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Street art au coeur du quartier chinois de Paris

J’ai eu la chance de me rendre dans le 13ème arrondissement de Paris cette semaine (merci pour la découverte à mes accompagnateurs ! ♥) et je suis littéralement tombée amoureuse de deux gigantesques fresques ornant les façades de deux tours du quartier.

Stew, Héron Bleu / Pantónio, Tourbillon de sardines Fresque murale, Street art, 2014 Photo de Alain Delavie Tour Tivoli et Tour Sienne, Place Vénétie, Paris 13e (75)
Stew, Héron Bleu / Pantónio, Tourbillon de sardines
Fresque murale, Street art, 2014
Photo de Alain Delavie
Tour Tivoli et Tour Sienne, Place Vénétie, Paris 13e (75)

Derrière ces deux œuvres se cachent deux artistes du street art : l’un s’appelle Stew. Il est français mais puise son inspiration au Pays du Soleil Levant (bon, nous sommes là dans le quartier chinois… ça se tient un peu quand même, non ?). Dans le 13ème, c’est une gigantesque grue (l’oiseau, hein ! Une sorte de héron, si vous préférez) qu’il a peint sur la tour Tivoli de la place Vénétie. Une oeuvre qui aura demandé pas moins de trois mois de travail ! Pour un résultat qui n’est pas sans rappeler les estampes japonaises et qui est de toute beauté.

L’autre artiste s’appelle Pantónio, il est portugais et avec ses 66 mètres de hauteur et ses 15 mètres de largeur, son « Tourbillon de sardines » est actuellement la plus haute fresque d’Europe. Elle se situe tout près de sa consœur, sur la tour Sienne, sur la même place Vénétie.

Quand on pense que certains imaginent encore que le street art, ça n’est que des tags moches… Il y a de quoi relativiser, là, non ?

Ces deux oeuvres ont été réalisées à l’initiative de la Galerie Itinerrance (oui, avec cette orthographe) installée dans le 13ème arrondissement depuis 2004, dans le cadre d’un évènement surnommé « Street art 13 ». Le but affiché est de faire de l’arrondissement « un musée à ciel ouvert ».

guillemet« Depuis quelques années, la Galerie Itinerrance s’affiche à l’extérieur. Elle propose à tous curieux et amateurs de street art, de découvrir le 13ème arrondissement de Paris à travers tout un parcours de fresques réalisées par des artistes d’envergure internationale. Cette ballade ludique, en collaboration avec la mairie du 13ème arrondissement, a pour objectif de réaliser un véritable musée à ciel ouvert et d’initier le public aux pratiques artistiques actuelles.​ Par la métamorphose de ce quartier à l’aide des différentes interventions, elle apporte non seulement un rayonnement international et une dimension culturelle au 13ème , mais elle offre surtout un support et un lieu d’expression à tous ces artistes globetrotters. »

Source: Galerie Itinerrance, « Le 13ème arrondissement, un musée à ciel ouvert »

Vue extérieure de La Tour Paris 13 avant sa destruction le 8 avril 2014. Paris 13e (75)
Vue extérieure de La Tour Paris 13 avant sa destruction le 8 avril 2014.
Paris 13e (75)

Avant ça, la même galerie avait organisé un autre évènement, resté célèbre dans la Capitale : La Tour Paris 13. Déjà, il s’agissait de street art mais le tout était alors localisé dans un même immeuble. Ce dernier a aujourd’hui été détruit (c’était prévu et c’était d’ailleurs le but), laissant place à de nouveau logement sociaux. Il ne nous reste donc que des photographies du lieu qui avait alors été investi par pas moins de 108 artistes de 18 nationalités afin de recouvrir 36 appartements de 4 à 5 pièces sur 9 étages (ainsi que la façade). Le côté éphémère de l’exposition était voulu et assumé. Dans un premier temps, le projet fut d’ailleurs mené dans la plus grande discrétion par la Galerie Itinerrance avec le soutien de la Mairie du 13ème arrondissement. Le but était de faire du street art dans des conditions semblables à celles où il s’est développé : dans un lieu abandonné, voué à disparaître et/ou n’intéressant plus personne. N’oublions pas qu’avant de devenir « à la mode », le street art était une pratique beaucoup plus underground.

Notez que vous pouvez toujours retrouver la Tour Paris 13 au format numérique en allant le site www.tourparis13.fr où vous pourrez vous adonner à une visite virtuelle du lieu (ça n’est pas pareil mais c’est toujours mieux que rien !).

Sur ce, je vous laisse avec une petite galerie d’oeuvres (ci-dessous) que vous pourrez peut-être croiser, au détour du 13ème arrondissement, si vous décidez d’aller vous balader dans le secteur. La Galerie Itinerrance a d’ailleurs pensé à tout car elle propose même un plan du circuit à effectuer pour ne rien rater durant votre visite. Il y en a pour tous les goûts et il y a surtout de quoi vous en mettre plein les yeux  et vous en faire voir de toutes les couleurs !

my-paris-street-art-appEnfin, sachez que si vous voulez découvrir davantage de créations dans les rues de Paris, il existe une application pour téléphones et tablettes : My Paris Street Art. Elle vous indiquera les différents endroits de la Capitale où admirer une oeuvre d’art de rue. Le plus ? Tout utilisateur peut ajouter une oeuvre qu’il aurait déniché dans Paris et qui n’aurait pas déjà été ajoutée à l’application. Bref, un chouette projet collaboratif qui, peu à peu, génère un parcours qui permet de visiter la ville autrement.
L’application est disponible sur iOS et Android. Sachez qu’il existe également un site web, tout simplement : www.paris-streetart.com


Cet article vous a plu (ou pas) ? Vous pouvez laisser un commentaire ci-dessous pour me dire pourquoi ! Par exemple, d’après les photos que j’ai postées, laquelle de ces œuvres préférez-vous ?


Source:
Galerie Itinerrance
Mairie du 13ème arrondissement
Alain Delavie, Paris côté jardin, « Deux fresques géantes de street art dans le 13e arrondissement de Paris », juin 2014

ParisianShoeGals, « Street Art : Les grandes fresques du parcours Itinerrance / Mairie de Paris – Paris 13 », Mars 2014
Diaporama proposé par le journal 20 Minutes

Pixel Art

Qu’est-ce que le Pixel Art ?

C’est un technique de dessin par ordinateur qui consiste à dessiner pixel par pixel. Les pixels, ce sont tous les petits carrés lumineux qui composent votre écran. Généralement, vous ne les voyez pas (à moins que votre écran n’est un pixel mort). Mais lorsque vous zoomez sur une image (une photo, par exemple), elle se « pixelise » : vous pouvez alors voir que votre image n’est en fait composée que de carrés de différentes couleurs, apposés les uns à côté des autres. Ca peut ressembler à du pointillisme. D’autres comparent ça à du canevas.

Dans mon cas, j’utilise le Pixel Art pour créer des images volontairement pixelisées, avec une palette de couleurs réduites. Je dessine à l’aide de différents logiciels, j’utilise les différents outils qu’ils mettent à ma disposition, jusqu’à obtenir l’effet voulu. Je déforme, je trace des lignes ou des formes, je dessine, j’ajoute çà et là les pixels voulus. C’est pourquoi je compare parfois la façon dont je travaille à deux techniques de peintures : le pointillisme d’un côté et le dripping de l’autre. A la différence prêt que tout se fait ici par ordinateur.

Lors de leur présentation, je fais imprimer mes réalisations de pixels sur papier photo ou sur toile. Ainsi, leur taille peut atteindre plusieurs mètres. C’est pourquoi je les qualifie souvent de « fresques ». Dans la mesure du possible, je tente de photographier ce genre d’exposition de mes travaux mais cela n’a pas encore été possible pour tous.

Cliquez sur une des miniatures pour accéder à la page dédiée de la ou des créations correspondantes.


Virtual Smog : Premier Homme

Virtual Smog – Premier Homme
Pixel art – Dessin numérique pixel par pixel

 

Premier homme est issu de ma série de Pixels intitulée Virtual smog. Le smog est un terme utilisé pour désigner le nuage de pollution qui surplombe la plupart des grandes métropoles du monde, à l’heure actuelle. Pour réaliser les travaux de cette série, j’ai donc essayé de noyer des figures dans une sorte de brouillard numérique. Je voulais que ces fresques soient moins colorées que celles que j’ai l’habitude de réaliser, qu’elles dégagent quelque chose de plus froid mais qu’elles n’aient pas pour autant l’air fixes. En choisissant d’utiliser des formes (comme, ici, des hexagones blancs) et des courbes s’entremêlant, j’espère y être parvenue.

Cette fresque, en particulier, s’inspire du film de Ridley Scott, Prometheus. Le film évoque une sorte d’espèce ayant préexisté avant nous, humains, et nous ayant créés. Pourtant, cette espèce cherche à nous détruire. Pour quelle raison ? La réponse à cette question n’est pas clairement donnée, dans le film, mais il semblerait que les humains n’aient été que des créations, des essais scientifiques, peut-être dans un but ayant été atteint. Plus utiles, on s’en débarrasserait, comme cela peut arriver aux rats de laboratoire. Le film repose aussi sur la curieuse relation qu’entretiennent humains et robots. Ces derniers sont les créations des humains, censés les servir sans poser plus de questions, sans remettre en cause cet état de fait. Ils existent, par exemple, pour réaliser les tâches difficiles ou ingrates, que les humains seraient incapables d’accomplir seuls. On peut donc imaginer qu’une sorte de corrélation existe entre ces êtres et entre les « Créateurs » (ainsi que sont surnommés les « premiers hommes ») et les humains. Un robot « démodé » ou plus assez performant est, au mieux, amélioré, au pire, jeté puis remplacé. Peut-être que les Créateurs cherchent, alors, à détruire les humains car ils sont dépassés et qu’ils ont, depuis, créé des « choses » plus performantes. Des êtres qui ne se font pas la guerre, par exemple ? Ou des êtres n’étant pas capable de penser librement ? De multiples possibilités sont imaginables et c’est justement ce qui m’intéresse, dans ce type de films.
La base de mon travail, ici, est la représentation d’un de ces Créateurs. On peut distinguer sa silhouette qui se perd dans une sorte de brouillard digital. Il est là, il ne fait que passer… Ou peut-être pas.

Brush Strokes : Colère

Colère Portrait en pixel art - Dessin pixel par pixel
Colère
Portrait en pixel art – Dessin pixel par pixel

Lorsque j’ai réalisé la série de pixels Brush Strokes, je voulais m’essayer à un style qui serait toujours très numérique mais se conjuguerait avec une forme de texturisation comme cela est le cas en peinture. Je voulais donner l’illusion de coups de pinceaux. Comme si je n’avais pas dessiné pixel par pixel mais que j’avais utilisé une brosse.

A mes yeux, le résultat est peut-être d’autant plus « fourmillant » que d’ordinaire. C’est le type de résultat que je recherche et c’est pourquoi je réaliserai sûrement d’autres fresques avec cette même technique.

Colère est la dernière fresque que j’ai réalisée pour Brush Strokes, à ce jour, et elle est, pour moi, la plus réussie, la plus représentative de ce que je voulais obtenir. La technique, les couleurs, la composition… Tout semble se mêler pour créer un ensemble contrasté, dérangeant. Je ne sais pas toujours ce que vont donner mes travaux jusqu’à ce qu’ils soient terminés. Je pars d’une idée, je la réalise et, progressivement, d’autres éléments viennent se mettre en place ainsi qu’une part d’imprévu due au dessin qui n’est jamais exactement tel qu’on l’avait imaginé au départ. Finalement, quand l’idée est passée de l’esprit à la « feuille » (bien qu’elle soit numérique, ici), elle n’est plus tout à fait la même. Parfois elle y perd, c’est vrai. D’autres fois, elle y gagne et je pense que c’est le cas avec Colère.

Comme son titre l’indique, cette fresque représente une scène de colère. Mon personnage crie, hurle. Le son produit fait vibrer l’ensemble de son décor. Le son crée une distorsion dans l’air que nous ne sommes pas capables de voir mais que l’on peut parfois sentir. Ici, je voulais qu’elle se voit et qu’elle se ressente alors même qu’on ne l’entend pas. Dans l’idéal, ce tableau devrait inciter le spectateur à crier à son tour : à crier plus fort que lui !

Monstre-homme : J’ai aussi une couronne d’épines

J'ai aussi une couronne d'épines
J’ai aussi une couronne d’épines Dessin numérique, pixel par pixel – Pixel art | 2000 x 1500px

J’ai aussi une couronne d’épines appartient à la série de fresques que j’ai intitulée Monstre-homme. On pourrait également la surnommer l’Homme-monstre, d’ailleurs, mais je trouvais l’association inverse plus intéressante. Comment résumer cette idée ? En quelque sorte, l’homme serait un monstre comme les autres. Ou, plus certainement, Le monstre. L’unique, sans doute, puisque l’idée de monstre est apparue avec les histoires contées par les hommes face à ce qui lui paraissait effrayant : l’inconnu, la différence. La particularité du monstre n’étant pas, justement, de ne pas être conscient de sa monstruosité ? Quoi de plus monstrueux qu’un monstre inconscient de sa monstruosité ?

Évidemment, le titre que j’ai choisi pour ce travail particulier n’est pas innocent. La couronne d’épines évoque la Passion du Christ et le sacrifice de celui-ci pour ce en quoi il croyait. Mais, après tout, ça n’est qu’un symbole. Un fou n’aurait-il pas pu être coiffé de cette couronne et passé pour un sacrifié après avoir tenu des propos semblables ? Des paroles porteuses d’un certain espoir, certes, mais des paroles, juste, à une époque où les mots étaient encore puissants. Les martyrs, de nos jours, ne sont plus des messies. Quand ils ne sont pas de véritables kamikazes, ils sont discrédités par ceux qui voient la folie dans leurs actes. Ce travail évoque la dissociation fragile qui existe entre la foi et la folie. « Ce sont les martyrs qui font la foi plutôt que la foi ne fait les martyrs. » Ce qui se cache derrière les actes d’un homme ne fait pas nécessairement ce qu’il est. Et, sans vouloir tomber dans la niaiserie mais, rappelons-le tout de même : l’habit ne fait pas le moine.