Archives par mot-clé : peinture

The Lovers

The Lovers, by Shou'

Petite « surprise », si je puis dire : tout d’abord pour passer mes nerfs (qui sont mis à rude épreuve, ces derniers temps), j’ai commencé une nouvelle toile sans trop savoir où elle me mènerait. Finalement, elle prend peu à peu forme et elle semble devenir de plus en plus colorée ce qui me plait bien :) (le mauvais temps de ces derniers temps méritait bien une vengeance colorée !) Pour une fois, je dois dire que je suis assez contente de ce que je fais… C’est assez rare pour être souligné, non ?
Elle s’intitulera sûrement « The Lovers » et mettra en scène un Lotusier (+ d’informations ici) et une Lotusëia (+ d’informations ici, tant qu’à former un couple.. :p).

Bien sûr, je n’oublie pas mon autre toile en cours. Je compte bien l’achever mais je dois avouer que j’avais besoin d’air, besoin de couleurs.
J’espère en tout cas que celle-ci vous plaira (et plus encore quand elle sera terminée) ! ♥

The Lovers, by Shou'

The Lovers, by Shou'

The Lovers, by Shou'

Coup de foudre à Urbino

Piero della Francesca, Portraits of Federico da Montefeltro and His Wife Battista Sforza, 1465-66
Piero della Francesca Portraits of Federico da Montefeltro and His Wife Battista Sforza Tempera on panel, 47 x 33 cm (each) 1465-66

(cliquez pour agrandir)

Voici le diptyque d’Urbino de Pierro della Francesca. Il s’agit d’un double portrait en médaille, aujourd’hui conservé au musée des Offices à Florence en Italie (sans doute un des plus beaux musées au monde, d’ailleurs, mais passons). Vu comme ça, ce tableau peut paraître bien classique ; il s’agit d’un homme et d’une femme qui, de toute évidence, n’ont jamais obtenu le premier prix de beauté (et vous ne croyez pas si bien dire !), rien de plus. Et, très franchement, c’est exactement ce que je me suis dit lorsque ce tableau m’a été présenté en cours il y a quelques années.

Alors, quoi ? Qu’est-ce qu’il a de particulier, ce tableau ?

Son histoire !
Et j’ai été totalement bouleversée par l’histoire de ce tableau, lorsqu’elle m’a été présentée en première année de Licence en Arts Plastiques. Mon professeur avait alors l’art et la manière de raconter les histoires. Et avec celle-ci, il a fait mouche sur moi.
En effet, ce tableau possède une histoire tout à fait particulière et, pourtant, à cause de son apparente banalité, bien des visiteurs des Offices de Florence passe devant lui sans lui prêter la moindre attention (et pour cause, pour les connaisseurs – et les autres aussi, d’ailleurs – parce que ce musée regorge de tableaux à voir et de véritables petites merveilles picturales).

Nous pouvons y voir le Duc et la Duchesse d’Urbino. Urbino (Urbin, en français) est une commune de la province de Pesaro et Urbin dans les Marches en Italie. Une très ancienne commune, s’il en est, car elle existait déjà au XVe siècle (Quattrocento). A l’époque où a été peint ce tableau, les deux protagonistes de ce tableau régnaient donc sur ce duché italien.

Le Duc (Federico da Montefeltro) était une sorte de mercenaire de l’époque. Il avait sous ses ordres une grande armée qu’il mettait au service du plus offrant. C’est ce qui lui a valu ce physique un peu ingrat, qui nous amène à la première petite histoire propre à ce tableau : il faut savoir que l’on avait pour habitude de placer l’homme à gauche et la femme à droite, dans ce type de portrait. Or on constate ici que le Duc a été sciemment placé à droite. Pourquoi ? Parce que son œil droit (caché sur cette peinture) avait été énucléé lors d’un combat. Pour l’anecdote, il semblerait aussi que le peintre l’ait coiffé d’un chapeau pour cacher sa calvitie quelque peu avancée (on n’avait pas encore inventé Photoshop mais on avait déjà le goût de la chose, vous voyez)…

Quant à la Duchesse (Battista Sforza), elle était fille de banquier. C’est à 14 ans qu’elle épousa le Duc alors qu’il avait déjà 38 ans. On mariait les jeunes filles très tôt à l’époque car il y avait peu de chance qu’elles survivent bien longtemps. Elles mouraient le plus souvent en couche. Seulement, malgré son jeune âge, son éducation avait fait d’elle une fille d’une rare intelligence ; elle gérait, en effet, toute l’économie du duché (bon, et puis, elle lisait le latin, composait de la poésie,… une fille toute à fait normale pour l’époque, prenez-en de la graine mesdemoiselles ! :p).

Nous en sommes donc là : voilà une jeune fille de 14 ans vouée à pondre quelques mômes et à mourir pour les beaux yeux de son guerrier de mari (ou le bel oeil, plus exactement, puisque nous avons vu que le monsieur en avait déjà perdu un…) de 24 ans son ainé… Une belle histoire en perspective ? C’était un peu mal barré, me direz-vous.
Honnêtement, on y croit pas une seconde, n’est-ce pas ? Je veux dire, un film sur le sujet ne pourrait être que français (ouf, on va encore me taper dessus). Genre drame sur la vie de l’un et de l’autre. On devine déjà les conquêtes du grand méchant Duc et le dévouement absolu de la Duchesse à Dieu, acceptant son rôle et son sort sans même se poser de question…
Et bien non. En réalité, nous serions plutôt en face d’un drame, certes, mais bien un drame romantique. Le genre à la mode, en ce moment. L’amour impossible. L’amour éternel. Les vampires en moins mais on pourrait quand même parler de Twilight de l’époque (bon, en moins glamour, je vous l’accorde, RPatz et sa copine ont quand même des tronches plus agréables à regarder, hein, bon, mais pour l’époque, disais-je… et pour une histoire vraie, surtout !) ou encore, puisqu’on en est là, d’un amour à la Roméo et Juliette, qui va au-delà de la mort !

Et oui, et oui, et oui… Comment se douter qu’un tel tableau cache un drame Shakespearien ? Et pourtant…

En 1472, donc, la Duchesse tombe malade. Le Duc est alors parti au combat et on lui demande de rentrer au plus vite car elle ne survivra plus bien longtemps. Il s’exécute mais, malheureusement, arrive trop tard… (musique dramatique à l’américaine, faites un petit effort d’imagination, c’est tragique, vous pouvez même verser votre petite larme). Et son chagrin est très grand. Et oui, il aimait beaucoup sa femme. Il va donc passer une commande de portrait au peintre Pierro della Francesca. Il va commander ce portrait en médaille qu’il installera dans son studiolo (nom italien donné à un petit cabinet de travail). Un portrait un peu particulier car, contrairement à ce qui est aujourd’hui le cas, il ne sera pas encadré mais présenté à la manière d’un livre (je dis ça car il dispose aujourd’hui, au musée des Offices où il est en exposition, d’un cadre doré assez tape-à-l’oeil qui fausse complètement la forme initiale de l’objet et que vous pouvez d’ailleurs voir ci-dessus)… Ainsi, une fois refermé, les deux portraits se touchaient, s’embrassaient. Une façon symbolique de sceller leur amour, leur union d’autant plus que dépliées aussi, les peintures leur permettent de se regarder à jamais.

Le Duc ne se remariera jamais. Ce qui était très peu courant pour l’époque. Pas même pour donner une nouvelle mère à son fils.

Plus glauque : le Duc a ici été peint de son vivant mais ce n’est pas le cas de la Duchesse, qui était déjà décédée. Ainsi, on ne peut que constater la pâleur excessive de son visage (et ce même si le maquillage de l’époque voulait que le visage des femmes soit poudré à outrance). Le Duc fait face au cadavre de sa femme. Une femme a qui on a fait revêtir une coiffure de mariage (et oui, il y avait des coiffures spécifiques pour chaque occasion ou presque, à l’époque, mais je reviendrai peut-être là-dessus une autre fois).

Voilà. Dernière anecdote : à l’arrière de ces deux panneaux, on peut voir deux autres peintures (voir ci-dessous), représentant encore le Duc et la Duchesse, sur deux chars de triomphe allant à la rencontre l’un de l’autre. Ils sont entourés d’allégories diverses (par exemple, la Justice et d’autres). C’est sur ces peintures que l’on peut le mieux constater à quel point la Duchesse a bel et bien l’air morte. Son teint est livide et elle peut sembler effrayante. Son char est d’ailleurs tiré par des animaux fantastiques, contrairement à celui de son époux. Quant au Duc… il est présenté, cette fois, fièrement vêtu de son armure et son profil est celui de son œil énucléé. Et c’est souvent cette partie du tableau et ce genre de détails qui attirent le plus de spectateurs.

Bref…
Joyeuse Saint Valentin :)

Portraits of Federico da Montefeltro and His Wife Battista Sforza (reverse sides)

Piero della Francesca
Portraits of Federico da Montefeltro and His Wife Battista Sforza
(reverse side)
Tempera on panel, 47 x 33 cm (each)
1465-1466

(cliquez pour agrandir)

Work in progress : La vallée des morts

La Vallée des morts by Shou'

Je travaille actuellement sur cette peinture que vous pouvez voir ici évoluer peu à peu. Elle s’intitulera très probablement La Vallée des morts.

Je voulais jouer une fois de plus sur le même concept qu’avec Second Life (plus d’informations ici : https://www.studinano.com/toile-second-life) : la mort d’un être, sa décomposition, servent à la création de nouvelles entités vivantes. Ici, par exemple, les Lotus fleurissent autour des cadavres peu à peu recouverts par la mousse, la végétation et sur lesquels les arbres même choisissent de pousser. Les Lotus créent à leur tour des lanternes volantes qui, dans mes travaux, symbolisent les âmes. Rien ne se perd, tout se transforme.

Comme je le répète souvent, mon travail artistique est basé sur la vision que je me fais d’Internet : comment personnifier, comment donner un corps, un aspect tangible à un univers virtuel fait de 0 et de 1 ? Rien ne se perd, sur la toile. Les informations peuvent se fondre dans la masse. Certaines rejoignent les tréfonds, elles y sont noyées (volontairement ou non : des starlettes, par exemple, font régulièrement disparaître des informations compromettantes à leur sujet en les noyant sur un flot d’autres, plus valorisantes). D’autres s’envolent, si je puis dire, et forment l’âme d’Internet. Une âme qui n’est pas forcément beaucoup plus rose que le reste mais qui fait encore d’Internet une zone à part : ni une zone de non-droit, comme se plaisent à l’appeler ceux qui voudraient la contrôler, ni une zone trop libertaire, seulement un endroit de création incessante où fourmille l’ensemble des différentes facettes de l’humanité (là encore, bonnes ou mauvaises, des plus comiques aux plus poétiques en passant par des aspects beaucoup plus sombres).

Je crois que ce qui dérange le plus les gens qui essayent désespérément de légiférer à propos de l’Internet (et qui sont généralement des gens qui n’utilisent pas véritablement Internet, d’ailleurs, ou qui, s’ils le font, sont plutôt partisans du « faites ce que je dis mais pas ce que je fais »), c’est de constater à quel point c’est un des moyens de communication reflétant le plus ce que nous sommes, en tant qu’êtres humains. Par exemple, nous sommes à la fois capable de vouloir à tout prix partager la moindre information ou création, parce que la possibilité d’accéder à toujours plus de connaissance en un clic est un petit miracle et, dans le même temps, nous souhaitons être protégé de tout (contre le vol d’informations, la copie non-autorisée de notre travail, etc).

J’essaye surtout de personnifier ma propre expérience, mon propre voyage cybernétique. Mes personnages sont mes avatars. Les décors que je leur imagine sont purement subjectifs de ce que j’ai pu connaître ou connais d’Internet et, du coup, de ce que j’imagine à partir de ça. J’utilise le symbolisme pour illustrer ce parcours qui, finalement, pourrait être un grand livre de screenshots (comme j’aimerais avoir encore des screenshots de mes débuts sur la toile !). Je donne forme, à ma façon, à ce qui n’a pas de forme ou à qui en a trop.

Longtemps adepte des forums de jeux de rôles, j’ai depuis longtemps l’habitude d’essayer d’imaginer du tangible là où il n’y a que des données s’affichant sur un écran froid. C’est un des aspects magiques d’Internet ; on se prend au jeu, là, derrière nos écrans. Quand j’étais sur ces forums, ce sentiment était d’autant plus fort : quelqu’un commençait à écrire une situation et il suffisait de lui répondre. Ces mots devenaient des histoires, complexes et passionnantes, qui pouvaient s’étaler sur des semaines ou des mois. Finalement, Internet est, pour moi, un immense jeu de rôle.
Mais la vie l’est tout autant, me direz-vous ! Nous jouons tous un rôle, voire plusieurs pour chaque situation dans laquelle nous nous trouvons : nous agissons différemment, que nous nous trouvions devant notre patron ou notre maman (…bon, okay, ça n’est peut-être pas le meilleur exemple, mais vous voyez l’idée o: ).

Non, en fait, l’atout majeur d’Internet réside justement en l’anonymat qu’il nous permet de choisir, dans un monde absolument abstrait, fait de pages numériques qui se succèdent encore et encore. Nous pouvons donc choisir d’être qui nous sommes et d’imaginer quoi que ce soit de l’endroit où nous nous trouvons. C’est ce que j’aime d’Internet. C’est ce que craignent d’autres personnes. Mais ça n’en est pas moins un médium créatif absolument passionnant et infini, je ne crois pas qu’on puisse nier cela. Et c’est aussi pour ça que je n’aime pas particulièrement Facebook et son envie de nous voir tout dire de nous, sous notre vrai identité…


Edit : Voici la peinture terminée.

La Vallée des morts
La Vallée des morts
Peinture acrylique sur toile
50 x 100 cm

The White Woman de Gabriel von Max : Petite histoire de la Dame Blanche

Difficile pour moi de choisir une seule et unique toile de Gabriel von Max alors il est fort possible que je vous en présente d’autres à l’occasion. Voici, en tout cas, The White Woman (La Dame Blanche).

Étant donné que les thèmes de prédilection de cet artiste autrichien étaient l’anthropologie, la parapsychologie et le mysticisme, il m’intéresse forcément. En fait, je suis assez fascinée par la plupart de ses toiles, tout comme je peux l’être des thèmes qu’il traite en général.

Par exemple, The White Woman est un tableau qui me dérange particulièrement. Dans le bon sens du terme, bien sûr. Le regard de cette femme fantomatique qui ne nous regarde pas est empli d’une absence de vie qui me met mal à l’aise. Elle semble complètement vide. Absente. Le peintre transcrit ici avec brio la transparence du vêtement, le teint laiteux de la peau et les contrastes (notamment entre la femme et l’obscurité de la pièce d’où elle surgit).

Bref, cette toile a quelque chose de vibrant, malgré l’apparente absence de son occupante. On s’attendrait presque à ce qu’elle s’avance vers nous, passe à nos côtés et disparaisse dans notre dos, sans raison, sans explication, tel le fantôme qu’elle semble être.

Gabriel von Max - The White Woman
Gabriel von Max (1840–1915), « Die weiße Frau », 1900
Huile sur la toile 100 × 72 cm
Collection privée

Difficile, bien sûr, de ne pas penser au mythe de la Dame Blanche. Si, de nos jours, elle tient plus de la légende urbaine, les histoires de « dames blanches » sont pourtant bien plus ancienne. Sorcières, fées, voyantes… Elle a eu bien des rôles au fil des siècles, tantôt bienfaitrice, tantôt porteuse de grands malheurs.

Généralement, la Dame Blanche sert de messagère : son apparition est signe d’une morte prochaine. Dans les légendes contemporaines, elle peut aussi être l’instigatrice de la mort (d’après les histoires, elle dérouterait par exemple les conducteurs en se plaçant au bord d’une route, la nuit, ou pénétrerait leur véhicule sans prévenir, selon les variantes).

Il semble que même les esprits éveillés comme Érasme croient aux histoires comme celle de la Dame Blanche :  « Un des faits les plus connus demeure l’apparition de la dame blanche aux familles princières. » (Source : Érasme, Des prodiges, In Dictionnaire du Diable et de la démonologie, Marabout université, 1968, p. 51) De nombreuses têtes couronnées ont d’ailleurs prétendu, au fil des siècles, avoir vu des Dames Blanches, généralement avant leur mort ou celle d’un de leurs proches.

Par conséquent, qui est la Dame Blanche de la peinture de Gabriel von Max ? Elle a tout l’air d’un fantôme et son regard vide laisse penser qu’elle ne « vit » pas forcément sur le même plan que nous, comme si elle regardait vers un ailleurs que nous sommes incapables de voir. Elle porte des clefs à sa ceinture. Que sont-elles censées ouvrir ? On serait tenté de penser que la porte qu’elle vient de franchir et qui donne sur une complète obscurité, a peut-être été ouverte par l’une de ses clefs. A moins que celles-ci ne soient utilisées pour passer du monde des vivants à celui des morts ? Toutes les hypothèses sont envisageables. Il se peut aussi qu’elle soit la gardienne de quelque chose mais nous ignorons quoi. Elle est une mystérieuse jeune femme, à la fonction tout aussi secrète.

C’est sans doute ce qui éveille une certaine crainte en nous, à la vue de ce tableau. On ne sait pas si la Dame Blanche est porteuse d’un message heureux ou non. On ne peut pas même être sûre qu’elle est bien porteuse d’un message. Est-ce une hallucination ? Un rêve ? Un cauchemar ? La porte de la toile s’ouvre surtout sur toutes les interprétations possibles. Cette jeune femme a mille histoires ; tout comme le mythe de la Dame Blanche a connu mille variantes.

Et vous, que vous évoque cette Dame Blanche ?

Présentation d’une de mes peintures : The tree of life

Expo Virtuelle de ma toile "Tree of life".
L’arbre de la vie | The tree of life
280cm/200cm, 7’/9′
7 canvases / 7 toiles
Peinture acrylique sur toile

Dans cette toile, nommée The Tree of Life1 (dont le titre est un clin d’oeil plus qu’une réelle référence au film du même nom), l’idée est globalement semblable à celle de Second Life. Il s’agit d’un grand arbre (la toile – ou devrais-je dire les toiles car il s’agit d’un polyptyque – est d’ailleurs également plutôt imposant2) dans lequel plusieurs Faceless Girls semblent dormir ou s’être figées pour une raison mystérieuse. Leurs corps s’emmêlent dans les branches et disparaissent en partie dans le feuillage.

Laissez-moi vous expliquer un peu l’histoire de cette toile.

Pourquoi un arbre ?

Voyez vous, il est très difficile de parler de la symbolique de l’arbre car il s’agit « d’un des thèmes symboliques les plus riches et les plus répandus ; celui également dont la bibliographie, à elle seule, formerait un livre. » Toutefois, on peut distinguer « sept interprétations principales [non exhaustives], mais qui s’articulent toutes autour de l’idée du Cosmos vivant en perpétuelle régénérescence ». C’est l’idée du cycle de la vie : nous naissons, nous vivons, nous donnons la vie et/ou nous mourons et la vie renaît de nos cendres et/ou se poursuit en une génération suivante.

C’est pourquoi l’arbre est « symbole de la vie, en perpétuelle évolution » et que ses « feuilles, surtout, évoquent un cycle » car ils s’en dépouillent et s’en recouvrent chaque année3 ; les arbres meurent et renaissent sans cesse à partir de leurs propres « restes » (les feuilles tombant au sol, se décomposant peu à peu et, de ce fait, nourrissant la terre dans laquelle les racines de l’arbre prennent place pour le nourrir à son tour).

Les Faceless Girls

Pour moi, les Faceless Girls sont un peu de ces feuilles qui tantôt disparaissent, tantôt renaissent.

Dans l’univers que j’ai imaginé, quand elles sentent leur heure arrivée, mes Faceless Girls cherchent à trouver l’endroit idéal pour « mourir ». Ici, elles grimpent dans l’arbre et attendent la mort. Puis, avec le temps, elles finissent par se fondre dans l’arbre, à ne faire plus qu’un avec lui : elles deviennent son feuillage. C’est pourquoi mon arbre a également un feuillage, d’ailleurs.

En tombant, ces feuilles nourrissent la terre qui, elle-même, nourrit les fleurs de lotus (qu’on ne voit pas ici) qui donneront un jour naissance aux prochaines Faceless Girls mais qui permettra également à d’autres arbres de pousser, constituant un nouvel endroit où les Faceless Girls pourront finir leurs jours.

C’est un cercle immuable – à moins que quelque chose vienne y mettre fin et, il faut bien avouer que les hommes y sont souvent pour beaucoup.

La sauterelle et le scarabée

Deux petits détails sont également primordiaux pour moi dans cette toile, mais je les ai volontairement voulus discrets car je crois que l’utilisation qui est faite d’internet aujourd’hui est souvent un peu trop naïve – et donc survolée – pour être bénéfique : une sauterelle ainsi qu’un scarabée apparaissent dans la partie basse du tableau, sur le tronc de l’arbre4. Une sauterelle, « image même du fléau, de la pullulation dévastatrice »5. Et un scarabée, « symbole cyclique du soleil, […] en même temps symbole de résurrection »6. A mon sens, ces deux insectes symbolisent l’homme ; fléau pour lui-même et ce qui l’entoure, mais pourtant capable jusqu’ici de se renouveler pour ne pas périr et ne pas finalement tout détruire sur son passage. Jusqu’ici…

The Tree of Life - Peinture - Painting
L’arbre de la vie | The tree of life
280cm/200cm, 7’/9′
7 canvases / 7 toiles
The Tree of Life - Peinture - Painting
L’arbre de la vie | The tree of life
280cm/200cm, 7’/9′
7 canvases / 7 toiles
Détail de The Tree of Life
Détail de The Tree of Life
Détail de The Tree of Life
Détail de The Tree of Life
Détail de The Tree of Life
Détail de The Tree of Life
Détail de The Tree of Life
Détail de The Tree of Life
Détail de The Tree of Life
Détail de The Tree of Life
Détail de The Tree of Life
Détail de The Tree of Life

1 Voir Images de cet article, L’arbre de la vie | The tree of life, 280cm/200cm (7 toiles), Peinture acrylique sur toile, 2012
2 280cm/200cm (l’ensemble se compose de 7 toiles)
3 Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles : Mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres, op. cit. p.71
4 Voir Images des détails dans cet article
5 Ibid. p.983
6 Ibid. p.984