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Anna Coleman Ladd : Rendre un visage aux Gueules Cassées

Cette année, en France, nous célébrons le centenaire de la Grande Guerre. Ou, plus exactement, le centenaire de la fin de la Grande Guerre. L’occasion pour moi de vous parler d’une artiste méconnue qui a pourtant participé, à sa façon, au retour à la vie civile de nombreux Poilus : Anna Coleman Ladd. Elle accompagna une transition difficile dans l’existence de ces soldats à jamais marquée par les horreurs du conflit. Une transition d’autant plus compliquée pour ceux que l’on surnommera les « Gueules Cassées ».

Sommaire :

  1. Qui était Anna Coleman Ladd ?
  2. Anna Coleman Ladd : rendre un visage aux Poilus défigurés
  3. Pourquoi le travail d’Anna Coleman Ladd était-il si important ?
  4. L’Après-Guerre et la vie en lambeaux des Gueules Cassées
  5. La revanche des Gueules Cassées : « Sourire quand même » !
  6. Photographies prises dans le studio d’Anna Coleman Ladd
  7. Sources

AttentionCet article contient des images pouvant choquer et être particulièrement dures à regarder. Je ferai en sorte de mettre les images me paraissant les plus « choquantes » en fin d’article mais je préfère quand même vous prévenir avant : qui dit « Gueules Cassées » dit mutilations, parfois sévères, du visage, qui peuvent heurter la sensibilité, notamment des plus jeunes.


Qui était Anna Coleman Ladd ?

Portrait d'Anna Coleman Ladd
Portrait d’Anna Coleman Ladd

Anna Coleman Watts Ladd, ou (un peu) plus simplement, Anna Coleman Ladd, est une femme que peu de gens connaissent et qui a pourtant participé à rendre la vie des Gueules Cassées de la Première Guerre Mondiale plus supportable. Comment, me direz-vous ? En leur rendant leur visage, rien de moins !

Anna Coleman Ladd est une sculptrice américaine née à Philadelphie en 1878. Elle a étudié la sculpture à Paris et à Rome.

C’est depuis Boston, où elle vit, qu’elle entend parler du travail de Francis Derwent Wood, à Londres, qui aide les soldats défigurés par la guerre en leur confectionnant des masques. Grâce à lui nait « the Masks for Facial Disfigurement Department » (le département des masques pour la défiguration du visage), plus connu sous le nom de « Tin Noses Shop » (le Magasin de nez en étain).

En 1917, Anna Coleman Ladd rejoint son mari à Paris et y crée son propre studio, sur le modèle du Tin Noses Shop, en collaboration avec la Croix Rouge américaine qui se trouve sur place. Grâce à sa correspondance avec Francis Derwent Wood, elle apprend comment procéder. En effet, si elle est sculptrice, son travail est alors très éloigné du travail qu’elle entreprend à Paris car elle sculpte essentiellement des personnages mythologiques et ses œuvres ornent principalement des fontaines.

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Anna Coleman Ladd : rendre un visage aux Poilus défigurés

Mais Anna Coleman Ladd apprend, à n’en pas douter. De nombreuses photographies montrent les résultats de son travail auprès des Gueules Cassées et ils sont troublants. L’artiste parvient à rendre un visage à des hommes souvent gravement défigurés. Elle pousse le détail jusqu’à recréer leur moustache.

Pour parvenir à de tels résultats, Anna Coleman Ladd s’aide d’anciennes photographies des Poilus, avant qu’ils ne soient mutilés. Elle peint les masques directement apposés sur les visages de ces hommes afin de leur donner la carnation la plus fidèle possible.

Chaque masque est différent, répondant au besoin spécifique de chaque blessé. Certains ont perdu presque la moitié de leur visage, d’autres n’ont plus de nez ou ont perdu un œil. Anna Coleman Ladd comble les manques.

Des soldats venus fêter Noël au studio d'Anna Coleman Ladd en 1918. Certains portent encore des bandages, d'autres portent leur nouveau visage.
Des soldats venus fêter Noël au studio d’Anna Coleman Ladd en 1918. Certains portent encore des bandages, d’autres portent leur nouveau visage.

Le but est d’offrir à ces soldats blessés la possibilité de sortir à nouveau de chez eux, presque comme avant la guerre, sans avoir à souffrir du regard des autres. Il est aussi de leur permettre de retrouver leurs proches, pour lesquels la vue de ces mutilations est parfois trop dure à supporter. D’autant plus que même les autorités leur demandent de ne pas trop exposer leurs blessures, pour ne pas démoraliser le pays…

« Un homme qui était venu nous voir avait été blessé deux ans auparavant et n’était jamais rentré à la maison », selon un rapport du studio d’Anna Coleman Ladd, datant de 1919. « Il ne voulait pas que sa mère voit à quel point il était en mauvais état.
De tout son visage, il ne restait qu’un seul œil, et après 50 opérations… il est venu à nous », dit le rapport. « Les gens s’habituent à voir des hommes avec les bras et les jambes manquants, mais ils ne s’habituent jamais à un visage anormal. »

(Traduit de l’anglais. Source : The Washington Post, « An American sculptor’s masks restored French soldiers disfigured in World War I », 22 septembre 2014)

Anna Coleman Ladd en profite pour apprendre à les connaître, autour d’une tasse de thé ou d’un chocolat chaud. Le studio est fleuri et décoré pour offrir un cadre accueillant et chaleureux aux blessés.  Plus qu’un nouveau visage, l’artiste essaye de leur rendre une dignité qui a parfois disparu dans les affres de la guerre. Grâce à cela, elle s’emploie à choisir l’expression qui conviendra le mieux aux hommes qu’elle « soigne », à sa façon. Cette expression sera peut-être la dernière qu’ils arboreront jamais, grâce à leur masque. Il est donc crucial de bien la choisir.

Moules en plâtre d’Anna Coleman Ladd. On peut y voir les différentes étapes du travail de l'artiste : en haut, le visage des soldats blessés, tels qu'ils arrivent au studio. Au milieu leur visage remodelé par l'artiste. En bas le masque final, qui viendra couvrir les parties du visage abîmé au combat.
Moules en plâtre d’Anna Coleman Ladd.
On peut y voir les différentes étapes du travail de l’artiste : en haut, le visage des soldats blessés, tels qu’ils arrivent au studio. Au milieu leur visage remodelé par l’artiste. En bas le masque final, qui viendra couvrir les parties du visage abîmé au combat.
Masques réalisés par le studio d'Anna Coleman Ladd.
Masques réalisés par le studio d’Anna Coleman Ladd.

Avant que la Croix Rouge ne soit plus en mesure de soutenir le studio, Anna Coleman Ladd créera presque deux cents masques avec l’aide de ses quatre assistants (notamment, une autre femme artiste, sculptrice, Jane Poupelet que vous pouvez voir ci-dessous). Héroïne méconnue de la Première Guerre Mondiale, elle sera tout de même couronnée de la Légion d’Honneur pour son travail.

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Pourquoi le travail d’Anna Coleman Ladd était-il si important ?

Comme l’expliquent eux-mêmes certains Blessés de la Face, qu’ils fassent partie des Gueules Cassées ou aient été blessés d’autres façons, une mutilation du visage est une blessure très particulière (vous pouvez par exemple voir des témoignages de blessés de la face dans ce court documentaire : https://www.youtube.com/watch?v=rMemw-wVNo8). Elle atteint la personne dans son intégrité, son individualité, son image – autant celle qu’il se fait de lui-même que celle qu’il renvoie aux autres. Une telle blessure peut remettre en question l’humanité même de la personne blessée. Ainsi, pour parler des Gueules Cassées les adjectifs utilisés font partie du champ lexical de l’horreur : « monstrueux », « difforme », « ignoble »…

« Lorsque nous marchons dans la rue, lorsque nous prenons le bus ou le métro, voyant les autres, nous éprouvons spontanément leur présence comme présence humaine. Cette évidence, je l’ai rappelé, est essentiellement due au fait qu’ils ont un visage. Un visage, c’est-à-dire non seulement une face qui présente deux yeux, un nez, une bouche, mais une face que nous percevons comme singulière, chacune distincte de celles qui l’entourent ; et une face manifestant des expressions, c’est-à-dire témoignant d’une attitude, d’une manière d’être, d’un sentiment, d’une intention – de ces états que l’on attribue à une personne. »


Source : Flahault François, « De la face au visage », Les cahiers de médiologie, 2003/1 (N° 15), p. 33-40.

Si ce type de mutilations nous choque tant, c’est que le visage est la première chose que nous voyons d’une personne. L’observation de ce visage nous permet de déterminer tout un tas de choses sur l’individu que l’on rencontre ou que l’on côtoie : ses émotions (et donc les nôtres, en retour), son honnêteté, ses intentions parfois, etc.

Dès notre plus jeune âge, nous apprenons à décrypter, petit à petit, les expressions faciales des gens qui nous entourent. Nous commençons généralement par nos parents, nos proches, puis nos amis. Un beau jour, nous finissons tous par croiser quelqu’un dont « la tête ne nous revient pas ». Notre instinct nous souffle que, non, décidément, avec cette personne-là, ça ne va pas le faire. Ou, au contraire, nous découvrons un visage qui va attirer toute notre attention.

Otto Dix, Les joueurs de Skat, 1920, Huile sur toile et collage, 100 x 87 cm, Galerie Nationale, Berlin.  Tableau souvent choisi pour illustrer l'horreur des mutilations subies par les soldats au cours de la Grande Guerre. Otto Dix était un artiste allemand et témoignait donc des mêmes horreurs en Allemagne qu'en France : des hommes broyés par la guerre, transformés malgré eux en monstres.
Otto Dix, Les joueurs de Skat, 1920, Huile sur toile et collage, 100 x 87 cm, Galerie Nationale, Berlin.
Tableau souvent choisi pour illustrer l’horreur des mutilations subies par les soldats au cours de la Grande Guerre. Otto Dix était un artiste allemand et témoignait donc des mêmes horreurs en Allemagne qu’en France : des hommes broyés par la guerre, transformés malgré eux en monstres.

Mais que se passe-t-il si l’on n’a plus de visage ? On entre dans le domaine du monstre. Le monstre n’est pas qu’une créature fantastique de mythes, de légendes ou de romans. C’est l’inconnu, l’étrange, le chaos. C’est ce qui sort de la norme, ce qui est différent de nous ou de ce que nous connaissons. John Merrick, le célèbre Elephant Man, par exemple, a pu être considéré comme un monstre alors qu’il n’était qu’un homme malade. Dans le film de David Lynch, inspiré de sa vie, on voit bien que le monstre naît d’abord dans le regard de l’autre : Elephant Man est un monstre parce qu’il est différent des autres, parce qu’il est « anormal » (en dehors des normes) aux yeux des autres. Comme lui, les soldats défigurés deviennent, malgré eux, des monstres : nous voyons en eux des êtres humanoïdes qui nous ressemblent, mais n’ont plus de visage. Leur difformité nous inquiète immédiatement parce que nous n’y trouvons pas nos repères habituels. Cela peut pousser certaines personnes au rejet pur et simple. D’autres, passé le sentiment de surprise, seront capables de passer outre (et heureusement !). Mais le plus triste est de constater que de nombreux services de blessés de la face, tout comme le studio d’Anna Coleman Ladd, témoignent d’un même fait : on n’y trouvait pas de miroir. Le monstre naissait aussi, parfois, dans le regard même des blessés.

« Les mémoires d’Henriette REMI, infirmière en Allemagne, et de Katherin BLACK, infirmière en Grande-Bretagne, témoignent de l’absence de miroirs dans les services de blessés de la face. Katherin BLACK relate le cas d’un soldat défiguré par un éclat d’obus retardant la visite de sa fiancée, de peur qu’elle ne voie son visage. Il lui écrivit finalement qu’il était tombé amoureux d’une fille à Paris et souhaitait mettre un terme à sa relation. Henriette REMI narre quant à elle la souffrance d’une femme incapable d’embrasser son mari défiguré et le cas d’un enfant effrayé fuyant son père. »

Source : Colloque « Gueules Cassées, un nouveau visage », Synthèse des débats, 17-18 octobre 2014, Ecole Militaire, Paris

Parmi les films récents qui illustrent le recours aux masques par les Gueules Cassées après-guerre, on trouve notamment Au-revoir là-haut, d’Albert Dupontel, adaptation de l’œuvre éponyme de Pierre Lemaitre, Prix Goncourt 2013. Je ne peux que vous conseiller le visionnage de ce film aux 5 Oscars, où l’un des personnages principaux est une Gueule Cassée, portant des masques pour pouvoir à nouveau exprimer ses émotions, ses sentiments, son humanité. Le film traduit de façon très poétique, je trouve, le recours à ces prothèses.

« En sauvant son ami Albert Maillard (Albert Dupontel), alors promis à une mort certaine, enseveli vivant sous un amas de terre suite à un bombardement, Edouard a la mâchoire emportée par un éclat d’obus. Il vient grossir les rangs de ceux que l’on surnomma les gueules cassées. Incapable de pouvoir exprimer ses émotions, privé de ce qui faisait son identité, Edouard a recours aux masques, qui se chargeront d’exprimer ses émotions et ses différents états au cours du film. »

Source : Olivier Pallaruelo pour Allociné – « Au revoir là-haut : des gueules cassées à l’impossible deuil de 14-18 », 3 mars 2018

Scène tirée d'Au-revoir là-haut.
Scène tirée d’Au-revoir là-haut.

Anna Coleman Ladd à Paris, comme Francis Derwent Wood, à Londres, vont faire en sorte de rendre un peu de « normalité » aux blessés de la face, à une époque où la chirurgie plastique et la chirurgie réparatrice n’en sont encore qu’à leurs balbutiements (notamment en France). Le beau n’est pas tant l’objectif que la norme : une bouche, un nez, deux yeux est la recette simple d’un visage réussi pour pouvoir connaître une vie sociale à peu près normale. C’est aussi dans ce but que la chirurgie esthétique œuvrera et se développera, dans un premier temps.

« La guerre de 1914 fournit aux chirurgiens français plus de mutilations et, surtout, plus de mutilations faciales qu’ils n’en virent auparavant durant plus de cent années. Pendant cette période, une section spéciale de soins chirurgicaux est créée pour intervenir auprès des soldats mutilés, les « gueules cassées ». Elle devient rapidement un lieu d’innovation pour la chirurgie de la face, de la tête et du cou, et les traitements réparateurs sont l’occasion de mettre au point ou de perfectionner un certain nombre de techniques (ligatures des artères du cou, trachéotomie, immobilisation des fragments mandibulaires, extraction de corps étrangers orbitaires ou oculaires, etc.) »

Source : Guirimand Nicolas, « De la réparation des « gueules cassées » à la « sculpture du visage ». La naissance de la chirurgie esthétique en France pendant l’entre-deux-guerres », Actes de la recherche en sciences sociales, 2005/1 (n° 156-157), p. 72-87.

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L’Après-Guerre et la vie en lambeaux des Gueules Cassées

Dans la guerre de tranchées, c’est le visage des Poilus qui est le plus facilement exposé aux tirs ennemis. Ceux-ci ne se trouvent souvent qu’à quelques centaines de mètres à peine, dans la tranchée d’en face. Les uns et les autres s’observent en passant la tête. Un coup de feu suffit pour faire de terribles dégâts. Et les casques ne protègent qu’une partie de la tête des soldats.
On assiste également au développement d’armes nouvelles qui vont grandement contribuer à l’apparition de blessures que les médecins n’ont alors jamais vues : les obus et leurs éclats dévastateurs, le shrapnel mais aussi les lance-flammes, par exemple.
La Grande Guerre est une boucherie, à bien des égards.

« Les armes de gros calibre de la guerre d’artillerie, capables de pulvériser les corps en fragments irrécupérables, et les retombées mortelles d’éclats d’obus avaient clairement montré, dès le début de la guerre, que la technologie militaire de l’humanité dépassait de loin ses capacités dans le domaine médical. (…) De plus, la nature même de la guerre de tranchées s’avérait diaboliquement propice aux blessures au visage : « les soldats ne comprenaient pas la menace de la mitrailleuse », se souvient le Dr Fred Albee, chirurgien américain travaillant en France. « Ils semblaient penser qu’ils pourraient lever la tête au-dessus d’une tranchée et agir assez rapidement pour éviter la pluie de balles. »

(Traduit de l’anglais. Source : Smithsonian, « World War I: 100 Years Later – Faces of War », Février 2007)

La chirurgie plastique n’existe pas encore et les réparations que l’on peut alors faire sont très limitées. Les médecins se retrouvent dans une situation inédite : ils sont en mesure de sauver la vie des soldats mais ils sont incapables de réparer les mutilations subies. L’auteur anglais Ward Muir, qui travailla dans un hôpital en temps de guerre, écrit en 1918 :

« Hideux est le seul mot pour décrire ces visages brisés. » (“Hideous is the only word for these smashed faces.”)

(Traduit de l’anglais. Source : The Washington Post, « An American sculptor’s masks restored French soldiers disfigured in World War I », 22 septembre 2014)

De nos jours, les chirurgies lourdes de la face se sont développées. On parvient même à greffer des visages quand les dégâts sont vraiment très importants. Mais le résultat est encore loin d’être parfait. La rééducation est très longue et la repousse des nerfs sectionnés l’est plus encore. Il faut aussi espérer que la greffe fonctionne et que le patient ne subisse pas un rejet. Bref, un siècle après la fin de la Première Guerre Mondiale, nous sommes encore très loin d’être capables de réparer des visages mutilés. Cela nous permet d’imaginer le désarroi des médecins d’alors…

A leur retour du front, loin d’être toujours traités en héros de guerre, les Gueules Cassées sont parfois rejetés de tous. Certains deviennent de véritables parias ou se terrent dans la solitude. D’autres ne sortiront jamais des centres de soin, trop lourdement handicapés par leurs mutilations ou sujets à des séquelles psychologiques graves. Le traumatisme de la Première Guerre Mondiale crée une génération de « taiseux », comme on les appelle par chez moi : des hommes qui parleront peu des horreurs qu’ils ont vues, qu’ils ont vécues. Parce que les mots ne sauraient suffire, sans doute.

« Saignée à blanc, la France a payé un lourd tribu lors de la Grande Guerre : 1,4 millions de soldats tués ou disparus, plus de 4,2 millions de soldats blessés, 300.000 civiles tués. On estime à environ 300.000 hommes, ni vivants ni déclarés morts, qui manquent à l’appel à l’heure de l’armistice. Rapidement, le terme même de « disparu » devient synonyme de décédé, et l’on parle désormais de « chers disparus » pour évoquer l’ensemble des victimes du conflit, en confondant les morts avérés et les morts supposés. Aucune distinction n’est d’ailleurs perceptible sur les monuments aux morts : les uns et les autres sont rassemblés dans un hommage commun puisque aucune catégorisation ne peut entamer l’unité du sacrifice. »

Source : Olivier Pallaruelo pour Allociné – « Au revoir là-haut : des gueules cassées à l’impossible deuil de 14-18 », 3 mars 2018

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La revanche des Gueules Cassées : « Sourire quand même » !

Parallèlement, se crée l’Union des Blessés de la Face. Une association qui va venir en aide aux Gueules Cassées qui, souvent considérées comme aptes au travail et donc valides, n’ont droit à aucune pension d’invalidité.

« L’Association est née le 21 juin 1921 de la volonté de ses trois fondateurs, le Colonel Picot, Bienaimé Jourdain et Albert Jugon. Ils se choisissent une devise porteuse d’espoir : « Sourire quand même » !« (…)
« Il convient de se rappeler que la France des années 20 était encore essentiellement rurale. Le Code des Pensions militaires d’Invalidité ne prévoyait pas d’indémnisation pour ce type de blessure car les soldats blessés à la face pouvaient, avec leurs bras et leurs jambes, retourner travailler aux champs. »

Source : « Les Gueules Cassées : Sourire quand même », Interview de Henri Denys de Bonnaventure, Président de l’UBFT.

L’Union des Blessés de la Face va alors avoir une idée révolutionnaire pour aider ses membres : lancer ce qui deviendra le Loto que nous connaissons encore aujourd’hui. On l’appelle d’abord La Dette puis la Loterie Nationale et les bénéfices qu’elle engendre permettent d’acheter et d’entretenir, notamment, deux domaines (le Château de Moussy-le-Vieux, proche de Roissy-en-France et le Domaine du Coudon) où les Gueules Cassées réapprennent à vivre en société et travaillent entre deux opérations chirurgicales.

« Beaucoup de témoignages contredisent néanmoins l’idée négative selon laquelle les blessés de la face auraient été considérés comme des monstres sans espoir, condamnés à finir à être abandonnés de tous. (…)

En France, le décret du 28 février 1925 ajouta au barème de 1919 une mention de défiguration selon le degré d’importance (de 10 à 60 %). Ce changement n’intervint qu’après une longue campagne des Gueules Cassées.
Certaines d’entre elles étaient exaspérées par le refus symbolique de reconnaissance de leur sacrifice pour la patrie. Les Gueules Cassées ont su faire preuve d’humour et d’entraide. Le nom des Gueules Cassées lui-même témoigne de cette volonté de sourire. La Greffe générale, journal des blessés du Val-de-Grâce, témoigne d’une volonté de dérision, à travers des articles sur la vie quotidienne à l’hôpital et les dessins satiriques.(…)

L’humour, les bons mots et les plaisanteries sont des armes de la lutte contre le cafard. Certains termes deviennent des codes connus des seules Gueules Cassées.
Le journal d’Henriette REMI dépeint l’entraide entre blessés, les voyants guidant les aveugles ou écrivant des lettres pour eux. Elle relate le cas d’un blessé laissant un camarade choisir pour lui son nouveau nez.
L’esprit de camaraderie est renforcé par l’expérience d’une blessure au visage partagée et de longs mois de soins à l’hôpital.(…)

Les vétérans qui ont choisi de vivre loin du regard du public, comme ceux qui emménagèrent au château de Moussy-le-Vieux, sont finalement peu nombreux. En France, les appels aux récoltes de fonds pour les Gueules Cassées ont été bien reçus dans l’opinion publique. Les Gueules Cassées entretinrent des relations harmonieuses avec l’Etat, auxquelles la présence du Colonel Yves PICOT au gouvernement contribua. »

Source : Colloque « Gueules Cassées, un nouveau visage », Synthèse des débats, 17-18 octobre 2014, Ecole Militaire, Paris

De nos jours, l’Union des Blessés de la Face et de la Tête (UBTF) existe toujours et vient également en aide aux policiers, gendarmes ou pompiers blessés en service. Ils prennent aussi soin des veuves des blessés, qui perdent la pension de leur mari à leur décès, en apportant notamment un complément à la pension de veuve de guerre, bien moindre, qu’elles touchent alors. Tout ça grâce à la création de leur Loto, des décennies plus tôt.

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Photographies prises dans le studio d’Anna Coleman Ladd

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Sources :

L’Histoire par les Femmes : « Anna Coleman Ladd, sculptrice de visages »
The Washington Post, « An American sculptor’s masks restored French soldiers disfigured in World War I »
Daily Geek Show : « Anna Coleman Ladd, la femme qui rendait un visage aux soldats défigurés »
Smithsonian, « World War I: 100 Years Later – Faces of War », Février 2007
Les Gueules Cassées – UBFT
Gueules cassées — Wikipédia

Inktober 2018 – Mes dessins

Pour la deuxième année consécutive, j’ai décidé de participer à l’Inktober ! Pour ceux qui ne sauraient pas de quoi il s’agit, je vous avais fait un petit topo sur le sujet dans l’article qui présentait mes dessins, l’année dernière.

Comment s’est passé l’Inktober cette année ?

Cette année, j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et de passer du noir et blanc à la couleur. J’ai enfin ressorti mes aquarelles et mes pinceaux, ça m’a fait beaucoup de bien. Mais, évidemment, j’ai eu beaucoup plus de mal à tenir le rythme d’un dessin par jour pendant trente et un jours.

Au final, il me manque deux dessins et certains ne sont pas colorés (c’est voulu pour le 19ème mais pas pour les autres). Mais, bon, je suis quand même très fière de moi parce que ça représente un sacré progrès par rapport à l’année dernière déjà. Et par rapport à mon état de santé et à ma confiance en moi et en mes capacités, surtout.

Je vous laisse découvrir mes dessins ci-dessous. Quant à ceux qui voudraient en savoir encore plus à leur sujet, sachez que j’ai détaillé mon travail au jour le jour sur Instagram. Vous y trouverez aussi des photographies de ces dessins en cours de réalisation, des anecdotes, leur petite histoire à chacun.

Mon Inktober 2018 :

Thèmes de l'Inktober 2018
Thèmes de l’Inktober 2018


Ces dessins vous plaisent ? Pensez aux boutiques Studinano !
Vous y trouverez des reproductions de divers formats et sous différentes formes, des vêtements, des bijoux, des accessoires et des créations originales pour faire plaisir aux grands, aux petits, à toute la famille et pour toutes les occasions !

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Inktober 2017 – Mes dessins

Cette année, pour la première fois, j’ai trouvé (pris ?) le temps de participer à l’Inktober ! Pour ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux, ça n’est pas une grande nouvelle : vous le saviez déjà car j’ai posté régulièrement mes dessins sur Instagram, Twitter et Facebook. Pour les autres, voici mes 31 (un peu plus en fait ;D) dessins regroupés ici.

Inktober, c’est quoi ?

L’Inktober existe depuis 2009. C’est l’artiste américain Jake Parker qui l’a créé pour améliorer ses propres compétences de dessinateur, à la base. Et, de fil en aiguille, de plus en plus de gens ont décidé de participer.

L’Inktober n’est pas vraiment un concours. On ne gagne rien, on participe si on veut et on s’arrête si on le souhaite. On peut choisir de suivre les thèmes de l’année (disponibles sur la page officielle de l’Inktober ou sur les réseaux sociaux, et que je vous mets aussi ci-dessous) ou créer les siens si on veut travailler sur des thèmes particuliers, par exemple, ou augmenter la difficulté selon son niveau. On peut aussi choisir d’y aller en freestyle, selon l’inspiration du jour.

Normalement, le but est de dessiner à l’encre (d’où le « ink » qui signifie « encre »). Mais ça n’est pas toujours évident. Maintenant, les artistes viennent avec leurs propres techniques et leurs propres envies et c’est encore plus fun, je trouve. Ça permet de découvrir d’excellents artistes d’horizons divers, qui travaillent soit de manière traditionnelle (crayons, feutres, encre, peinture…) soit sur ordinateur. Pour ma part, j’ai opté le plus souvent pour un bon vieux crayon gris (crayon de bois ? Crayon à papier ? J’ai vu que, comme pour le pain au chocolat, les gens commencent à se battre sur la bonne façon de dire : donc POUR MOI ce sera crayon gris et petit pain, bordel).

Mon Inktober 2017 :

Thèmes "officiels" du Inktober 2017.
Thèmes « officiels » du Inktober 2017.

Happy Halloween !

Halloween
Un joli pot en forme de citrouille contenant des Kalanchoe rouges et mon dernier dessin en date posé sur mes chers crayons Faber Castell. Halloween s’invite chez Studinano !

 

Joyeux Halloween à tous !
Des bonbons ou un sort ! Trick or treat ! Et tout le patatra !

Voyez-vous, je n’ai jamais vraiment fêté Halloween. Mais je suis toujours amusée de voir les déguisements que certains peuvent arborer. Certains sont vraiment des professionnels ! Leurs costumes deviennent des oeuvres d’art, de body art plus exactement.

Il faut dire qu’avec la propagation du cosplay et des conventions diverses et variées qui vont avec (Comic Con, Japan Expo, etc.), l’art du costume ne cesse de se perfectionner.

Body Art: L’art corporel, en anglais body art, est un ensemble de pratiques artistiques effectuées sur et/ou avec le corps.

D’ailleurs, certains et certaines parviennent à faire parler d’eux grâce à leur talent pour le grimage ! Par exemple, Dope2111 qui, grâce à ses transformations postées régulièrement sur Youtube, fait de plus en plus parler d’elle.
Elle tente tout ! Y compris ce qui nous semble à première vue impossible. Par exemple ? Iron Man version Robert Downey Jr., Angelina Jolie, Adèle, les princesses Disney (Pocahontas, Mulan, Belle, Cendrillon, Esmeralda etc), mais aussi Harley Quinn, la célèbre copine du Joker, Edward aux mains d’argent, Sally, la copine de Jack Skellington dans L’Etrange Noël de Monsieur Jack de Tim Burton… etc, etc, etc.

Certaines de ses vidéos ont dépassé depuis longtemps le million de vues. Et c’est en partie grâce à sa transformation en Joconde de De Vinci que la demoiselle a commencé à faire parler d’elle dans les médias français.

 

Les princesses Disney par Dope2111
Les princesses Disney par Dope2111

La princesse Pocahontas de Disney par Dope2111
La princesse Pocahontas de Disney par Dope2111

Source: http://www.paperblog.fr/6801368/toi-aussi-transformes-toi-en-princesse-disney/

 

Pour ma part, j’ai préféré faire dans la simplicité pour cet Halloween. Il faut dire que je n’ai pas le talent de dope2111 pour le maquillage… Alors j’ai dessiné o/. Je vous propose de découvrir, ci-dessous ma Sorcière et sa belle citrouille ;)

Comme toujours, cette Faceless Girl (c’est-à-dire un de mes personnages sans visage) spéciale est en vente sous la forme de t-shirts, pulls, sweats et divers accessoires (coques iPhones, iPod, iPad et Samsung Galaxy S, Kindle ou encore Nexus notamment) sur ma boutique Spreadshirt, ici : http://studinano.spreadshirt.fr/
Profitez d’ailleurs d’un code spécial aujourd’hui : SWEET2013 qui vous donnera droit aux frais de port gratuits en ce 31 octobre ;)

 

La Sorcière by Shou'
La Sorcière | The Witch
Aquarelle et encre sur papier Canson | Watercolor and ink on Canson paper

Halloween sur Spreadshirt
Halloween s’invite également sur ma boutique Spreadshirt !
T-shirts, pulls, sweats… mais aussi coques iPhone et Galaxy S, Kindle etc !
C’est par ici : http://studinano.spreadshirt.fr/

 

D’ailleurs, en parlant de princesse Disney, voici un petit aperçu des personnages de conte (et notamment inspirés des versions de Disney) que j’ai personnalisés en Faceless Girl. La série de dessins dont ils font partie s’intitule « Who is the Mad Hatter ? » (Qui est le Chapelier Fou ?) et tous ces personnages sont également disponibles à la vente (http://studinano.spreadshirt.fr/).

Le petit chaperon rouge by Shou'
Le Petit Chaperon Rouge | The Red Riding Hood
(Inspiré par la série Once Upon a Time)
Aquarelle et encre sur papier Canson | Watercolor and ink on Canson paper

Blanche Neige by Shou'
Blanche Neige | Snow White
(inspiré par le dessin animé de Disney)
Aquarelle et encre sur papier Canson | Watercolor and ink on Canson paper

La Méchante Reine by Shou'
La Méchante Reine | The Queen
Aquarelle et encre sur papier Canson | Watercolor and ink on Canson paper

La Belle et la Bête by Shou'
La Belle et la Bête | Beauty and the Beast
(inspiré par le dessin animé de Disney)
Aquarelle et encre sur papier Canson | Watercolor and ink on Canson paper

Not just a princess by Shou'
Not just a princess by Shou’
Aquarelle et encre sur papier Canson | Watercolor and ink on Canson paper

Le Chapelier Fou by Shou'
Le Chapelier Fou | The Mad Hatter
(inspiré par le film Alice au pays des Merveilles de Tim Burton)
Aquarelle et encre sur papier Canson | Watercolor and ink on Canson paper

Le clown-tueur : histoire d’un monstre bien réel

Aujourd’hui, parlons de moi.
(wouah, si c’est pas de l’intro égocentrique qui tue, ça !)

Je suis coulrophobe. (à mes souhaits.)
Si, si, je vous jure. J’ai une peur bleue des clowns. (ah, oui, voilà, la coulrophobie, c’est la peur des clowns)
Un clown m’approche, je suis mal à l’aise. S’il devient un peu trop insistant, je crie. Et ils me faisaient beaucoup pleurer quand j’étais enfant.

Allez savoir pourquoi !
Bah si. Je sais pourquoi. En tout cas, pour ma part, la raison est toute trouvée ! C’est ce fichu « Ça » qui m’a traumatisée.
Mais si, vous savez ! Le film inspiré du roman de Stephen King, dans lequel un affreux clown dévore des enfants… Allez savoir pourquoi, j’avais vu le film (de Tommy Lee Wallace) tiré de ce bouquin (bien meilleur, d’ailleurs, le bouquin) étant petite fille. Il était sorti en 1990, je suis née en 1991, j’ai dû le voir en 1997, tout au plus… Et je ne vous cacherai pas que ça fait un peu jeune, pour un film comme celui-là !

Bref, les clowns et moi, on est pas très amis et j’ai un peu peur des salles de bains. (ceux qui ont vu le film comprendront, j’en suis sûre…)

MAIS, je ne suis pas là uniquement pour vous parler de moi, en réalité ! (ahah, vous êtes rassuré, je le sens.)
Ce qui m’amène à vous parler des clowns et de la peur qu’ils inspirent, c’est ce qui se passe actuellement en Grande-Bretagne, à Northampton. Une histoire qui amuse beaucoup internet mais qui doit quand même donner quelques sueurs froides aux habitants de la ville !
En effet, depuis quelques temps, un clown grimé à la façon du personnage du film « Ça », surgit parfois à Northampton.

Northampton's Clown
Le clown de Northampton | Northampton’s Clown
Inspiré par le film « Ça »

Plusieurs monstres en un

Dans le film, tout comme dans le roman de Stephen King, « Ça »  est un clown tueur d’enfants. Un sympathique personnage, donc, d’autant plus qu’il est capable de prendre des formes très diverses pour s’en prendre à ses proies.

Dans le roman, il est d’ailleurs expliqué qu’il ne serait pas possible, pour un être humain, d’identifier la forme réelle de « Ça ». Par contre, il est capable de prendre diverses formes : clown, loup-garou, sangsues, araignée géante… et bien d’autres encore, sans doute !

Bref « Ça » n’est pas humain (on apprend d’ailleurs qu’il est censé venir de l’espace, bien qu’il se trouve sur terre depuis très longtemps) et « Ça » considère d’ailleurs les humains comme de la nourriture. Mais si cette créature s’en prend avant tout aux enfants, c’est parce qu’il est plus facile pour elle de prendre la forme de leurs peurs : les monstres qui les effraient sont généralement ceux qu’ils ont déjà vu dans un livre, une bande dessinée ou un film.

Le clown du film "Ça"
Le clown-monstre du film « Ça, « Il » est revenu » de Tommy Lee Wallace, 1990

Séduire pour tuer

La forme du clown, elle, sert dans un premier temps à appâter l’enfant. C’est sous cette apparence que « Ça » apparaît pour la première fois dans le roman et séduit l’enfant qu’il va tuer. Il se trouve dans un égout dans lequel tombe malencontreusement le bateau avec lequel jouait le petit garçon. En se penchant pour tenter de le récupérer, l’enfant découvre « Ça » et il a d’abord peur car il lui semble que « l’animal » (car il pense d’abord qu’il peut s’agir d’un animal) a les yeux jaunes comme ceux du monstre qu’il imagine chaque fois qu’il doit descendre dans la cave de sa maison. Cela ne dure pas, cependant. Peu à peu, la description du clown change : alors que le clown le séduit sans qu’il ne s’en rende compte, le garçonnet croit se rendre compte qu’il a mal vu les yeux jaunes et effrayants du clown. Ils lui apparaissent désormais comme ceux pétillants et bleus de sa maman.

guillemet« George se pencha et regarda de nouveau. Il n’en croyait pas ses yeux : c’était comme dans un conte de fée, ou comme dans ces films où les animaux parlent et dansent. Il aurait eu dix ans de plus, il serait resté incrédule : mais il n’avait que six ans, et non seize.
Un clown se tenait dans l’égout. L’éclairage n’y était pas fameux, mais néanmoins suffisant pour que George Denhrough n’ait aucun doute sur ce qu’il voyait. Un clown comme au cirque, ou à la télé. Un mélange de Bozo et Clarabelle, celui (ou celle, George n’était pas très sûr) qui parlait à coups de trompe dans les émissions du dimanche matin.
Le visage du clown était tout blanc : il avait deux touffes marrantes de cheveux rouges de chaque côté de son crâne chauve et un énorme sourire clownesque peint par-dessus sa propre bouche.
Il tenait d’une main un assortiment complet de ballons de toutes les couleurs, comme une corne d’abondance pleine de fruits mûrs. »

Stephen King, Ça, Albin Michel, 9 nov. 1988 – 627 pages

Serial killer John Wayne Gacy
Le serial killer américain John Wayne Gacy,
Surnommé le « clown tueur », il aurait inspiré Stephen King pour le personnage de « Ça »

Le véritable « Ça » ?

Plus sympathique encore, le personnage de « Ça » semble avoir été inspiré par une histoire vraie. En tout cas, il faut avouer que les points communs sont assez étranges ! Il s’agit de celle de John Wayne Gacy, surnommé « le clown tueur ».

Dans les années 70, cet homme d’affaire respectable a assassiné une trentaine de jeunes hommes. Pas moins de 26 cadavres ont été retrouvés enterrés dans le vide sanitaire sous sa demeure de Chicago. Malgré ses efforts pour dissimuler ses méfaits, ces corps dégageaient une odeur pestilentielle dont les voisins se plaignaient. C’est pourquoi, pour se couvrir, il expliquait volontiers avoir des problèmes d’égouts bouchés…

Des égouts ? Une odeur putride ? C’est justement dans les égouts que vit « Ça ». Quant à la forte odeur qu’il dégage, elle est décrite dans le roman, bien qu’il semble capable de la camoufler.

guillemet« Georgie se pencha. Ça sentait les cacahuètes, les cacahuètes grillées ! Et le vinaigre, ce vinaigre blanc que l’on verse sur les frites d’une bouteille avec un petit trou ! Ça sentait aussi la barbe à papa et les beignets frits, tandis que montait, encore léger mais prenant à la gorge, l’odeur des déjections de bêtes fauves. Sans oublier celle de la sciure. Et cependant…
Et cependant, en dessous, flottaient les senteurs de l’inondation, des feuilles en décomposition et de tout ce qui grouillait dans l’ombre de l’égout. Odeur d’humidité et de pourriture. L’odeur de la cave.
Mais les odeurs du cirque étaient plus fortes. »

Stephen King, Ça, Albin Michel, 9 nov. 1988 – 627 pages

Le clown tueur

Mais pourquoi l’appelait-on le « clown tueur », me direz-vous ?
Parce que cet homme n’hésitait pas à se déguiser en clown pour amuser les enfants des hôpitaux. Ça n’était là qu’une des nombreuses activités de cet homme qui faisait tout pour se faire bien voir, après avoir longtemps subi les brimades parfois violentes de son père. Il s’impliqua dans plusieurs organisations. Il s’engagea, par exemple, pour le Federal Civil Defense for Illinois et devint capitaine du Chicago Civil Defense. Il était considéré par beaucoup personne comme quelqu’un de gentil et altruiste.

guillemet« Gacy prenait très au sérieux son implication dans ces différentes organisations et leur dévouait tout son temps libre. Ceux qui connaissaient Gacy le considéraient comme un homme sympathique, mais très ambitieux, qui cherchait à se faire un nom. Gacy voulait absolument « être quelqu’un ». Il travaillait tellement qu’il fut hospitalisé pour épuisement nerveux. »

Source : tueursenserie.org, http://www.tueursenserie.org/spip.php?article42

Mais ce qui est plus intéressant encore (si je puis dire), c’est que lors de la perquisition de sa maison, les policiers découvrirent que Gacy peignait des images de clowns. Elle étaient accrochées aux murs.
De plus, « durant les 14 années qu’il passa dans le couloir de la mort, Gacy peignit de nombreux tableaux à la peinture à l’huile. Son sujet préféré était… les portraits de clowns. Après son décès, certaines de ses peintures se vendirent pour 20.000$ lors d’une enchère, provoquant l’indignation des familles des victimes et des autorités. Mais l’acheteur brûla toutes les œuvres de Gacy peu après les avoir acquises. » (Source : tueursenserie.org, http://www.tueursenserie.org/spip.php?article42)

Voici quelques exemples de ce que ces « créations » pouvaient donner (et qui, je dois l’avouer, me donnent froid dans le dos) :

Handprint and Clowns, John Wayne Gacy
Handprint and Clowns, John Wayne Gacy

Hi Ho With Clown, John Wayne Gacy
Hi Ho With Clown, John Wayne Gacy

Pogo in the Making, John Wayne Gacy
Pogo in the Making, John Wayne Gacy

Cette dernière peinture, Pogo in the Making, est un autoportrait dans lequel Gacy se déguise peu à peu en Pogo, le nom de son personnage de clown pour enfants.

Le clown-tueur pensait-il être Blanche Neige ?

Son intérêt, voire sa passion pour les clowns donne lieu à des créations particulièrement malsaines. La figure du clown, censée être aimée par les enfants et symboliser l’amusement, devient ici monstrueuse.
Le clown semble même parfois mort, comme dans Hi Ho With Clown où elle prend la place de Blanche Neige, au moment où elle est entourée des sept nains, dans son cercueil de verre. Blanche Neige est pourtant un personnage de coeur, décrite comme possédant un cœur pur. C’est une belle princesse aimée de tous, en dehors de sa marâtre.
Doit-on voir dans cette représentation l’idée que Gacy se faisait de lui-même, à l’époque où son père le rabaissait sans cesse ? Peut-être. Il semble, en tout cas, avoir cherché à se faire aimer de tous, en devenant par exemple le clown Pogo, l’ami des enfants à l’hôpital. Mais ne cela ne fait que témoigner un peu plus encore de la folie de Gacy.

Se prenait-il vraiment, intérieurement, pour une princesse au cœur pur, ayant simplement « mal tourné » ? Ou avait-il une face sombre, contre laquelle il essayait désespérément de lutter en participant à de nombreuses activités communautaires et sociales ?
Cette seconde hypothèse ne semble pas tenir la route, comme en témoignent certains de ses propos : « La seule chose dont je sois coupable, c’est d’avoir possédé un cimetière sans autorisation. » (Source : tueursenserie.org, http://www.tueursenserie.org/spip.php?article42)

Northampton's Clown
Le clown de Northampton | Northampton’s Clown
Inspiré par le film « Ça »

Après tout ça, si vous deviez croiser le clown de Northampton, est-ce qu’il vous ferait rire ? Ne provoquerait-il pas plutôt un long frisson d’inquiétude crasse ? En tout cas, même si ses interventions restent distrayantes, il est clair que, pour ma part, je resterai toujours un peu sur mes gardes en croisant un clown.


Sources :
https://www.facebook.com/spotnorthamptonsclown
http://www.lepoint.fr/insolite/grande-bretagne-un-mysterieux-clown-fait-trembler-northampton-20-09-2013-1733609_48.php
http://www.tueursenserie.org/spip.php?article42&artpage=1-4
http://blogs.miaminewtimes.com/riptide/2010/04/the_ten_creepiest_paintings_by.php


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