels
Montre Pont des Amoureux, Van Cleef & Arpels
Or blanc, Diamant
« Grâce à son mouvement rétrograde, les deux amoureux de la montre Pont des Amoureux se retrouvent à minuit sur le célèbre Pont des Arts à Paris. Cette rencontre romantique symbolise les moments les plus heureux d’une vie : ceux de l’amour. Sur un cadran en émail contre-jour, la montre Le Pont des Amoureux met en scène deux amoureux dont la promenade romantique marque le temps qui passe jusqu’au rendez-vous tant attendu. Mus par un mouvement rétrograde, les personnages avancent l’un vers l’autre et se retrouvent à midi et minuit pour un baiser, chérissant leur amour pour l’éternité. » [Source]
Lady Arpels Poetic Wish et Midnight Poetic Wish, Van Cleef & Arpels  2012 [ Plus d'informations ]
Lady Arpels Poetic Wish et Midnight Poetic Wish, Van Cleef & Arpels
2012
[ Plus d’informations ]
Montre Lady Arpels Une journée à Paris, Van Cleef & Arpels
Montre Lady Arpels Une journée à Paris, Van Cleef & Arpels
Or blanc / Or rose

 

Lady Arpels Polar Landscape Seal Deco, Van Cleef & Arpels
Lady Arpels Polar Landscape Seal Deco, Van Cleef & Arpels
Prix de la montre Joaillerie et Métiers d’Art
Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), 2011

 

Butterfly Symphony , Van Cleef & Arpels
Butterfly Symphony , Van Cleef & Arpels
Prix de la Montre Dame du Grand Prix du Public, Genève, 2011
[ Plus d’informations ]

Sources :
Site Officiel de Van Cleef & Arpels
Précieux Conseils : Conseil privé en joaillerie
Cool Hunting