Archives de catégorie : Bouillon de Culture

Parler d’art, c’est bien. Mais il n’y a pas que l’art, dans la vie ! (même si on pourrait en discuter) Dans cette catégorie, retrouvez tout ce qui ne concerne pas vraiment l’art mais la culture en général. Voyages au bout du monde, découvertes diverses, films et séries, c’est par ici !

Des murs entre les hommes

La séparation Est/Ouest de Berlin toujours visible depuis l'Espace.
La séparation Est/Ouest de Berlin toujours visible depuis l’Espace.

 

La ville de Berlin est unifiée depuis maintenant plus de deux décennies (1989). Pourtant, voici un cliché troublant qui nous vient tout droit de l’Espace et qui démontre que la séparation Est/Ouest n’est pas encore parfaitement résorbée.

Depuis la Station Spatiale Internationale, la scission entre les deux Allemagnes est toujours visible !

C’est ce que nous démontre la photographie prise par la commandant de l’expédition 35 de la Station, Chris Hadfield. Connecté à Twitter depuis l’Espace, chacune de ses photos, souvent impressionnantes, est massivement relayée sur Internet.

Ici, l’explication est simple mais tout à fait symptomatique des dégâts que peut engendrer une séparation de ce genre : à l’ouest, la ville est plus éclairée du fait d’une activité économique plus importante. Par ailleurs, les lampes à vapeur de sodium, moins couteuses et datant d’avant 1989, sont utilisées dans l’est. Elles produisent une lumière jaune, à la différence de l’ouest où l’on utilise un éclairage différent, plus blanc.

S’il n’y a pas mort d’homme et qu’il s’agit là d’une « simple » utilisation d’ampoules différentes, il est tout de même intéressant de constater que la Guerre Froide n’a pas emporté tous ses dégradations dans sa tombe. Et même si la ville de Berlin est aujourd’hui l’une des plus rayonnantes d’Europe, en particulier du point de vue culturel et artistique, elle ne se remet pas facilement des séquelles de son passé. Elle est aujourd’hui coupée en deux par un mur invisible. Mais des murs encore bien tangibles, eux, existent toujours de par le monde.

Malheureusement, bien d’autres murs existent encore dans le monde.

Voici un rapide coup d’oeil sur la situation :

Le mur de Berlin était probablement le plus connu de tous mais, depuis, d’autres l’ont remplacé. Les médias nous parlent par exemple régulièrement du conflit israélo-palestinien mais aussi des deux Corées. Or, ces pays sont séparés par des murs depuis des décennies et cela ne semble pas prêt de s’arranger… A la frontière entre Israël et la Palestine, le mur est parfois surnommé « Wall of shame » (« Le mur de la honte »)…

Sur le mur situé à la frontière israélo-palestinienne, on peut admirer des oeuvres du street artiste Banksy.
Sur le mur situé à la frontière israélo-palestinienne, on peut admirer des œuvres du street artiste Banksy.
Vue du mur situé à la frontière israélo-palestinienne.
Vue du mur situé à la frontière israélo-palestinienne.
Des murs entre les hommes
Des murs entre les hommes, Alexandra Novosseloff & Frank Neisse, 2007

Mais la plus grande puissance mondiale n’est, elle non plus, pas en reste, elle qui est toujours là pour prodiguer de bons conseils (et ne pas les suivre elle-même) : aux Etats-Unis, le mur construit par les Américains sur leur frontière avec le Mexique est censé endiguer l’immigration. A certains endroits, notamment sur les plages, ce mur ressemble à ce que vous pouvez voir en couverture du livre « Des murs entre les hommes », ci-contre : comme les barreaux d’une prison qui longe la plage face à la mer.

 

Plage de Tijuana sur l'Océan Pacifique. À gauche : le Mexique, à droite : les États-Unis.
Plage de Tijuana sur l’Océan Pacifique. À gauche : le Mexique, à droite : les États-Unis.
Mais qui est véritablement prisonnier de ces protections outrancières ?

Aux Etats-Unis, le mur a été fortement renforcé depuis les attentats du 11 septembre. Résultat ? Tout au long de cette frontière fortifiée, une milice auto-proclamée veille au grain. Ces hommes armés, sortes de cowboys contemporains, ont de quoi donner la chair de poule. Mais les Etats-Unis ont également prévu un vaste réseau de caméras de surveillance ainsi que, depuis peu, le survol de toute la zone par des drones

Tout ça pour lutter contre l’immigration… Un peu too much, vous dites ?

Le Mur de Sable est largement surveillé par l'armée marocaine mais il est aussi entouré de champs de mines qui ont déjà fait de très nombreuses victimes.
Le Mur de Sable est largement surveillé par l’armée marocaine mais il est aussi entouré de champs de mines qui ont déjà fait de très nombreuses victimes.

Mais il y a plus surprenant : un mur au beau milieu du Sahara. Un mur méconnu qui existe pourtant depuis 1980 et qui coûterait une fortune en entretien (apparemment, entre deux et quatre millions de dollars par jour). Cette fois, c’est le Maroc qui a érigé la séparation, s’octroyant ainsi l’ancien Sahara espagnol dont une partie du peuple revendiquait pourtant l’indépendance. La communauté internationale ne reconnaît pas la légalité de cette annexion mais le mur est pourtant toujours bien là et ne semble pas près de céder. Il est d’ailleurs gardé par environ 100 000 soldats marocains.

On le surnomme « Mur de sable ». Ses détracteurs lui préfèrent « Mur de la honte ».

Mais dans certains pays, les murs séparent même les morts !

Dans le cimetière de Belfast (Irlande), un mur souterrain construit en 1969 délimite les tombes catholiques et protestantes.

Malheureusement, il n’existe pas que des murs enterrés dans cette ville : les habitants appellent paradoxalement ces murs les peacelines (lignes de la paix). Ils servent à délimiter les quartiers nationalistes catholiques des zones d’habitations unionistes protestantes. Une guerre civile religieuse qui, là encore, semble avoir de beaux jours devant elle puisque les murs furent édifiés dans les années 70 et qu’ils n’ont eu de cesse d’être fortifiés avec le temps. De simples tôles ondulées ou entassement de briques, certains de ces murs autrefois précaires atteignent aujourd’hui jusqu’à 9 mètres de haut et peuvent être surmontés de grillages. A certains endroits, des points de passage sous vidéosurveillance ont également vu le jour et peuvent être fermés à tout moment.

A member of a cross-community group takes part in a ceremony marking the 20th anniversary of the collapse of the Berlin Wall, in west Belfast

Voilà comment certains hommes cherchent à se séparer d’autres hommes. L’humain ne peut parfois pas supporter la différence de son voisin. Il construit des murs pour s’en protéger, dit-il, mais en réalité n’est-ce pas seulement par bêtise ? Curieusement, dans « bêtise », il y a « bête ». Peut-être est-ce là ce que nous sommes et restons toujours : des bêtes. Et pas les plus intelligentes, contrairement à ce que notre ego nous pousse à croire. Avez-vous déjà vu des animaux bâtir des murs entre eux ? Pas moi.

[Source : http://www.lesmurs.org/ | http://www.planet.fr/ | Documentaire et livre: Des murs entre les hommes ]

Un appartement abandonné depuis 70 ans est retrouvé à Paris

Voilà qui n’arrive pas tous les jours : à Paris, un appartement a été retrouvé alors qu’il n’avait plus été ouvert depuis 70 ans. C’est une véritable capsule temporelle que renfermait l’habitation, meublée à la parisienne, comme à la fin du XIXème siècle-début XXème siècle.

Solange Beaugiron, la petite-fille de Marthe de Florian
Solange Beaugiron, la petite-fille de Marthe de Florian

Il appartenait à une certaine Marthe De Florian, ou plutôt à sa petite fille, Solange Beaugiron (plus connu sous son pseudonyme d’écrivain, Solange Beldo ou Bellegarde) à qui elle l’avait légué à sa mort. Solange, elle est morte à l’âge de 91 ans en 2010. Elle avait quitté Paris à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale pour le Sud de la France et n’avait plus jamais remis les pieds dans la capitale. Elle n’avait hérité que peu avant de l’appartement car Marthe de Florian est décédée en 1939. On peut donc imaginer que l’appartement est resté davantage dans l’état dans lequel l’avait laissé Mme de Florian que sa petite-fille.

Appartement abandonné à Paris depuis 70 ans
Dans cet appartement parisien abandonné depuis 70 ans, le temps semble s’être arrêté.

Avant son départ, il semble que cette dame avait été la muse de l’artiste Giovanni Boldini, l’un des peintres les plus importants de la Belle Epoque.

La peinture ci-dessous, retrouvée dans l’appartement, aurait été réalisée par Giovanni Boldini lui-même et probablement offerte à Mme De Florian qui devait être sa maîtresse (une série de lettres ayant été retrouvée à proximité de la peinture témoignant de leur idylle). La peinture, elle, représente la grand-mère de Mme De Florian, Marthe de Florian, qui était une belle courtisane de la Belle Epoque.

Un véritable trésor qui a été estimé à 3 millions de dollars, rien de moins, lors d’une vente aux enchères réalisée à la suite de la découverte !

Giovanni Boldini, Portrait de Marthe de Florian, grand-mère de la propriétaire de l'appartement abandonné.
Giovanni Boldini, Portrait de Marthe de Florian, grand-mère de la propriétaire de l’appartement abandonné.
Giovanni Boldini, Portrait de Marthe de Florian, grand-mère de la propriétaire de l'appartement abandonné.
Giovanni Boldini, Portrait de Marthe de Florian, grand-mère de la propriétaire de l’appartement abandonné.

Personne ne semble en tout cas comprendre pourquoi Mme De Florian a choisi d’abandonner ainsi son appartement parisien, situé dans le 9ème arrondissement, près de l’église de la Trinité, et de ne jamais y revenir. Elle a fini sa vie loin de cet endroit, laissant derrière elle les nombreux souvenirs d’une vie qui semblait resplendir, comme en témoignent les photographies prises des lieux.

Entre capsule temporelle et cabinet de curiosités, je crois que l’habitation aurait pu être laissé tel quel afin de pouvoir être visité. L’histoire reste en tout cas un intéressant fait divers bien mystérieux, comme nous n’avons pas l’habitude d’en voir souvent.

Sources (english) : Messy Nessy ChicSamantha HahnThe Telegraph


Edit :
Ella Carey, The Paris Time Capsule
Ella Carey, The Paris Time Capsule

Depuis la publication de cet article, il semble qu’un roman ait été écrit, s’inspirant de la mystérieuse histoire de cet appartement parisien.

The Paris Time Capsule de Ella Carey est sorti en avril 2014 mais n’est pour l’instant disponible qu’en anglais. Voici la traduction que j’ai pu tirer de sa quatrième de couverture :

« En 2010, la photographe new-yorkaise Cat Jordan se bat contre son passé difficile. Mais quand une inconnue meurt à Paris, Cat se retrouve être la seule héritière d’un appartement du neuvième arrondissement , abandonné pendant soixante-dix ans après que sa mystérieuse propriétaire, Isabelle de Florian, a pris la fuite à la veille de l’invasion nazie de 1940.
Une cachette renfermant des lettres d’amour appartenant à la grand-mère de la propriétaire, l’infâme Marthe de Florian courtisane de la Belle Epoque, et l’apparition du beau et mystérieux petit-fils d’Isabelle de Florian, Loic Archer, conduisent Cat à la recherche des raisons pour lesquelles Isabelle a gardé son appartement à Paris en secret jusqu’à sa mort, et pourquoi elle lui lègue tous ses biens. »

Disponible sur Amazon : http://amzn.com/0992481201

Le Japon qui dérange ?

Décidément, je continue sur le Japon, en ce moment ! Je vous emmène cependant dans un domaine un peu plus culture pop, aujourd’hui (et, attention, pour moi, « culture pop » et donc « culture populaire » est loin de signifier « sous-culture » comme on peut l’entendre souvent, bien au contraire !).

Il n’est toujours pas devenu facile, aujourd’hui, d’avouer que l’on apprécie la chanson de « variété » japonaise (la J-Pop). Bien souvent parce qu’elle est adorée les adolescents qui disent se passionner pour le Japon parce qu’ils l’imaginent tel qu’il est dépeint dans les manga qu’ils aiment tant. Je ne leur jette pas la pierre ! J’ai été comme eux. Mais je sais aujourd’hui, à force de recherches et de discussions avec des gens de ce lointain pays, que ce que racontent les manga est loin d’être le quotidien d’un japonais lambda. (Nous sommes bien d’accords que je parle, en l’occurrence, des faits vraisemblables que racontent ces BD ? Non, parce que Sailor Moon n’existe pas vraiment. Juste pour info.) Pour autant, les manga restent de très intéressantes sources d’informations sur l’archipel pour peu que l’on prenne le temps de lire entre les lignes. Pour peu que l’on s’intéresse, aussi, à la longue histoire de la culture graphique et artistique nippone qui nous apprend beaucoup sur la culture japonaise en général et sur la façon dont vivent et pensent les japonais.

Kyary Pamyu Pamyu : le style kimo kawaii

Par exemple, quand je me retrouve face à ce clip de Kyary Pamyu Pamyu, jeune artiste dite kawaii (c’est-à-dire, littéralement, mignonne, pour faire simple) et très en vogue en ce moment (jusque dans nos contrées), je lui trouve des qualités graphiques et symboliques très intéressantes (et finalement pas si mignonnes et gentillettes que ça !). Plus que « kawaii« , l’univers de cette chanteuse est dit « kimo kawaii » : c’est-à-dire à la frontière entre le beau et le laid.

De nombreuses images subliminales passent sous nos yeux au visionnage de cette vidéo ; comme cet étrange canard coloré, coiffé d’une couronne de balles de fusil ou un étrange cerveau rose dansant. La culture pop nippone a cela de remarquable ; sa capacité à paraître inoffensive, naïve, presque trop enfantine et, finalement, souvent tout aussi critique, mordante et bien plus ancrée dans la réalité qu’on ne pourrait le penser de prime abord. Les japonais ont l’art du sens-caché, du double-sens. A toujours regarder deux fois pour trouver les failles.

Musicalement, on aime ou pas, évidemment. En ce qui me concerne, c’est surtout d’un point de vue artistique que je trouve la performance (le clip, la mise en scène, les décors, etc.) intéressante. C’est exubérant, déluré, apparemment sans queue ni tête (plus encore pour un occidental !) et tout à fait énervant !…

Ce type de création a tout du défouloir géant. Or, un défouloir n’est pas nécessairement irréfléchi. Il a généralement pour fonction de nous éloigner d’un quotidien un peu trop monotone, strict, voire bridant. Au Japon, si vous regardez les émissions de télévision, les publicités, les clips musicaux… Vous constaterez que beaucoup de créations audio-visuelles semblent être des sortes de défouloirs géants ou tout est possible.

Dans un pays où le taux de suicide reste un des plus importants au monde, un pays réputé pour son système éducatif strict et son monde du travail plus encore, quoi de plus normal que de voir surgir cette sorte d’insurrection informelle ? Ce que les japonais ne peuvent se permettre dans leur vie de tous les jours, les médias le leur fournissent, en quelque sorte. Et ils le font, bien souvent, puissance over 9000 ! (référence de la mort qui tue, seuls les vrais comprendront ;D)

Voici le clip en question, qui s’intitule « Ponponpon » : http://www.youtube.com/watch?v=yzC4hFK5P3g

Cela me fait d’ailleurs repenser à des propos qu’avait tenu le chroniqueur de Laurent Ruquier, un certain Eric Zemmour, dans son émission « On n’est pas couché ». A propos de l’artiste Takashi Murakami (que j’admire beaucoup, il est vrai, et auquel j’ai consacré une grosse partie de mon travail de Licence et dont je parle encore aujourd’hui dans mon mémoire), le prétendu journaliste disait que le Château de Versailles, qui accueillait alors le japonais (du 14 septembre au 12 décembre 2010), avait été transformé « en chambre d’enfant ». Connaissant bien l’univers de Murakami, je me demande encore dans quel genre de chambre Eric Zemmour peut bien faire dormir ses enfants…

Non, les oeuvres de Takashi Murakami ne sont pas enfantines et encore moins naïves. Il faut ne pas les connaître et n’en avoir vu que la surface pour dire une pareille sottise !
Certes, Murakami fait des oeuvres dites « manga », d’après certains. Mais c’est là encore une parfaitement méprise : les manga ne sont pas uniquement destinés aux enfants. C’est d’ailleurs bien pour cette raison que des classifications existent entre les manga pour enfant et pour adultes.
Mais en France, au XXIe siècle, il semble encore que certaines personnes s’imaginent que toute bande dessinée, quelle qu’elle soit (japonaise, belge, française, américaine…) est destinée exclusivement aux enfants…
Et cela fonctionne de même avec l’animation ! C’est ainsi qu’en CM1 ou CM2, c’est-à-dire alors que j’avais moins de dix ans, ma classe a été emmenée au cinéma pour voir Princesse Mononoké, film d’animation de Hayao Miyazaki… J’en ai fait des cauchemars et je pense que je n’étais pas la seule.

Forcément, puisque nous n’étions absolument pas le public visé par ce film !

Au moment où Takashi Murakami exposaient à Versailles, de véritables collectifs avaient vu le jour afin de s’élever contre l’exposition des œuvres de l’artiste au château de Louis XIV. Pétitions dont l’une n’avait pas hésité à se faire appeler les « Non aux mangas » (je préciserai d’ailleurs que le mot « manga » étant un nom étranger, il ne prend pas de « s » au pluriel)…

guillemet« La machine de guerre contre l’art contemporain au château de Versailles est relancée. Deux collectifs, Versailles mon amour et Non aux mangas – Contre les expositions dégradantes au château de Versailles, affûtent leurs armes avant l’exposition consacrée à l’artiste japonais Takashi Murakami. Du 14 septembre au 12 décembre, l’une des stars les plus cotées de l’art contemporain, dont l’œuvre est inspirée des mangas, investira les Grands Appartements du château, la galerie des Glaces et le jardin, pour y présenter vingt-deux sculptures et peintures, dont onze ont été créées spécialement pour l’exposition.

Pour la plupart, les opposants sont les mêmes qui, en 2008, avaient tenté de faire interdire l’exposition de l’Américain Jeff Koons au château du Roi-Soleil. En vain : ils avaient été déboutés par le tribunal administratif de Versailles, puis par le Conseil d’Etat. Ils n’étaient pas partis en croisade, en revanche, contre Xavier Veilhan, invité au château en 2009. Est-ce parce que l’artiste avait installé presque toutes ses œuvres, tel son carrosse mauve, dans le jardin ? Ou parce qu’il est français ? Président de l’Etablissement public du château de Versailles, Jean-Jacques Aillagon dénonce un « activisme aux relents xénophobes ». »

(Article qui était paru dans Le Monde mais a depuis été supprimé, et qui n’est plus aujourd’hui trouvable que sur le site même de ces extrémistes, ceux-là même que l’on peut également voir en ce moment dans les manifestations contre le mariage pour tous, à en croire leurs derniers articles en date : http://coordination-defense-de-versailles.info/wp/tag/non-aux-mangas/)

A mon sens, ces gens font honte à un pays qui, fut un temps, brillait pour son ouverture d’esprit, ses principes égalitaires et sa culture profondément humaine.

Mais cela est loin d’être une première, malheureusement…

En effet, en France, dans les années 80, des personnalités, en particulier politiques, s’étaient déjà élevées contre le manga (je ne vais pas encore citer Ségolène Royal ou faire le procès de Télérama, mais suivez mon regard). Laissant découvrir du même coup toute leur méconnaissance du sujet.
Il est triste de constater que les choses n’ont pas encore évoluées dans notre pays, qui est pourtant le deuxième plus gros consommateur de bandes dessinées japonaises après le Japon lui-même.

Du coup, j’ai bien envie de terminer cet article sur quelques photographies de l’exposition de Takashi Murakami à Versailles (2010). Et, pour ma part, je trouve que ses œuvres n’étaient pas si mal à leur place qu’on a pu l’entendre. Au contraire. Prenez donc en pleine face les sourires goguenards des personnages de l’artiste !

J’avais d’ailleurs travaillé sur cet artiste à l’occasion de cette exposition à l’époque, réalisant un site web expliquant un peu sa pratique en général (rien de très élaboré, je n’avais malheureusement pas beaucoup de temps). J’invite les curieux à y jeter un oeil : https://studinano.com/takashi_murakami/

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La sculpture Flower Matango de Takashi Murakami – Galerie des glaces

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La sculpture Tongari-Kun (Mister Pointy) de Takashi Murakami – Salon d’Hercule

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La sculpture Flower Matango de Takashi Murakami – Galerie des glaces

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La sculpture « Kaikai & Kiki » de Takashi Murakami

Crédits Photos : Gilles Truyens © EPV

guillemet« Pour un japonais, y compris moi, le Château de Versailles est l’un des plus grands symboles de l’histoire occidentale. C’est l’emblème d’une ambition d’élégance, de sophistication et d’art dont la plupart d’entre nous ne pouvons que rêver. Bien sûr nous comprenons que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres de la révolution est directement partie du centre du bâtiment.

Mais, sous de nombreux aspects, tout est transmis à travers un récit fantastique venant d’un royaume très lointain. Tout comme les français peuvent avoir du mal à recréer dans leur esprit une image exacte de l’époque des Samouraïs, l’histoire de ce palais s’est étiolée pour nous dans la réalité.

Donc, il est probable que le Versailles de mon imagination corresponde à une exagération et à une transformation de mon esprit jusqu’au point d’être devenu une sorte de monde irréel à part entière. C’est ce que j’ai essayé de saisir dans cette exposition.

Je suis le chat du Cheshire qui accueille Alice au pays des merveilles avec son sourire diabolique, et bavarde pendant qu’elle se balade autour du Château. D’un sourire enjoué, je vous invite tous à découvrir le pays des merveilles de Versailles. »

Takashi Murakami
(source)

Temple of black light

Ces photographies ont été prises par le photographe américain Jon Sheer.

Il s’agit du magnifique intérieur d’un temple bouddhiste situé dans un petit village de pêcheurs de la banlieue de Phnom Penh au Cambodge. C’est un lieu incroyablement coloré et richement décoré qui a de quoi impressionner. Peint du sol au plafond, le temple est recouvert de scènes aux couleurs chatoyantes. L’endroit laisse rêveur.

Le photographe a d’ailleurs surnommé cette série de photos « Temple of black light », c’est-à-dire littéralement « Temple à la lumière noire » car l’effet obtenu est semblable à ce que l’on peut voir sur des clichés pris à la lumière noire. La lumière noire est souvent utilisée pour créer des effets esthétiques dans des soirées, faisant ressortir les blancs des tissus synthétiques, par exemple. On l’utilise également pour donner l’impression d’une certaine fluorescence. Or, cette effet est ici créé par l’association de couleurs : en particulier un bleu outremer profond fait ressortir le jaune, l’ocre ou l’or. Nous avons l’impression que ces photographies ont été prises à la lumière noire mais il n’en est rien : aucun filtre, aucune lumière particulière n’ont été utilsés. Le temple est bel et bien tel qu’on le voit sur ces clichés.

L’ensemble est hypnotique. Il forme, à mon sens, un lieu idéal de transe.

Je ne peux malheureusement pas vous apporter plus d’informations sur ce temple car je n’en ai pas trouvé. Alors si quelqu’un veut ajouter quelque chose, je serai ravie !

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Voyage sur Pandora !

Prêts pour un deuxième voyage au Japon ? (Le premier est là pour ceux qui l’auraient raté.) J’espère que vous n’avez pas défait vos valises trop vite car vous allez absolument vouloir rester dans cet endroit merveilleux, j’en suis certaine !

Direction, une fois encore, un des fabuleux parcs du pays du Soleil Levant. Le Ashikaga Flower Park de Tochigi.
A mes yeux, cet endroit est plus magique encore que le précédent (le Seaside Park de Hitachi, voir ici). Il faut dire qu’il se situe dans la ville d’Ashikaga, aussi surnommée la petite Kyoto de l’est. Une ville jeune puisqu’elle ne fut d’ailleurs fondée qu’en 1921 et qui met un point d’honneur à promouvoir la protection de la nature. Et, ma foi, je crois que l’on peut dire que c’est vraiment joliment réussi !

 

Ashikaga Flower Park in Tochigi

Ashikaga Flower Park in Tochigi

Ashikaga Flower Park in Tochigi

Ashikaga Flower Park in Tochigi

Ashikaga Flower Park in Tochigi

Ashikaga Flower Park in Tochigi

Ashikaga Flower Park in Tochigi

Ashikaga Flower Park in Tochigi

Ashikaga Flower Park in Tochigi

Ashikaga Flower Park in Tochigi

Ashikaga Flower Park in Tochigi

Mais si cet endroit est aussi fabuleux, c’est parce qu’il est une véritable œuvre d’art naturelle (bien qu’il faille une nouvelle fois souligner le fait que rien n’est laissé au hasard, dans ce parc, puisque la moindre pousse est contrôlée, taillée, embellie…) et, de ce fait, il inspire les créateurs. L’endroit est devenu d’autant plus célèbre depuis la projection du film Avatar de James Cameron puisqu’il en inspira certaines des scènes les plus poétiques. En particulier, c’est la plante grimpante, la Glycine (ici, montée en arbres fleuris aux allures de saule pleureur violacé), l’une des attractions principales du parc, qui a inspiré les Arbres des Voix (voir ci-dessous) et probablement également l’Arbre des Âmes si important pour les Omaticayas. Comment aurait-il pu en être autrement, puisque l’écologie est si importante dans ce film ?

The tree of voices, Avatar, James Cameron

The tree of voices, Avatar, James Cameron

The tree of voices, Avatar, James Cameron

The tree of voices, Avatar, James Cameron

Comme la Glycine n’est arrivée en Europe qu’à la fin du XIXe siècle (bien que Le Nôtre en ait planté quelques pieds, rapportés de Chine lors d’une expédition en 1687, dans les jardins de Versailles), elle ne bénéficie pas d’une symbolique forte dans nos pays occidentaux.

Cependant, en Asie, cette plante est beaucoup plus connotée et c’est donc l’image qu’elle a là-bas qui m’intéresse dans mes travaux, comme vous pourrez le voir dans ma prochaine peinture.

En Chine (le nom chinois de la glycine est Zi Tang, littéralement « la plante rampante couleur de lilas »), par exemple, un certain nombre de plantes, dont la glycine, sont placées de façon à recevoir un maximum d’éclairement lunaire car ce rayonnement est réputé les guérir, les soigner et les protéger. Toujours dans le langage chinois des fleurs, la glycine symbolise la douceur de l’amitié mais sa délicatesse est en fait un piège puisque si elle s’enroule d’abord comme un serpent autour du support, elle l’emprisonne ensuite lorsque son bras devient puissant… Ainsi, au bout de vingt à trente ans, ses troncs noueux viennent à bout des plus solides barreaux et pitons d’acier.

Le nom anglais de la Glycine est d’ailleurs Wisteria. Et si je vous dis Wisteria Lane, nom du quartier où vivent les Desperate Housewives de la série du même nom, je suis sûre que l’idée de la « douceur de l’amitié » liée à une plante capable de briser des pitons d’acier vous paraît tout de suite plus parlant… (à moins que vous n’ayez jamais vu cette série o/)

C’est ce double aspect, donc, qui m’intéresse particulièrement dans ma peinture puisque jouer sur l’ambiguïté des choses me permet de pointer du doigt l’aspect à la fois attirant et inquiétant de l’univers que je tente de personnifier, celui d’Internet.