Archives de catégorie : Mes colères

Dans cette catégorie je vide parfois mon sac sur des sujets qui m’agacent, m’énervent, voire m’horripilent.

« Silence » à Clichy !

A-t-on marché pour rien, le 11 janvier dernier ?

C’est la question que nous sommes en droit de nous poser, je crois, suite à ce qui se passe actuellement au sein de l’exposition « Femina ou la réappropriation des modèles » à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine).

Ce 27 janvier, en effet, une oeuvre a été délibérément retirée de l’exposition à la demande de l’artiste qui l’avait réalisée. La raison ? La Fédération des associations musulmanes de la ville de Clichy aurait contacté la mairie de la ville pour la prévenir qu’elle ne saurait être tenue responsable et ne pourrait pas empêcher d’éventuels incidents si, par malheur, l’œuvre venait à choquer certaines personnes. Afin d’éviter tout dérapage, l’artiste aurait donc préféré que son œuvre soit retirée de l’exposition…

Bouabdellah_Zoulikha_Silence
Zoulikha Bouabdellah, Silence, 2008-2015
Installation: 24 tapis de prière, 24 paires de chaussures, 300 x 560 cm.

Mais quelle est donc l’œuvre au cœur du problème ?

Point de caricature de Mahomet ici. En fait, elle s’intitule (et c’est malheureusement fort à propos…) « Silence ». Elle a été réalisée en 2007 par l’artiste franco-algérienne Zoulikha Bouabdellah et il s’agit, tout simplement, de tapis de prières sur lesquels se trouvent des paires d’escarpins brillants.

L’œuvre a déjà été exposée plusieurs fois depuis sa création. Apparemment sans poser problème.

En ce qui me concerne, le but me semble évident : questionner la place de la femme au sein de l’espace sacré musulman. Je dis bien « questionner », pas juger ou critiquer.

En effet, que peut-on voir dans cette œuvre ?

Ce sont des escarpins dorés posés sur des tapis de prières. Ces chaussures peuvent faire penser à la pantoufle perdue de Cendrillon. Clairement, nous avons donc l’idée de présences féminines mais nous ne pouvons pas voir ces femmes. Elles sont absentes, elles sont comme invisibles.
Le titre de l’œuvre, « Silence », suggère aussi l’idée de ces présences muettes : comme des fantômes, incapables de communiquer avec le « monde des vivants », ces présences sont contraintes au silence. Ces deux mondes, ces deux entités ne peuvent pas communiquer car ils n’appartiennent pas au même espace. Or, c’est précisément ce qui se passe dans une Mosquée : les femmes se trouvent d’un côté, les hommes de l’autre. Les femmes sont voilées, les hommes ne le sont pas.
Autrement dit, la question que pose cette œuvre, je la vois ainsi : les femmes sont-elles vouées à être des esprits passifs et silencieux, au sein de l’espace sacré musulman, voire de la religion musulmane dans son ensemble ?

Bon. Soyons clairs, je vois tout-à-fait ce qui peut générer la polémique dans cette œuvre. Toute œuvre qui questionne est potentiellement polémique puisqu’elle peut questionner des points plus ou moins sensibles de notre mode de vie, de nos convictions, de nos idéaux, de nos dogmes…
Mais en ce qui concerne cette œuvre, « Silence », je pourrais comprendre qu’elle dérange des pays comme l’Arabie Saoudite, dont nous parlons beaucoup depuis la mort du Roi Abdallah (prétendu « de façon très discrète, (…) un ardent défenseur des femmes » selon Christine Lagarde… ni plus ni moins qu’un souverain obscurantiste et totalitariste de plus que la Terre a porté, si vous voulez mon avis), ou Daesh ou je ne sais trop quelle autre ordonnance extrémiste du même style. Mais nous sommes en France et, pis encore, c’est l’artiste qui a choisi de s’auto-censurer semble-t-il !

Zoulikha Bouabdellah, Silence, 2008-2015  Photo Alexandre Mayeur. Galerie Anne de Villepoix, Paris
Zoulikha Bouabdellah, Silence, 2008-2015
Photo Alexandre Mayeur. Galerie Anne de Villepoix, Paris

Dans ce cas, à quoi bon cette œuvre ?

Si je veux créer des œuvres de ce type sans gêner personne, je le fais dans mon garage, je ne les expose pas, non ? Sinon, je ne vois vraiment pas quel est le but et mon analyse précédente est totalement fausse. Auquel cas, j’adorerais que l’artiste m’explique quelle était la raison cachée de son travail car elle m’échappe totalement !

Zoulikha Bouabdellah se justifie ainsi, d’après L’Express :

guillemet« Suite à l’incompréhension dont est victime l’installation, j’ai pris la décision de la retirer. Je mets cette incompréhension sur le compte de l’émotion liée au drame qui a touché la France et ne souhaite en aucun cas que cette pièce soit le prétexte de quelques-uns pour nourrir davantage les amalgames à travers des interprétations erronées. »

(Source: L’Express, Des escarpins sur un tapis de prière pour musulman: une œuvre d’art retirée à Clichy)

Très bien mais, oui ! Oui, il y a « incompréhension » de ma part ! Mais elle n’est pas liée au drame qui a touché la France, en l’occurrence. Elle est liée au fait que je ne comprends pas comment il est possible de s’autocensurer après avoir créé une œuvre comme celle-ci. Honnêtement : à quoi cela sert-il ? Ce que je vois, personnellement, c’est une artiste et des commissaires d’exposition qui planquent leurs miches à la première remarque et, auquel cas, nous nous sommes bien mobilisés pour rien, le 11 janvier dernier…

Quant au maire PS de la ville ?

Môsieur ne se sent pas concerné et il voudrait qu’on le laisse tranquille. D’après le journal Libération, voici comment l’élu se dégage de toute responsabilité :

guillemet« Je me suis fait une règle de principe qui est de laisser aux professionnels le choix des programmations dans les établissements culturels de la ville de Clichy. »

(Source : Libération, Autocensure post-attentats à l’exposition «Femina» de Clichy)

L’Express ajoute ces paroles :

guillemet« Il n’est pas question pour moi de choisir telles ou telles œuvres pour une exposition qui est sous la responsabilité des organisateurs. Je tiens à rappeler que ce n’est pas à la mairie que sont décidés les choix des artistes ou de leurs œuvres ».

(Source: L’Express, Des escarpins sur un tapis de prière pour musulman: une œuvre d’art retirée à Clichy)

De plus, las d’être pris à parti sur les réseaux sociaux, le maire menace de « saisir la justice pour diffamation ». Quitte à aller jusqu’au bout dans le courage…

Sinon, l’union nationale, c’était pas un peu l’idée qui devait émerger et illuminer la France suite aux attentats ? Non ? J’ai dû rêver, je me disais bien aussi…

Bref, je ne peux que soutenir les propos d’une autre artiste, Orlan, qui devait être présente au sein de la même exposition. Je dis « devait » car elle a, depuis, demandé à ce que son travail soit décroché tant que celui de Zoulikha Bouabdellah ne serait pas remis en place. Voici ce qu’elle déclare sur sa page Facebook :

guillemet« Quels que soient les motivations de l’artiste et des commissaires (de l’exposition ndlr.) le résultat est catastrophique. Je peux suivre le raisonnement, mais je ne peux le soutenir car c’est la porte ouverte à toutes sortes de restrictions insidieuses de notre liberté d’expression, au risque que nous passions consciemment ou inconsciemment de l’auto-censure à l’empêchement, de l’empêchement à l’inhibition que produisent la menace et la peur. La liberté d’expression continue à être bafouée deux semaines après les marches du 11 janvier, alors qu’aucun motif sérieux ne peut être invoqué pour interdire la présentation d’une œuvre qui réunit simplement des tapis de prière et des paires d’escarpins. »

(Source : Page Facebook de Orlan)

Et, c’est étrange, parce que Orlan semble penser très sincèrement que la mairie, si « silencieuse » justement, aurait joué un rôle majeur dans l’auto-censure (ou la censure tout court, par conséquent) de Zoulikha Bouabdellah. Voici ce qu’elle déclare, toujours sur sa page Facebook :

guillemet« En vérité, il suffit de se renseigner un peu pour découvrir clairement que cet acte d’auto-censure masque une censure plus grave. ‘’Une association de confession musulmane’’ aurait fait pression auprès des responsables de la mairie pour obtenir le retrait de l’œuvre. La mairie a cédé à ces pressions et s’est désolidarisé de l’exposition si l’œuvre devait être présentée. »

(Source : Page Facebook de Orlan)

L’auto-censure est une chose. La censure en est une autre…
J’imagine que nous aurons peut-être plus d’informations sur ce qu’il en est vraiment dans les jours à venir. En attendant, cette histoire n’est pas très jolie à voir, par les temps qui courent…


Edit du 29/01 :

Le Nouvel Obs nous apprend que l’oeuvre sera finalement réinstallée au sein de l’exposition. La mairie a décidé de prendre « des mesures de sécurité et de communication pour que la pièce soit réinstallée » nous dit-on. (Source)

Du coup, était-il vraiment nécessaire d’en arriver à de telles extrémités ? L’œuvre aurait très bien pu passer inaperçu. Alors qu’après le tapage médiatique, rien n’est moins sûr.

Il semble en tout cas que mon analyse de l’oeuvre n’était pas fausse puisque l’artiste a déclaré ne vouloir ni choquer, ni provoquer mais susciter « un dialogue [sur] les liens entre les espaces profane et sacré ainsi que la place de la femme au seuil de ces deux mondes ». (Source)

Mais, au fait, sont-ils portables, ces escarpins ? Non, parce qu’en exposant des Louboutin, par exemple, je peux vous assurer que vous auriez affaire à d’autres extrémistes, non moins effrayant(e)s ! Moi, je dis ça…

Le #PlugGate : La France réac’ prône-t-elle un retour à l’art dégénéré ?

L’histoire fait la Une des journaux et est partout sur les réseaux sociaux depuis quelques jours : une oeuvre de l’artiste américain Paul McCarthy (à ne pas confondre avec Paul McCartney… ou avec Joseph McCarthy… ni avec un mixage des deux), située Place Vendôme à Paris dans le cadre de la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain), a été vandalisée cette nuit du 18 octobre. Sur Twitter, l’évènement est surnommé le #PlugGate.

Cela fait suite à une série d’évènements aberrants qui se sont succédés cette semaine, depuis l’installation de l’œuvre.

Paul McCarthy - Tree Structure gonflable Place Vendôme, Paris
Paul McCarthy – Tree
Structure gonflable
Place Vendôme, Paris
Le "Tree" de Paul McCarthy après qu'il a été vandalisé.
Le « Tree » de Paul McCarthy après qu’il a été vandalisé.

Le #PlugGate

D’abord, l’œuvre a commencé par faire scandale. Il faut dire que cette gigantesque sculpture gonflable avait de quoi susciter des réactions : pour l’artiste, l’œuvre se voulait d’abord abstraite mais force est de constater qu’elle ressemblait autant à un sapin de Noël stylisé qu’à un sextoy géant (un plug anal, pour les puristes). Et cette ambivalence était de toute évidence revendiquée par l’artiste.

guillemet« Tout est parti d’une plaisanterie : à l’origine, je trouvais que le plug anal avait une forme similaire aux sculptures de Brancusi. Après, je me suis rendu compte que cela ressemblait à un arbre de Noël. Mais c’est une œuvre abstraite. Les gens peuvent être offensés s’ils veulent se référer au plug, mais pour moi, c’est plus proche d’une abstraction. »

Source : Propos de l’artiste recueillis par le journal Le Monde, « McCarthy agressé pour l’érection d’un arbre de Noël ambigu, place Vendôme », 17/10/2014

Il n’en fallait pas plus pour que des journaux ô combien respectables commencent à se fendre d’articles tout à fait consternants : « Oeuvre de Paul McCarthy : à quoi sert le sapin moche de la place Vendôme ? » titre Le Figaro (Lien), avec une finesse sans pareille et une maturité de ton indéniable…

Quand le Figaro s’en mêle (et s’emmêle…)

C’est un certain Jean-Louis Harouel qui est interrogé dans cette sorte d’interview. Ce monsieur est prétendument « professeur d’histoire du droit et des institutions à l’Université de Paris II. Il est spécialisé dans le droit de l’urbanisme et a publié plusieurs essais sur la culture et les arts. » (Merci Wikipédia)
Lisant cela, j’ai envie de poser la question : QUELLE culture et QUELS arts ?? (oui, ça mérite au moins deux points d’interrogation) Je suis probablement une pauvre idiote d’étudiante en Arts Plastiques et mon minable Master Recherche ne vaut probablement pas grand-chose pour un homme d’un tel acabit mais, en ce qui me concerne, je n’ai vu ni culture, ni art dans l’interview du Figaro.

Il faut dire que Jean-Louis Harouel est l’auteur d’un livre, La grande falsification : L’art contemporain, sur la quatrième de couverture duquel nous pouvons lire (il s’agit de la première phrase) : « Le néant artistique abusivement appelé art contemporain est la lointaine suite de la crise de la peinture déclenchée par le progrès technique dans la seconde moitié du XIXe siècle. »

Pause précision : Pour résumer, ce monsieur fait référence à l’invention de la photographie et de la peinture en tube (qui dit peinture en tube, dit fabrication industrielle de la peinture et, par conséquent, que l’artiste n’est plus obligé de fabriquer lui-même, ce qui le dispense d’un savoir-faire fastidieux et pas nécessaire à la portée de tout le monde).

On considère que ces deux évènements ont peu à peu poussé les artistes à sortir de leurs confortables ateliers pour s’aventurer dehors (pas que l’artiste vivait jusque là reclus chez lui, en ermite, bien sûr, mais la peinture était encore un art d’atelier jusqu’alors car il n’était pas nécessairement facile d’emmener tout son matériel à l’extérieur).

Cela va conduire à l’apparition de nouvelles problématiques artistiques et, par conséquent, à la mise en œuvre de nouvelles façons de les réaliser.

En effet, qui dit appareil photo, capable de reproduire le monde avec un haut degré de réalisme, dit aussi que les artistes ne sont plus contraints de peindre de façon aussi réaliste que possible. Ils n’ont plus besoin de se faire « témoin » de leur époque.

C’est ainsi que va naître l’Impressionnisme qui, peu à peu, donnera naissance à tous les mouvements artistiques du XXe siècle : Fauvisme, Cubisme, Surréalisme, Dadaïsme, Abstraction…

Dans l’article, Marcel Duchamp et consorts en prennent pour leur grade (j’ai presque envie de dire « Évidemment ! »… C’était tellement dur d’aller piocher cet exemple. On sent qu’il y a du fond et de la recherche, derrière cet article, attention…)

Takashi Murakami et Jeff Koons sont également cités, bien sûr, ainsi que leurs expositions respectives au Château de Versailles. Or, il se trouve que Takashi Murakami est un artiste que j’aime beaucoup et que j’ai étudié assez longuement et, ô, j’avais déjà écrit un article sur les réactionnaires qui s’en étaient pris à lui lors de son exposition à Versailles.

On prend les mêmes et on recommence !

Et cela va loin dans le bon goût et la connaissance évidente du monde et de l’histoire de l’art et de l’esthétisme, à en juger par des propos insultants comme celui-ci :

guillemet« D’ailleurs, de manière générale, les prétendus «artistes contemporains» sont des bouffons interchangeables, auteurs de bouffonneries interchangeables. »

J’avais titré mon article sur Takami Murakami « Le Japon qui dérange ? ». Mais, de toute évidence, c’est l’art contemporain dans son ensemble qui dérange ces personnes.

L’artiste agressé

Paul McCarthy, artiste américain de 69 ans.
Paul McCarthy, artiste américain de 69 ans.

Sauf qu’en plus des mots doux colportés dans les journaux et les réseaux sociaux, allant de la simple boutade à l’insulte la plus crasse, Paul McCarthy a été agressé, le 16 octobre, avant que son œuvre ne soit vandalisée dans la nuit du 17 au 18 octobre. Pour information, Paul McCarthy a 69 ans. C’était donc, en plus de tout, un acte témoignant d’un courage tout à fait extrême…

Voici la scène hallucinante que décrit le journal Le Monde :

guillemet« Il est alors presque 14 heures, et Paul McCarthy est agressé par un homme qui le frappe trois fois au visage en hurlant qu’il n’est pas français et que son œuvre n’a rien à faire sur cette place, avant de partir en courant. Les personnes qui assistent à la scène sont sidérées. « Cela arrive souvent ce genre de chose en France… ? », nous demande l’artiste, choqué et déstabilisé, mais pas blessé. »

Source : Le Monde, « McCarthy agressé pour l’érection d’un arbre de Noël ambigu, place Vendôme », 17/10/2014

Et, là, à mon sens, nous avons passé un cap dangereux.

Le retour de l’art dit « dégénéré » ?

Ce qui s’est passé n’est pas sans rappeler ce qui a pu se produire au cours des heures les plus sombres de notre Histoire. Et nous voilà, à nouveau, en train de parler en termes d' »art déviant » et d' »art véritable ». J’en veux pour preuve ces paroles, mises en très gros dans l’article du Figaro, pour que personne ne puisse rater ces propos d’une grande culture, toujours proférées par Jean-Louis Harouel (je vous les mets en gros aussi, mais parce que je vais m’y attarder, contrairement au Figaro qui ose publier un torchon pareil) :

guillemet« On humilie l’art véritable en l’obligeant systématiquement à cohabiter avec le n’importe quoi du prétendu « art contemporain ». Celui-ci, je le répète, n’est qu’une bouffonnerie prétentieuse et de nature spéculative. »

Alors qu’il utilise l’expression « art contemporain », on l’entendrait presque utiliser une expression bien plus forte tant l’ensemble de son interview va en ce sens : j’entends, je lis « art dégénéré » (en allemand : « Entartete Kunst ») dans ces lignes. Une expression que les Nazis utilisaient pour parler des œuvres d’art qui les dérangeaient et ne correspondaient pas aux critères esthétiques et idéologiques de la grande Allemagne aryenne…

A cette époque, les artistes « dégénérés » sont aussi bien Picasso que Chagall, Otto Dix (qui est pourtant allemand) ou Kandinsky. Les mouvements artistiques visés vont de l’Impressionnisme à l’Abstraction en passant par le Cubisme, le Surréalisme, le Dadaïsme, l’Expressionnisme… Des artistes et des styles très différents, en somme.

Sous le IIIe Reich, l’art dit « dégénéré » cohabite avec l’art officiel, appelé « art héroïque » qui est l’héritier de l’art classique. Est-ce « l’art véritable » dont parle Jean-Louis Harouel ? J’en ai des frissons tant le parallèle est frappant…

Je délire ? A en juger, entre autres, par les tweets de la Ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin (voir ci-dessous), je ne crois pas, non. Mais, évidemment, les responsables de cet acte de vandalisme et, surtout, les sympathisants de tout poil (bien cachés derrières leurs écrans d’ordinateur, avec pseudonyme et avatars anonymes pour que surtout personne ne puisse les reconnaître… Il faudrait pas être courageux, surtout) se défendent de toute tendance fasciste. Et cela, tout en continuant à vomir des insanités sur l’œuvre, son artiste et l’art contemporain en général. Tous les mêmes ! Tant qu’à faire…

Toi aussi, fait entrer le carré dans le rond !
Toi aussi, fait entrer le carré dans le rond !

Ca ne vous rappelle rien ? Juste un peu plus haut dans l’article : comme Picasso et Kandinsky, se retrouvant, tout-à-coup, dans le même panier des « dégénérés » : mêmes artistes dégénérés, mêmes arts dégénérés ? Bah oui ! C’est bien connu, le Cubisme et l’Abstraction, ce sont deux mouvements tout à fait identiques… Je vous la fais simple : c’est un peu comme essayer de faire rentrer un cube dans un cercle (et j’arrive encore à faire de l’humour au milieu de tout ce foutoir, merci d’en prendre note).

(Voir la capture d’écran des tweets de Fleur Pellerin)

Décidément, toute cette affaire fleure bon un trop plein de culture artistique. Il fallait crever l’abcès ? Ils ont crevé le Plug.

Qui sont les responsables ?

Mais le plus gros problème, c’est que parmi les premières « personnes » à avoir parlé de l’œuvre de McCarthy et contribué à enflammer les réseaux sociaux, il y a le collectif du Printemps Français. Qui sont-ils ? Des activistes proches des réseaux catholiques traditionalistes et, à en juger par leurs coups d’éclat réguliers et leurs publications sur internet, un groupe d’extrême droite. Extrême-extrême, vous voyez ? Tellement extrême, en fait, que même la Manif Pour Tous (les gentils anti-mariage pour tous) désavoue cet obscur collectif et refuse d’y être assimilée… (ils me feront toujours rire, eux, décidément)

Et puis, curieusement, très peu de temps après l’agression de Paul McCarthy (vers 14h), le Printemps Français twitte ceci (à 14h21) :

(Voir la capture d’écran du tweet du Printemps Français)

Alors qu’on ne présente plus guère l’aversion notoire qui était celle du Général de Gaulle envers les Etats-Unis, le fait de réutiliser et de détourner ici des propos de l’ancien Président (« Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! » avait-il, en effet, déclaré dans son discours à l’Hôtel de ville de Paris le 25 août 1944) dans cette histoire concernant directement un artiste américain, est d’un goût pour le moins… douteux.

D’autant plus après ce qui a été dit à l’artiste durant son agression.

La directrice artistique de la FIAC, Jennifer Flay, explique également qu’en parallèle de l’agression, « un homme a contacté les responsables de la FIAC par téléphone pour dénoncer le détournement du « symbole sacré de l’arbre de Noël » et exigé que la structure soit retirée, faute de quoi il a menacé de s’en occuper. » (Source : Le Monde, « McCarthy agressé pour l’érection d’un arbre de Noël ambigu, place Vendôme », 17/10/2014)

Toute cette histoire aurait donc énormément à voir avec les mouvances catholiques traditionalistes comme le Printemps Français, la Manif pour Tous et autres. Quand bien même ne sont-ils peut-être pas directement responsables de l’agression de l’artiste ou du vandalisme dont l’œuvre a fait l’objet, il est indéniable que leur discours et leurs actions, plus que discutables mais malheureusement incessants ces derniers mois, commencent à provoquer des dérives inquiétantes.

Pour Jennifer Flay, il est « navrant que quiconque se permette d’agresser un artiste. » Elle ajoute : « Moi qui suis Néo-Zélandaise et Française, qui ai choisi ce pays, je suis gênée pour la France, même si je sais qu’elle n’incarne pas les idées de cette personne. » (Source : Le Monde)

C’est la FIAC qui, dans le cadre de sa programmation « Hors les murs », avait donné carte blanche à l’artiste pour l’exposition de cette œuvre sur la Place Vendôme. Le choix s’était porté sur lui en particulier car la Monnaie de Paris lui consacrera sa première grande exposition française, intitulée « Chocolate Factory », dès le 24 octobre. En aura-t-il encore envie ? Rien n’est moins sûr. Pour ma part, je comprendrais parfaitement qu’il fuit ce pays de fous !

Il est loin, le temps des Lumières…


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(qu’il vous ait plu ou non, que vous soyez d’accord ou pas)

Le Japon qui dérange ?

Décidément, je continue sur le Japon, en ce moment ! Je vous emmène cependant dans un domaine un peu plus culture pop, aujourd’hui (et, attention, pour moi, « culture pop » et donc « culture populaire » est loin de signifier « sous-culture » comme on peut l’entendre souvent, bien au contraire !).

Il n’est toujours pas devenu facile, aujourd’hui, d’avouer que l’on apprécie la chanson de « variété » japonaise (la J-Pop). Bien souvent parce qu’elle est adorée les adolescents qui disent se passionner pour le Japon parce qu’ils l’imaginent tel qu’il est dépeint dans les manga qu’ils aiment tant. Je ne leur jette pas la pierre ! J’ai été comme eux. Mais je sais aujourd’hui, à force de recherches et de discussions avec des gens de ce lointain pays, que ce que racontent les manga est loin d’être le quotidien d’un japonais lambda. (Nous sommes bien d’accords que je parle, en l’occurrence, des faits vraisemblables que racontent ces BD ? Non, parce que Sailor Moon n’existe pas vraiment. Juste pour info.) Pour autant, les manga restent de très intéressantes sources d’informations sur l’archipel pour peu que l’on prenne le temps de lire entre les lignes. Pour peu que l’on s’intéresse, aussi, à la longue histoire de la culture graphique et artistique nippone qui nous apprend beaucoup sur la culture japonaise en général et sur la façon dont vivent et pensent les japonais.

Kyary Pamyu Pamyu : le style kimo kawaii

Par exemple, quand je me retrouve face à ce clip de Kyary Pamyu Pamyu, jeune artiste dite kawaii (c’est-à-dire, littéralement, mignonne, pour faire simple) et très en vogue en ce moment (jusque dans nos contrées), je lui trouve des qualités graphiques et symboliques très intéressantes (et finalement pas si mignonnes et gentillettes que ça !). Plus que « kawaii« , l’univers de cette chanteuse est dit « kimo kawaii » : c’est-à-dire à la frontière entre le beau et le laid.

De nombreuses images subliminales passent sous nos yeux au visionnage de cette vidéo ; comme cet étrange canard coloré, coiffé d’une couronne de balles de fusil ou un étrange cerveau rose dansant. La culture pop nippone a cela de remarquable ; sa capacité à paraître inoffensive, naïve, presque trop enfantine et, finalement, souvent tout aussi critique, mordante et bien plus ancrée dans la réalité qu’on ne pourrait le penser de prime abord. Les japonais ont l’art du sens-caché, du double-sens. A toujours regarder deux fois pour trouver les failles.

Musicalement, on aime ou pas, évidemment. En ce qui me concerne, c’est surtout d’un point de vue artistique que je trouve la performance (le clip, la mise en scène, les décors, etc.) intéressante. C’est exubérant, déluré, apparemment sans queue ni tête (plus encore pour un occidental !) et tout à fait énervant !…

Ce type de création a tout du défouloir géant. Or, un défouloir n’est pas nécessairement irréfléchi. Il a généralement pour fonction de nous éloigner d’un quotidien un peu trop monotone, strict, voire bridant. Au Japon, si vous regardez les émissions de télévision, les publicités, les clips musicaux… Vous constaterez que beaucoup de créations audio-visuelles semblent être des sortes de défouloirs géants ou tout est possible.

Dans un pays où le taux de suicide reste un des plus importants au monde, un pays réputé pour son système éducatif strict et son monde du travail plus encore, quoi de plus normal que de voir surgir cette sorte d’insurrection informelle ? Ce que les japonais ne peuvent se permettre dans leur vie de tous les jours, les médias le leur fournissent, en quelque sorte. Et ils le font, bien souvent, puissance over 9000 ! (référence de la mort qui tue, seuls les vrais comprendront ;D)

Voici le clip en question, qui s’intitule « Ponponpon » : http://www.youtube.com/watch?v=yzC4hFK5P3g

Cela me fait d’ailleurs repenser à des propos qu’avait tenu le chroniqueur de Laurent Ruquier, un certain Eric Zemmour, dans son émission « On n’est pas couché ». A propos de l’artiste Takashi Murakami (que j’admire beaucoup, il est vrai, et auquel j’ai consacré une grosse partie de mon travail de Licence et dont je parle encore aujourd’hui dans mon mémoire), le prétendu journaliste disait que le Château de Versailles, qui accueillait alors le japonais (du 14 septembre au 12 décembre 2010), avait été transformé « en chambre d’enfant ». Connaissant bien l’univers de Murakami, je me demande encore dans quel genre de chambre Eric Zemmour peut bien faire dormir ses enfants…

Non, les oeuvres de Takashi Murakami ne sont pas enfantines et encore moins naïves. Il faut ne pas les connaître et n’en avoir vu que la surface pour dire une pareille sottise !
Certes, Murakami fait des oeuvres dites « manga », d’après certains. Mais c’est là encore une parfaitement méprise : les manga ne sont pas uniquement destinés aux enfants. C’est d’ailleurs bien pour cette raison que des classifications existent entre les manga pour enfant et pour adultes.
Mais en France, au XXIe siècle, il semble encore que certaines personnes s’imaginent que toute bande dessinée, quelle qu’elle soit (japonaise, belge, française, américaine…) est destinée exclusivement aux enfants…
Et cela fonctionne de même avec l’animation ! C’est ainsi qu’en CM1 ou CM2, c’est-à-dire alors que j’avais moins de dix ans, ma classe a été emmenée au cinéma pour voir Princesse Mononoké, film d’animation de Hayao Miyazaki… J’en ai fait des cauchemars et je pense que je n’étais pas la seule.

Forcément, puisque nous n’étions absolument pas le public visé par ce film !

Au moment où Takashi Murakami exposaient à Versailles, de véritables collectifs avaient vu le jour afin de s’élever contre l’exposition des œuvres de l’artiste au château de Louis XIV. Pétitions dont l’une n’avait pas hésité à se faire appeler les « Non aux mangas » (je préciserai d’ailleurs que le mot « manga » étant un nom étranger, il ne prend pas de « s » au pluriel)…

guillemet« La machine de guerre contre l’art contemporain au château de Versailles est relancée. Deux collectifs, Versailles mon amour et Non aux mangas – Contre les expositions dégradantes au château de Versailles, affûtent leurs armes avant l’exposition consacrée à l’artiste japonais Takashi Murakami. Du 14 septembre au 12 décembre, l’une des stars les plus cotées de l’art contemporain, dont l’œuvre est inspirée des mangas, investira les Grands Appartements du château, la galerie des Glaces et le jardin, pour y présenter vingt-deux sculptures et peintures, dont onze ont été créées spécialement pour l’exposition.

Pour la plupart, les opposants sont les mêmes qui, en 2008, avaient tenté de faire interdire l’exposition de l’Américain Jeff Koons au château du Roi-Soleil. En vain : ils avaient été déboutés par le tribunal administratif de Versailles, puis par le Conseil d’Etat. Ils n’étaient pas partis en croisade, en revanche, contre Xavier Veilhan, invité au château en 2009. Est-ce parce que l’artiste avait installé presque toutes ses œuvres, tel son carrosse mauve, dans le jardin ? Ou parce qu’il est français ? Président de l’Etablissement public du château de Versailles, Jean-Jacques Aillagon dénonce un « activisme aux relents xénophobes ». »

(Article qui était paru dans Le Monde mais a depuis été supprimé, et qui n’est plus aujourd’hui trouvable que sur le site même de ces extrémistes, ceux-là même que l’on peut également voir en ce moment dans les manifestations contre le mariage pour tous, à en croire leurs derniers articles en date : http://coordination-defense-de-versailles.info/wp/tag/non-aux-mangas/)

A mon sens, ces gens font honte à un pays qui, fut un temps, brillait pour son ouverture d’esprit, ses principes égalitaires et sa culture profondément humaine.

Mais cela est loin d’être une première, malheureusement…

En effet, en France, dans les années 80, des personnalités, en particulier politiques, s’étaient déjà élevées contre le manga (je ne vais pas encore citer Ségolène Royal ou faire le procès de Télérama, mais suivez mon regard). Laissant découvrir du même coup toute leur méconnaissance du sujet.
Il est triste de constater que les choses n’ont pas encore évoluées dans notre pays, qui est pourtant le deuxième plus gros consommateur de bandes dessinées japonaises après le Japon lui-même.

Du coup, j’ai bien envie de terminer cet article sur quelques photographies de l’exposition de Takashi Murakami à Versailles (2010). Et, pour ma part, je trouve que ses œuvres n’étaient pas si mal à leur place qu’on a pu l’entendre. Au contraire. Prenez donc en pleine face les sourires goguenards des personnages de l’artiste !

J’avais d’ailleurs travaillé sur cet artiste à l’occasion de cette exposition à l’époque, réalisant un site web expliquant un peu sa pratique en général (rien de très élaboré, je n’avais malheureusement pas beaucoup de temps). J’invite les curieux à y jeter un oeil : https://studinano.com/takashi_murakami/

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La sculpture Flower Matango de Takashi Murakami – Galerie des glaces

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La sculpture Tongari-Kun (Mister Pointy) de Takashi Murakami – Salon d’Hercule

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La sculpture Flower Matango de Takashi Murakami – Galerie des glaces

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La sculpture « Kaikai & Kiki » de Takashi Murakami

Crédits Photos : Gilles Truyens © EPV

guillemet« Pour un japonais, y compris moi, le Château de Versailles est l’un des plus grands symboles de l’histoire occidentale. C’est l’emblème d’une ambition d’élégance, de sophistication et d’art dont la plupart d’entre nous ne pouvons que rêver. Bien sûr nous comprenons que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres de la révolution est directement partie du centre du bâtiment.

Mais, sous de nombreux aspects, tout est transmis à travers un récit fantastique venant d’un royaume très lointain. Tout comme les français peuvent avoir du mal à recréer dans leur esprit une image exacte de l’époque des Samouraïs, l’histoire de ce palais s’est étiolée pour nous dans la réalité.

Donc, il est probable que le Versailles de mon imagination corresponde à une exagération et à une transformation de mon esprit jusqu’au point d’être devenu une sorte de monde irréel à part entière. C’est ce que j’ai essayé de saisir dans cette exposition.

Je suis le chat du Cheshire qui accueille Alice au pays des merveilles avec son sourire diabolique, et bavarde pendant qu’elle se balade autour du Château. D’un sourire enjoué, je vous invite tous à découvrir le pays des merveilles de Versailles. »

Takashi Murakami
(source)

La Liberté guidant le peuple taguée

9FK-1830-7-27-A2-B Delacroix, Die Freiheit fuehrt das Volk Delacroix, Eugene 1798-1863. 'Die Freiheit fuehrt das Volk', 1830. (Allegorie auf die Julirevolution 1830, mit Selbstbildnis). Oel/Lw., 260 x 325 cm. R.F. 129 Paris, Musee du Louvre. E: Delacroix / Liberty leading the People Delacroix, Eugene 1798-1863. 'Liberty leading the People', 1830. (Allegory of the July Revolution 1830, with Self-portrait.) Oil on canvas, 360 x 225cm. Photo (c) AKG London / Erich Lessing. Paris, Musee du Louvre. F: Delacroix, La liberte guidant le peuple Delacroix, Eugene 1798-1863. 'La liberte guidant le peuple', 1830. (Allegorie de la revolution de Juillet 1830 , avec un autoportrait). Huile sur toile, H. 3,60 , L. 2,25. Paris, Musee du Louvre. ORIGINAL: Le 28 Juillet, la Liberte guidant le peuple. July 28th 1830, Liberty guides the people. Oil on canvas, 260 x 325 cm. Painted 1830. R.F. 129 Louvre,Dpt.des Peintures, Paris, France
Delacroix, Eugène (1798-1863), La liberte guidant le peuple, 1830
(Allegorie de la revolution de Juillet 1830 , avec un autoportrait).
Huile sur toile,
H. 3,60 , L. 2,25.
Paris, Musee du Louvre / Lens, Louvre-Lens

Je tiens à vous prévenir, cet article est un coup de gueule et pas un article expliquant en détail ce qu’est et ce que raconte cette peinture d’Eugène Delacroix.


La Liberté guidant le peuple n’est pas, à mes yeux, n’importe quel tableau. Ceci est un des tableaux les plus emblématiques de ce qu’a pu être la France et de ce qu’elle devrait toujours chercher à être : une nation qui n’hésita pas à faire valoir ses droits et à les déclarer haut et fort. La France devint la nation des Droits de l’Homme grâce à ses révolutionnaires. Ça n’est pas rien.

Delacroix dépeint ici ni plus ni moins que la Liberté elle-même, personnifiée en cette femme portant le bonnet phrygien (symbole des révolutionnaires), guidant le peuple. J’insiste : la Liberté, donc, au même niveau que le peuple et le guidant. Vous voyez où je veux en venir ? Nos valeurs (« Liberté, égalité, fraternité ») sont mises en image dans ce tableau. Il est un symbole à lui seul de ce que notre pays dit être (même si, malheureusement, il ne l’est pas toujours…) : un pays où chacun naît libre et égaux en droit.

Ceci est loin d’être un tableau dépourvu de sens. C’est un tableau primordial que chacun devrait respecter au plus haut point et que bon nombre de gens, aujourd’hui, ne connaissent pas ou ignorent bêtement. Un tableau qui dépeint une période de notre histoire que peuvent bien critiquer les bons penseurs d’aujourd’hui et tous ces gens qui voudraient refaire le procès de nos têtes couronnées, voire les remettre au pouvoir (j’aimerais tant vous voir transportés à l’époque ! Comme je rirais de bon cœur !) : il est la preuve qu’un jour le peuple a su dire « Non » de façon ferme et franche à un pouvoir totalitariste afin que nos petites têtes blondes puissent aujourd’hui toutes se la péter avec un iPhone à la main en cour de récréation.

La Révolution ne se résume pas seulement à la guillotine et à la Terreur, comme beaucoup le croient ou essaient de le faire croire. La Révolution a surtout mis fin à un système injuste, au sein duquel seule une très petite part de la population (la Noblesse) s’octroyait tous les pouvoirs, toute la liberté au profit des autres (le Peuple).
On peut douter, aujourd’hui, au vu des disparités générées par notre système économique (des riches de plus en plus riches, des pauvres de plus en plus pauvres et, surtout, de plus en plus nombreux à être pauvres), que les choses se soient véritablement arrangées avec le temps, mais il n’empêche que c’était bien là l’idée première des Révolutionnaires.

La Liberté, bon sang ! Combien de ces têtes blondes savent encore ce qu’elle signifie vraiment ? Eux, pendus à longueur de journée sur les réseaux sociaux ou le nez collé à l’écran de leur téléviseur à regarder des conneries sur TF1… Et leurs parents avec eux ! En seriez-vous là, si la Révolution n’avait jamais eu lieu ? Auriez-vous vos congés payés pour partir à la montagne chaque hiver et à la plage chaque été, permettant ainsi à tous les JT de titrer sur les pauvres naufragés de la route pendant que d’autres meurent de faim et de froid dans la rue ? Pourriez-vous seulement critiquer librement cet état de fait si nous vivions toujours dans un état totalitaire ? Je rage quand je lis des tweets ou des statuts Facebook stupides, jurant que notre gouvernement actuel est une dictature… Imbéciles ! Le gouvernement est bien des choses mais une dictature… Ne serait-ce que par respect pour les gens qui vivent encore bel et bien, de nos jours, sous le joug de dictateurs ou de régimes totalitaires, TAISEZ-VOUS DONC. (Sachant que s’il vous arrivait effectivement de dire ça à une personnes parlant effectivement du gouvernement de Français Hollande en ces termes, on vous rétorquerait « Vous voyez ! Vous êtes les suppôts de la dictature en place ! » Parce que ces gens ne réfléchissent pas plus loin que le bout de leur nez et sont d’une extrême mauvaise fois.)

Bref.
L’éducation va mal. Elle va mal dans les écoles et elle va mal dans les familles.
Et parmi ces familles, voilà même que certaines n’hésitent plus à nous pondre des discours dégueulasses à propos du « mariage pour tous » et à mettre leurs enfants en première ligne, dans des situations qu’ils ne sont absolument pas en âge de comprendre par eux-mêmes. Tout ça contre un droit ! Une foutue Liberté !

Comment peut-on encore supporter l’inculture grandissante dans laquelle nous baignons de plus en plus ? Et, plus encore, cette désinvolture avec laquelle certains traitent le sujet : « Oh.. C’est comme ça. C’est l’époque qui veut ça. » Mais oui, restons là, les bras croisés, à compter le moindre de nos centimes, les nôtres, notre propriété, nous, individualistes, pas les autres, eux peuvent bien crever. Non, voyez-vous, le monde ne se construit pas ainsi. Ca n’a jamais été le cas. Même les hommes préhistoriques l’avaient déjà bien compris : un groupe est fort, l’homme seul meurt. Et un homme seul et stupide encore plus vite que les autres.

J’enrage…

Aujourd’hui, La Liberté guidant le peuple a été taguée. La Liberté salie. Malmenée. Oubliée. Un jour, ce sont des bêtises de cet ordre aussi qui finiront par nous la coûter véritablement. Petit à petit, comme grignotée par les obèses insatiables que nous sommes tous devenus ou en passe de devenir. Bravo !…

Ce geste me met en colère. Il me révolte. Et je suis d’autant plus triste qu’il se soit produit dans ma région.